International
Trêve prolongée selon Hamas et Qatar
Des Palestiniens mangent dehors au milieu des destructions causées par les frappes israéliennes dans le village de Khuzaa, à l'est de Khan Yunis, près de la barrière frontalière entre Israël et le sud de la bande de Gaza, le 27 novembre 2023, pendant la trêve des combats entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo de SAID KHATIB / AFP)
Le Qatar a annoncé lundi, au dernier jour d'une trêve dans les combats à Gaza entre Israël et le Hamas, que celle-ci allait être prolongée de deux jours.
"Un accord a été conclu", a déclaré le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, sur X.
Le Hamas a ensuite confirmé qu'elle serait étendue jusqu'à jeudi 07H00 du matin (05H00 GMT), "avec les mêmes conditions que la trêve précédente".
Une trêve humanitaire de quatre jours, renouvelable, était entrée en vigueur vendredi après un accord entre Israël et le Hamas conclu sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis. Elle tenait encore lundi.
Le gouvernement israélien ést soumis à d'intenses pressions pour prolonger la trêve et permettre ainsi la libération d'un plus grand nombre d'otages, réclamée avec force par une opinion publique traumatisée par l'attaque du Hamas.
Après le président américain, Joe Biden, l'Union européenne et l'Otan ont appelé lundi à une extension de la trêve.
Un répit supplémentaire permettrait "de fournir davantage d'aide aux populations qui en ont grand besoin et d'obtenir la libération d'autres otages", selon le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.
La nuit précédente, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, avait affirmé "chercher à prolonger la trêve", dans le but "d'augmenter le nombre de prisonniers libérés". Une source proche du Hamas a précisé que le mouvement palestinien était favorable à une prolongation de "deux à quatre jours".
L'accord initial prévoyait quatre jours de trêve, l'entrée d'aide humanitaire à Gaza depuis l'Egypte, ainsi que la libération de 50 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre et de 150 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.
Une disposition de l'accord permet sa reconduction pour libérer quotidiennement une dizaine d'otages, en échange de la libération d'une trentaine de prisonniers palestiniens.
"D'autres otages relâchés"
"Des dispositions prévoient la libération de dix otages de plus chaque jour et c'est une bénédiction", avait déclaré dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après un entretien avec Joe Biden.
"Mais j'ai aussi dit au président que nous allons, après l'accord, retourner à notre objectif: éliminer le Hamas et nous assurer que la bande de Gaza ne soit plus ce qu'elle était", a ajouté M. Netanyahu, qui doit demander lundi au gouvernement un budget "de guerre" de 30 milliards de shekels (7 milliards de dollars),
Le président américain a affirmé dimanche que son objectif était "de faire en sorte que cette pause se poursuive au-delà de demain, afin que nous puissions voir d'autres otages relâchés et plus d'aide humanitaire" acheminée dans la bande de Gaza.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a de son côté réclamé lundi une trêve "durable" en vue de travailler sur une "solution politique" au conflit.
"Rien ne peut justifier la brutalité aveugle avec laquelle le Hamas s'est déchaîné contre des civils le 7 octobre. Mais une horreur ne peut pas justifier une autre horreur", a-t-il affirmé.
Alors que de nouvelles libérations d'otages et de prisonniers étaient attendues lundi, une source proche des discussions au Qatar a fait état d'"un léger problème avec les listes" des deux côtés. "Les Qataris travaillent avec les deux côtés pour le résoudre et éviter les retards", selon cette source.
Depuis vendredi, 39 otages israéliens ont été libérés dans le cadre de l'accord, ainsi que 117 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, selon un ratio d'un otage pour trois prisonniers.
En outre, 19 otages ont été libérés hors accord, en majorité des Thaïlandais qui travaillaient en Israël.
Près de 15 mille gazaouis tués
Dans la bande de Gaza, 14.854 personnes, dont 6.150 enfants et plus de 4 mille femmes, ont été tuées par des bombardements aveugles israéliens.
En Cisjordanie occupée, des foules brandissant des drapeaux palestiniens, du Hamas et d'autres groupes palestiniens ont accueilli dimanche les prisonniers libérés, transportés à Ramallah et Beitunia dans des autocars du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
"Je suis triste pour nos martyrs et heureux de la victoire obtenue par notre résistance", a déclaré à Beitunia Yazan Sabah, un jeune prisonnier libéré.
Selon les autorités israéliennes, 1.200 personnes sont mortes lors de l'attaque lancée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis la bande de Gaza.
L'armée a estimé à 240 le nombre total d'otages enlevés le 7 octobre.
Des besoins "sans précédent"
Depuis vendredi, plusieurs camions d'aide ont pu entrer dans la bande de Gaza, via l'Egypte, et une partie d'entre eux ont gagné le nord, la partie du territoire la plus dévastée par la guerre.
Si la trêve a offert un répit à la population, les besoins sont "sans précédent" dans le territoire, où "200 camions par jour pendant au moins deux mois" seraient nécessaires, a estimé dimanche l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
Déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007, le petit territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre par Israël en état de siège total, qui a provoqué de graves pénuries d'eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d'électricité.
Plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l'ONU, et 1,7 million des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés.
Lundi, deux experts de l'ONU en droits humains ont demandé l'ouverture d'enquêtes indépendantes "rapides, transparentes et indépendantes", sur les "allégations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité" par toutes les parties depuis le 7 octobre. (Quid avec AFP)