Téhéran accuse Israël d'avoir saboté un centre nucléaire, et crie ''vengeance''

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Photo satellite fournie par Maxar Technologies le 28 janvier 2020 montrant le centre nucléaire de Natanz dans le centre de l'Iran

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Téhéran a accusé lundi Israël d'être derrière l'attaque contre son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, promettant une "vengeance" et une intensification de ses activités atomiques alors que des efforts diplomatiques ont lieu pour remettre sur les rails l'accord international sur le nucléaire iranien.

Plus de 24 heures après les faits, les circonstances de l'attaque, son mode opératoire, et l'étendue des dégâts causés, restaient floues.

Il s'agit "sans aucun doute possible d'un sabotage et nos systèmes de sécurité sont parvenus à (en) identifier l'origine", écrit l'agence de presse officielle Irna, sans plus de détails, en citant le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali-Akbar Saléhi.

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Localisation des sites nucléaires, réacteurs et mines d'uranium en Iran, dont l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz

Sur Twitter, Mohsen Rezaï, ancien commandant-en-chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, a fait état d'un "incendie dans les installations nucléaires de Natanz", y voyant un signe de "la gravité de l'infiltration" étrangère en Iran.

De son côté, le New York Times cite des responsables au sein des renseignements israéliens et américains selon lesquels "Israël a joué un rôle" dans ce qui s'est passé à Natanz, où, selon ces sources, "une forte explosion" aurait "totalement détruit (...) le système électrique interne alimentant les centrifugeuses qui enrichissent de l'uranium sous terre".

L'usine visée, au sein du complexe nucléaire de Natanz (centre de l'Iran), est celle là-même où Téhéran a mis en service ou commencé à tester samedi de nouvelles cascades de centrifugeuses.

"Centrifugeuses plus puissantes" 

Ces machines offrent à l'Iran la possibilité d'enrichir plus vite et en plus grande quantité de l'uranium, dans des volumes et à un degré de raffinement interdits par l'accord censé encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne. 

Dimanche, l'OIEA avait annoncé que l'usine avait subi dans la matinée un "accident", qualifié d'acte de "terrorisme", ayant entraîné une "coupure de courant" sans faire de victime ni de "pollution".

Il est encore "trop tôt" pour déterminer les dommages matériels causés par l'attaque", a déclaré lundi le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Saïd Khatibzadeh, tout en notant que des centrifugeuses dites de première génération avaient été endommagées.

M. Khatibzadeh a accusé indirectement Israël de saborder les discussions en cours à Vienne pour tenter de faire revenir Washington à l'accord international de 2015 et de lever les sanctions américaines contre Téhéran.

"La réponse de l'Iran sera la vengeance contre le régime sioniste au moment et à l'endroit opportun", a-t-il promis. 

Selon Irna, M. Saléhi a assuré que "le système électrique de secours (avait) été lancé" lundi et que "dans quelques jours, les centrifugeuses endommagées (seraient) remplacées par des centrifugeuses plus puissantes".

"Piège" 

L'agence a diffusé une vidéo du porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, intubé sur un lit d'hôpital avec une plaie au visage mais capable de s'exprimer. Il se serait fait plusieurs fractures en tombant "de quelques mètres" lors d'une visite d'inspection à Natanz après l'attaque.

Toujours selon Irna, des députés ont indiqué que le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait "insisté (...) sur la nécessité de ne pas tomber dans le piège tendu par les sionistes".

"Mais nous ne permettrons pas" qu'Israël fasse dérailler les discussions de Vienne, aurait-il déclaré lors d'une réunion à huis clos au Parlement.

Les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont dénoncé unilatéralement en 2018 l'accord international sur le nucléaire iranien, rétablissant les sanctions américaines qui avaient été levées en vertu de ce pacte. 

En riposte, l'Iran s'est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements clés limitant ses activités nucléaires qu'il avait pris à Vienne. Joe Biden, qui a succédé à M. Trump en janvier, a signalé son intention de réintégrer l'accord de Vienne.

L'Allemagne, qui participe à ces discussions, a jugé lundi que l'annonce par Téhéran de l'intensification de ses activités d'enrichissement d'uranium à Natanz n'était "pas une contribution positive" aux négociations.

"Mission énorme"  

"Toute tentative de saper les discussions en cours à Vienne doit être rejetée", a déclaré l'UE, qui coordonne ces pourparlers, plaidant pour que "les circonstances" de ce qui s'est passé à Natanz "soient clarifiées très vite".

Téhéran a toujours nié vouloir la bombe atomique, mais est accusé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de chercher à s'en doter.

Début juillet, une usine d'assemblage de centrifugeuses perfectionnées à Natanz avait été gravement endommagée par une mystérieuse explosion, un "sabotage" d'origine "terroriste", selon Téhéran.

"La lutte contre l'Iran et ses supplétifs et les efforts d'armement iraniens sont une mission énorme", a déclaré M. Netanyahu dimanche soir.

Considéré comme le seul Etat détenteur de la bombe atomique au Proche et au Moyen-Orient, Israël a détruit en 1981 le réacteur irakien d'Osirak et rasé en 2007 un site syrien qu'il soupçonnait d'abriter un réacteur nucléaire.

Fin novembre, un éminent physicien nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, avait été assassiné près de Téhéran. L'Iran a attribué cette attaque à Israël.