Ukraine : Poutine et Xi discutent du plan de paix chinois, Washington ''pas dupe''

5437685854_d630fceaff_b-

Photo d'archives prise le 6 juin 2019, le président russe Vladimir Poutine (G) et le président chinois Xi Jinping assistent à une cérémonie de remise à Xi d'un diplôme de l'Université d'État de Saint-Pétersbourg

1
Partager :

Vladimir Poutine a salué lundi la position "équilibrée" de Xi Jinping sur l'Ukraine et dit considérer "avec respect" le plan de paix de Pékin, au début d'une visite du président chinois à Moscou scellant leur proximité face à l'Occident.

Alors que la visite d'Etat de trois jours M. Xi en Russie a des allures d'appui à M. Poutine, les Etats-Unis et l'Union européenne ont de leur côté manifesté leur soutien à Kiev en annonçant une nouvelle aide militaire.

Et le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé "le monde à ne pas être dupe" des propositions de la Chine pour régler le conflit en Ukraine qui, depuis l'offensive russe massive de février 2022, a entraîné un rapprochement entre Moscou et Pékin.

La Chine, qui revendique une influence diplomatique à la hauteur du poids de son économie, se pose en médiateur et a rendu public le mois dernier un document appelant notamment Moscou et Kiev à s'investir dans des pourparlers de paix.

"Nous sommes toujours ouverts à un processus de négociations. Nous discuterons sans aucun doute de toutes ces questions, y compris de vos initiatives, que nous traitons avec respect", a déclaré M. Poutine au début de son entretien avec M. Xi au Kremlin.

"Je sais que vous (...) avez une position juste et équilibrée sur les questions internationales les plus pressantes", a-t-il ajouté.

Le président chinois a, quant à lui, salué les "relations étroites" entre Pékin et Moscou, selon la traduction officielle en russe de ses propos.

Dans un article paru dans un journal russe, Xi Jinping avait présenté son déplacement en Russie comme un "voyage d'amitié, de coopération et de paix".

Pour M. Poutine, la visite de M. Xi est d'autant plus importante qu'il est de plus en plus isolé en Occident et visé depuis la semaine dernière par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale.

A l'issue de leur tête-à-tête "informel" de lundi -qui a duré quatre heures et demie-, le chef de l'Etat russe a raccompagné son hôte hors du Kremlin.

Ils auront mardi des discussions plus officielles avec la signature attendue d'accords devant approfondir la coopération russo-chinoise, en particulier dans la sphère économique.

Munitions à l'Ukraine

Si la Chine, forte de son rôle dans la récente réconciliation entre l'Arabie saoudite et l'Iran, met en avant ses propositions en vue d'un règlement de la situation en Ukraine, les pays occidentaux sont plus que réticents à lui laisser jouer ce rôle.

Les Etats-Unis, qui accusent les autorités chinoises d'envisager de livrer des armes à la Russie, ce qu'elles démentent fermement, ont ainsi critiqué lundi le plan de paix de Pékin.

"Le monde ne doit pas être dupe face à toute décision tactique de la Russie, soutenue par la Chine ou tout autre pays, de geler le conflit selon ses propres conditions", a lancé M. Blinken devant la presse.

Pour sa part, Kiev, qui joue la prudence avec le géant chinois, a exhorté lundi M. Xi à "user de son influence sur Moscou pour qu'il mette fin à la guerre d'agression".

Comme pour signifier l’escalade de son soutien à l'Ukraine face à l'appui de Pékin à Moscou, l'Union européenne a dit lundi avoir débloqué deux milliards d'euros pour acheter et livrer des munitions d'artillerie à l'armée ukrainienne.

Dans la foulée, Washington a annoncé une nouvelle tranche d'aide, de 350 millions de dollars, et assuré Kiev de son soutien "aussi longtemps que nécessaire".

Au-delà de l'Ukraine, ce sommet est destiné à afficher l'entente entre la Russie et la Chine, au moment où ces deux pays connaissent de vives tensions avec les Occidentaux, même si Moscou semble plus dépendant de Pékin que l'inverse.

Dans un article publié par un quotidien chinois, M. Poutine, qui a plus que jamais besoin de cette proximité avec Pékin, a jugé que les relations russo-chinoises avaient "atteint le point culminant de leur histoire".

Dépendance économique 

La diplomatie chinoise a à cet égard appelé lundi la Cour pénale internationale, dont le siège est à La Haye (Pays-Bas), à éviter toute "politisation" et à respecter l'immunité des chefs d'Etat.

Moscou a pour sa part réagi au mandat d'arrêt émis par cette juridiction contre M. Poutine en annonçant lundi une enquête pénale contre plusieurs magistrats de la CPI.

En signe de défiance, M. Poutine s'était rendu ce week-end à Marioupol, une ville ukrainienne dévastée par les bombardements russes.

Mais au-delà d'un appui diplomatique, la visite de M. Xi a aussi une importance sur le plan économique pour la Russie, qui a massivement réorienté son économie vers la Chine face aux sanctions occidentales liées au conflit en Ukraine.

Elle a notamment augmenté ses exportations d'hydrocarbures vers les géants asiatiques pour compenser les embargos européens. Ce qui la rend de plus en plus dépendante vis-à-vis de Pékin, d'après les analystes.

Sur le terrain des opérations militaires dans l'est de l'Ukraine, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé lundi que ses hommes contrôlaient "environ 70%" de la ville de Bakhmout, théâtre d'intenses combats depuis l'été dernier.

Il a aussi dit s'attendre pour fin mars-début avril à une contre-offensive de l'armée ukrainienne destinée selon lui à "couper les unités de Wagner des forces principales de l'armée russe". (Quid avec AFP)