Sénégal: l'opposant Sonko se dit ''séquestré'' et appelle à manifester ''massivement'' (Vidéo), heurts à Dakar

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‘’Des groupes de jeunes partisans de l'opposant sénégalais ont attaqué à coups de pierres les forces de sécurité déployées en grand nombre dans les environs du domicile de Sonko à la Cité Keur Gorgui, à Dakar’’ (Médias sénégalais)

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L'opposant sénégalais Ousmane Sonko est sorti de son silence dans la nuit de lundi à mardi pour se dire "séquestré" par les forces de sécurité et appeler ses compatriotes à se lever "comme un seul homme".

"J'appelle tous les Sénégalais à sortir massivement", a déclaré sur les réseaux sociaux M. Sonko, engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir.

"Que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple", a-t-il renchéri, parlant de la nécessité d'un "sursaut national" et d'un "mouvement de résistance national" au nom de la défense de la démocratie et des libertés.

Vidéo

Son appel survient dans un climat de tension grandissante à moins d'un an de la présidentielle et à l'approche d'un verdict attendu jeudi dans une retentissante affaire de viols présumés le mettant en cause. Plusieurs quartiers de Dakar ont été le théâtre lundi de heurts entre jeunes supporteurs de M. Sonko et forces de l'ordre. Aucun bilan humain n'a été officiellement communiqué.

‘’Des véhicules incendiés’’

Des médias et sites sénégalais ont indiqué que des groupes de jeunes partisans de l'opposant sénégalais ont attaqué à coups de pierres les forces de sécurité déployées en grand nombre dans les environs du domicile de Sonko à la Cité Keur Gorgui, à Dakar. Les manifestants ont brûlé des pneus sur un des principaux axes de la capitale et dressé des barrages de fortune dans des rues adjacentes.

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Les médias indiquent également que des véhicules ont été incendiés près de la maison de l'ancien ministre des Sports et actuel chef de cabinet du président Macky Sall, Matar Bâ, alors que les forces de l'ordre ont bloqué les rues donnant accès au domicile de Sonko.

Le site "Seneweb", a rapporté que "des leaders de l'opposition, qui se sont rendus à la Cité Keur Gorgui pour s'enquérir de la situation de Sonko, ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes".

Le média ajoute que deux bus de la société de transports "Dakar Dem Dikk" ont été incendiés, lundi après-midi, au quartier Liberté 6.

L'agence officielle de presse (APS), quant à elle, a rapporté que le journaliste Aliou Sané, membre du mouvement ''Y en marre’’ et de la coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile F24, a été arrêté, lundi à Dakar. "Il a été emmené au commissariat de police de Dieuppeul, à Dakar", ajoute le média citant son avocat, Me Moussa Sarr.

M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, populaire parmi les jeunes, est candidat déclaré à la présidentielle de 2024 mais menacé d'inéligibilité par deux affaires judiciaires. M. Sonko est accusé de viols dans l'une d'elles, dans laquelle un tribunal doit rendre son verdict jeudi. M. Sonko a toujours protesté de son innocence et crié au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle.

‘’La situation est sous contrôle’’

Le gouvernement sénégalais dément de son coté toute instrumentalisation de la justice et affirme qu'il s'agit d'une "affaire privée".

Le porte-parole du ministère sénégalais de l'Intérieur a regretté les incidents violents survenus lundi soir dans des quartiers de Dakar entre les forces de l'ordre et de jeunes partisans de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, qui connaitra son sort jeudi dans son procès pour "viols" sur une femme, en assurant que "la situation est sous contrôle sur toute l'étendue du territoire".

Dans une déclaration, lundi soir, à la chaine de télévision publique "RTS 1", le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Maham Ka, a annoncé que trois personnes ont été arrêtées en lien avec le sabotage des installations du projet Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, soulignant que la situation a été vite maitrisée et les arrestations vont se poursuivre.

Ces incidents ont lieu à quelques jours du verdict que doit rendre jeudi la chambre criminelle du tribunal de Grande instance de Dakar dans le procès contre Ousmane Sonko pour "viols présumés" et menaces de mort", sur une ancienne employée d'un salon de beauté à Dakar.

Absent à son procès et retranché dans le sud, M. Sonko a été interpellé dimanche sur la route du retour, alors qu’il menait ce qu’il appelé la ‘’Caravane de la liberté’’, une marche sur la capitale, et ramené de force à Dakar. Les forces de sécurité bloquent les accès à son domicile et M. Sonko est resté silencieux depuis dimanche matin.

M. Sonko a déclaré dans la nuit qu'il était "séquestré". "Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, on peut séquestrer un citoyen qui n'a de tort que d'être un opposant ferme et farouche au régime (du président) Macky Sall, sans aucun sous-bassement judiciaire", a-t-il demandé.