Swagg Man, le rappeur franco-tunisien devenu escroc

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Le rappeur franco-tunisien Swagg Man, de son vrai nom Iteb Zaibet, à Tunis le 11 mai 2019

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Sur les réseaux sociaux, il brûlait des billets de 500 euros. Dans la vraie, vie, le rappeur franco-tunisien Swagg Man est soupçonné d'avoir arnaqué des dizaines de fans pour au moins 1,5 million d'euros, après avoir été condamné en début de semaine dans une affaire distincte d'escroquerie.

De son vrai nom Iteb Zaibet, Swagg Man a été arrêté en juillet 2019 et placé en détention en Tunisie pour des virements suspects de plus de 6 millions d'euros, versés sur son compte tunisien depuis la Suisse. Il s'est vu infliger lundi cinq ans de prison pour blanchiment d'argent et escroquerie.

Plusieurs enquêtes sont en cours en Tunisie et en France contre cet adepte du "bling-bling", qui s'était notamment fait connaître en tatouant le logo de Louis Vuitton sur son crâne et qui menait grand train à Miami, selon ses photos publiées sur Instagram.

Originaire de Nice (sud-est de la France), cet homme de 34 ans a cultivé le mystère sur ses origines, se présentant sous le nom de Rayan Sanchez, abandonné par une mère juive tunisienne et un père brésilien, ayant vécu dans la rue. Mais des membres de sa famille ont depuis affirmé qu'il était né dans une famille franco-tunisienne.

Au début des années 2010, il crée, à coup de photos et de clips musicaux, son personnage de flambeur cynique "sous ecsta" qui a démarré comme DJ à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Il chante notamment qu'il a "trop de billets" et compte alors des centaines de milliers d'abonnés sur Instagram, YouTube et Facebook.

Dans un entretien au Monde en 2015, il se définit comme "un buzz qui dure" et affirme avoir "fait de l'argent par le Net, puis avec l'immobilier, à Miami et à Dubaï".

Un an plus tard, sur le plateau de Canal Plus, il assure que son but est de montrer que "tout le monde peut s'en sortir".

Mais ces dernières années, des témoignages de fans disant avoir été arnaqués par Swagg Man ont commencé à affluer, rassemblés par l'association française Swagg Auxilium.

Selon cette dernière, les dizaines de victimes présumées répertoriées sont surtout des fans, âgés de 13 à 35 ans, plutôt fragiles, qui s'étaient tournés vers leur idole pour lui demander comment faire fortune.

Iteb Zaibet est accusé de leur avoir fait miroiter de juteux placements. Il avait affirmé qu'il comptait construire une mosquée, un orphelinat et un hôtel avec ces fonds.

Intermédiaire 

Certains ont porté plainte mais "les escroqueries ciblaient des juridictions différentes" rendant "quasi impossible pour les services de sûreté de regrouper assez d'éléments dans le cadre de leurs enquêtes", explique Auxilium.

En 2019 et 2020, 21 victimes présumées ayant cumulé un préjudice total de 1,5 million d'euros, ont donc déposé plainte en Tunisie, a indiqué à l'AFP un de leurs avocats, Mohamed Ben Brahem. D'autres plaintes pourraient s'y ajouter, et l'instruction est achevée pour 19 plaintes.

Les sommes extorquées à des Français, Tunisiens, Algériens ou Canadiens iraient de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d'euros, a-t-il précisé.

Un procès devrait s'ouvrir sans tarder, selon le parquet de Tunis.

Selon l'avocat du rappeur, Me Mahdi Louzir, si dettes il y a, ce sont des impayés "dans le cadre de relations commerciales".

Pour ce qui est des virements suspects, il assure que ces sommes étaient destinées à acheter des machines industrielles et M. Zaibet n'était qu'un intermédiaire. Un ressortissant suisse, en fuite, a également été condamné dans cette affaire selon le parquet tunisien.

Swagg Man fait également l'objet d'un mandat d'arrêt dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en France fin 2018, notamment pour escroquerie, abus de confiance, contrefaçon, faux et usage de faux, a indiqué à l'AFP le parquet de Nanterre (centre).

Sur les réseaux sociaux, ses pages sont vides depuis un message publié en 2019 : "Si ceci est ma dernière photo, vous allez vraiment beaucoup me manquer".