Téléthon mondial : 7,4 mds d'euros pour un vaccin, Washington joue solo, Oslo promet 1 milliard de $

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La Première ministre Erna Solberg à la reprise des classe

La chanteuse Madonna, Bill et Melinda Gates, des princes, un roi, des présidents et des chefs d'Etat ont participé lundi à un téléthon mondial organisé à Bruxelles pour financer la recherche et le développement d'un vaccin contre le nouveau coronavirus qui a permis de rassembler 7,4 milliards d'euros de contributions.

Les Etats-Unis ont été les grands absents de ce marathon en ligne de trois heures, avec la Russie et l'Inde.

La Norvège, à elle seule, a promis de débloquer un milliard de dollars pour soutenir la distribution dans le monde de tout vaccin développé contre le Covid-19 ainsi que pour des vaccins contre d'autres maladies, a annoncé lundi la Première ministre Erna Solberg.

L'engagement a été pris lors d'une conférence des donateurs tenue lundi par l'Union européenne pour lever 7,5 milliards d'euros (8,23 milliards de dollars) destinés au dépistage, au traitement et à la prévention des maladies respiratoires causées par le nouveau coronavirus.

La Norvège, pays non membre de l'UE, est coprésidente de l'événement en tant que donateur de longue date dans le cadre d'initiatives de santé mondiales.

"Il s'agit d'un problème mondial qui nécessite des solutions communes entre les pays, notamment en ce qui concerne la distribution, afin que tout le monde ait accès au vaccin", a déclaré Solberg à la presse avant la conférence.

Le milliard de dollars ira à l'Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), un partenariat mondial d'organisations privées et publiques axées sur la vaccination dans le monde entier, en tant que financement direct pour la période 2021-2030.

Oslo réservera également 50 millions de couronnes supplémentaires (4,8 millions de dollars) à l'OMS pour lutter contre la nouvelle pandémie de coronavirus, en plus de son financement habituel à l'organisation onusienne.

La Norvège a déjà annoncé un financement de 2,2 milliards de couronnes à la Coalition for Epidemic Preparedness Innovation (CEPI), basée à Oslo, créée pour lutter contre les épidémies émergentes en finançant le développement de nouveaux vaccins.

La Première ministre a souligné qu'il est également dans l'intérêt des pays occidentaux d'aider les pays en développement à lutter contre les coronavirus pour prévenir les problèmes à plus long terme.

"Sans le médicament et le vaccin, il y aura de plus gros revers économiques, de plus grands défis sécuritaires et environnementaux, ainsi que des défis migratoires", a-t-elle averti.

La Chine, d'où est parti le virus, s'est engagée pour 45,6 millions d'euros. L'Afrique du Sud, représentante du continent, a promis 1,1 milliard et l'Amérique latine a fait des promesses sans les chiffrer par la voix du représentant du Mexique.

La Commission européenne avait donné le coup d'envoi de ce marathon en promettant un milliard d'euros, suivie par la France et l'Allemagne, ce qui a permis de passer la barre des 2 milliards avec des contributions de 500 et 525 millions d'euros respectivement.

"Vaincre le virus" 

Un vaccin est "notre meilleure chance collective de vaincre le virus", a souligné Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

La pandémie a déjà frappé plus de 3,5 millions de personnes, dont 1,5 million en Europe, et tué près de 250.000 malades, dont 143.000 en Europe, selon les décomptes réalisés par l'AFP à partir de sources officielles.

"Nous devons développer un vaccin, le produire et le déployer dans tous les coins du monde. Et nous devons le rendre disponible à des prix abordables", a plaidé la responsable allemande.

Mais cette initiative a été contrariée par le cavalier seul des Etats-Unis. Le président Donald Trump est en conflit ouvert avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et affiche sa volonté de voir les Etats-Unis se doter d'un vaccin pour la fin de l'année.

"Le chacun pour soi est une erreur majeure", a déploré le chef de l'Etat français Emmanuel Macron. "Nous devons coopérer et non nous faire concurrence", a renchéri le roi Abdallah II de Jordanie.

L'absence de l'administration américaine, qui a minimisé lundi une conférence "parmi tant d'autres", a suscité des regrets.

L'Union européenne a répondu favorablement à une demande d'action globale. Les Etats-Unis ont refusé. Ce sont eux qui s'isolent", a déploré un responsable européen.

"Mais nous travaillons de manière très étroite avec des entités américaines très puissantes, comme la fondation de Bill et Melinda Gates qui ont une énorme puissance financière et beaucoup d'influence", a-t-il souligné. La Fondation Gates s'est engagée pour 125 millions d'euros.

Cette levée de fonds est un premier pas. "Il faudra cinq fois ce montant" pour développer et distribuer le vaccin, a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le chacun pour soi, une erreur  

La première conséquence du cavalier seul américain pourrait être une accélération des rivalités dans la course au vaccin, ce que redoutent les Européens.

"Les États-Unis espèrent gagner la guerre du vaccin et sont prêts à mettre toutes leurs forces dans la bataille", souligne Isabelle Marchais dans une note lundi de l'Institut Jacques Delors.

Plus de cent projets de recherche sont actuellement menés dans le monde, dont huit sont déjà au stade des essais cliniques aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, précise Isabelle Marchais.

Ce vaccin devra être "un bien public mondial", a insisté le président français Emmanuel Macron.

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