Turquie-Russie : un couple tumultueux - Dr Samir Belahsen

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Poutine et Erdogan, une rivalité complice, tant que…

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L'histoire du couple a toujours été tumultueuse depuis le mariage de Sophie Paléologue avec le tsar Ivan III en 1472. 

Les rapports du couple ont toujours été complexes et intéressés.

C’est Sophie qui avait apporté comme dot de mariage le blason de l'Empire byzantin, l'aigle à deux têtes des Hittites, qui est toujours l’emblème national. 

Il y a eu Onze confrontations entre l'Empire russe et l'Empire ottoman, entre le XVIème et le XXème siècle. Les historiens  parlent de guerres russo-turques. Tous ces affrontements ont eu pour cause la volonté des deux Empires de dominer les Balkans.

Ces guerres ont contribué à affaiblir l'Empire ottoman qui a vu son territoire se réduire au profit de l'Empire russe. 

Les guerres russo-turques ne vont finir qu’avec  la dissolution de l'Empire ottoman à l'issue de la Première Guerre mondiale en 1918. L'Empire russe donnera lui naissance à la Russie soviétique.

La Russie soviétique et la Turquie Kémaliste vont signer un traité d’amitié en 1925. La Turquie sera l'un des rares pays à s'opposer à l’isolement de l'Union soviétique. 

Dans les années 1930, ils vont réprimer ensemble les nationalistes kurdes et arméniens unis. En 1936, les deux États se lient à la convention de Montreux. 

La neutralité de la Turquie pendant la Seconde Guerre mondiale lui sera longtemps reprochée par les alliés mais surtout par la Russie. On raconte que Staline ne l’a jamais pardonné.

Pendant la guerre froide, la Turquie était considérée en URSS comme adversaire idéologique bien identifié.  Avec la Russie de Poutine, Ankara a établi une coopération politique, économique et militaire renforcée malgré les rivalités régionales de l’autre ou les deux nations soutiennent encore, des camps opposés.

Au cours de ces dernières années, la politique étrangère de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan n’arrête pas de surprendre. 

En Syrie, en Libye au Qatar, au  Haut-Karabakh ou encore en Méditerranée orientale, elle est même perçue comme interventionniste, presque agressive. Les tensions sont multiples entre Ankara d’un côté, Washington et l’OTAN de l’autre. 

Les fans idéologiques d’Erdogan jubilent, ses ennemis le suspectent…

En optant pour une position de médiateur neutre dans le conflit en Ukraine entre Kiev et Moscou, Ankara mise gros. 

Les échanges commerciaux entre les deux nations sont stratégiques : la Turquie est dépendante de Moscou pour ses besoins énergétiques ( gaz et nucléaire). Le tourisme Russe a contribué à l’évolution du secteur en Turquie.

Depuis l’achat par Ankara en 2017 de systèmes de défense antiaérienne S-400 auprès de Moscou, les États-Unis ont exclu la participation de la Turquie du programme de construction du F-35 puis ont interdit toute exportation d’armes à la Turquie. 

Dans le rôle de médiateur « neutre », la grande réalisation de la diplomatie Turque était l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes qui a permis le transport de près de 33 millions de tonnes de céréales destinées aux marchés mondiaux. 

Lundi, le Kremlin a confirmé sa non prorogation en précisant que la Russie sera prête à y revenir "immédiatement" quand ses conditions seront remplies. Erdogan qui était confiant dans la volonté du Maitre du kremlin de proroger s’est trouvé exposé à des critiques diverses de tous les côtés ; certains commentaires sur RT parlent de trahison de l’ami Turque…

C’est dire que la neutralité active, l’ambivalence, c’est toujours compliqué dans la vie d’un couple.