47ème session de l’Académie du Royaume : La Méditerranée comme horizon de pensée

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L’Académie du Royaume du Maroc entend contribuer à la réflexion approfondie et plurielle que suscitent le passé, le présent et le devenir de la Méditerranée. Sa 47e session, prévue du 24 au 27 mai 2022 à Rabat, lui sera consacrée.

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Berceau et dépositaire d’une histoire multimillénaire marquée par l’émergence, le fa- çonnement et le rayonnement de cultures et de civilisations faisant partie intégrante du patrimoine de l’humanité, le bassin méditerranéen et l’espace que baignent ses eaux, est aujourd’hui au centre d’interrogations fondamentales dans le contexte global d’une scène internationale secouée par toutes sortes de mutations structurelles.

Les bouleversements en cours suscitent de multiples questionnements d’ordre aussi bien politique, diplomatique, économique, culturel, et sécuritaire qu’en termes d’identités, de « représentations » croisées et de concepts susceptibles de conférer davantage d’intelligibilité aux dynamiques à l’œuvre dans cette partie du monde en ces deux premières décennies du XXIe siècle.

L’Académie du Royaume du Maroc entend contribuer à la réflexion approfondie et plurielle que suscitent le passé, le présent et le devenir de la Méditerranée. Sa 47e session, prévue du 24 au 27 mai 2022, lui sera consacrée. Et ce dans le cadre de l’attention particulière qu’elle porte à la Méditerranée, per se et en tant que l’un des principaux « affluents » de la civilisation marocaine tel que le spécifie solennellement le Préambule de la Constitution du Royaume.

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Aujourd’hui, les peuples de la Méditerranée sont témoins de nouveaux positionnements des grandes puissances. Un recul relatif de l’Europe occidentale - due en partie au Brexit-, la montée de courants souverainistes au sein de l’Union Européenne (U.E), le rôle accru de la Chine et des autres pays du groupe dit BRICS sur la scène mondiale en sont les caractéristiques les plus saillantes.

Prenant en compte l’environnement international et son actualité, y compris la plus brûlante, la réflexion ainsi proposée portera aussi, de toute évidence, sur les interactions avec les cultures européennes, asiatiques, africaines et autres avec le souci et la volonté d’œuvrer dans un sens favorisant les opportunités de coopération et de rencontres, et, le cas échéant, de croisements entre les cultures, les peuples et les communautés de la Méditerranée et, au-delà de celle-ci, du monde.

De tout temps, l’espace méditerranéen a été et demeure régi par des ‘’représentations’’ opposées, forgées sur la très longue durée entendue en termes de millénaires marqués par des phases de conflits d’envergue variable et des périodes d’échanges plus pacifiques de toutes natures.

Aujourd’hui, les peuples de la Méditerranée sont témoins de nouveaux positionnements des grandes puissances. Un recul relatif de l’Europe occidentale - due en partie au Brexit-, la montée de courants souverainistes au sein de l’Union Européenne (U.E), le rôle accru de la Chine et des autres pays du groupe dit BRICS sur la scène mondiale en sont les caractéristiques les plus saillantes. La situation dans le pourtour oriental du bassin méditerranéen est, quant à elle, chaotique ici et là en raison de guerres civiles, de la fail- lite d’Etats, des mouvements migratoires et des drames auxquels ces bouleversements donnent lieu.

Se focalisant souvent pour des raisons de politique intérieure sur l’immigration, le sou- ci de la tarir en amont, et de verrouiller les frontières extérieures de l’U.E. à une époque où l’humanité devient de plus en plus connectée, les Etats membres de l’espace Schengen essaient de mettre en place des « politiques de voisinage » et des projets de partena- riats pour assurer la stabilité et la sécurité de leur flanc sud et est. Ils en font l’un de leurs principaux choix stratégiques et s’efforcent de coordonner leurs options respectives. Le dispositif dit « Frontex » est l’un de leurs instruments en la matière.

Au vu de telles mesures, il est possible de s’interroger non seulement sur leur degré de leur concordance avec « l’esprit méditerranéen » et la vision ayant inspiré, par exemple, la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM) et le choix de son siège (Barcelone) ainsi que celui des Secrétaires généraux successifs de cette instance, mais aussi les as- pirations des hommes et des femmes de tout le pourtour méditerranéen. Attentifs à l’histoire commune et aux réalités du présent, les uns et les autres demeurent animés par le sens d’appartenance à une même aire géographique et culturelle dans laquelle les civilisations, parfois plus que millénaires, se sont fécondées et enrichies de leurs apports respectifs. Malgré tous les obstacles, les tentations de repli identitaire, voire d’isolement et de fermeture, de telles interactions se poursuivent aujourd’hui et portent la marque de brassages accrus.

De cet état de fait témoignent des mouvements de plusieurs tranches d’âges et de catégories sociales, culturelles et professionnelles. Tel est le cas des dynamiques dans laquelle s’illustrent des jeunes, des femmes, des intellectuels, des créateurs, des acteurs associatifs et des entrepreneurs qui ne désarment pas. Les uns et les autres vont de l’avant et sont partie prenante dans de multiples manifestations culturelles, artistiques et autres qu’ils dénomment symboliquement « méditerranéennes ». Les festivals, les expositions et les jumelages des villes en sont autant d’illustrations, d’occasions de communication di- recte, d’échanges et d’interactions. Ils contribuent ce faisant à maintenir vivace le sens d’une « Mare Nostrum» partagée et sans exclusive.

L’intensité de ces mouvements fait que l’espace méditerranéen, en tant qu’ob- jet d’analyse et horizon de réflexion renouvelable, est en train d’ébranler les discours classiques et les stéréotypes. Face aux contradictions de la politique et à ses résultats égocentrés et limités, la culture, la pensée et les arts connaissent a contrario une mobilité constante, un jaillissement continu de l’imaginaire, une expression permanente de l’altéri- té. En sont révélatrices les nombreuses manifestations organisées sur les deux rives de la Méditerranée et la mobilité liée aux échanges commerciaux, au tourisme, à la migration, et aux actions associatives ….

Ces initiatives et ces activités s’inscrivent manifestement dans un processus protéi- forme d’ouverture sur l’autre, de dialogue, de créativité, d’inter-connaissance, d’entente et, fondamentalement, de quête de concorde et de paix. De par leur l’importance, elles incitent à interroger leurs contenus, à analyser les réalisations concrètes, à cerner leurs as- pects et à comprendre leur impact sur l’esprit, les goûts, les modes de vie, les modalités de communication, et in fine leur contribution à la préservation de l’esprit méditerranéen.

De par la géographie et sa position privilégiée et stratégique à la croisée de l’Atlantique et de la Méditerranée, au nord de l’Afrique, et n’étant séparé de l’Europe que par un mince détroit qui porte le nom de l’un de ses hommes ayant pesé sur le cours de l’histoire, le Maroc, carrefour marqué par la diversité ethno - culturelle de son peuple, entretient depuis toujours une relation vitale et dynamique avec son environnement mé- diterranéen et le reste du vaste monde.

Point de jonction entre deux mers et deux continents, le Royaume du Maroc a consti- tué sans discontinuer une zone de transit, de rencontre et d’accueil de plusieurs groupes de populations en quête à de paix, de stabilité et de meilleures conditions de vie. Tout au long de son histoire il a joué des rôles de première importance dans la circulation des idées, des cultures et des arts entre les deux rives de la Méditerranée. C’est donc naturellement qu’au début de ce millénaire, l’Etat marocain s’est attaché à impulser sys- tématiquement sa vocation méditerranéenne. En témoignent ses choix stratégiques et les projets structurants qu’il a lancés à cet effet et concrétisés dans la cadre d’une vision globale ouverte sur l’espace méditerranéen, l’Afrique, et le reste du monde avec toutes les interactions que cela implique en termes de culture et de civilisation.

C’est en se fondant sur toutes ces données et les enjeux et les défis qui leur sont liés que l’Académie du Royaume du Maroc, a programmé sa 47e session. A l’instar de la philosophie ayant présidé au cours de ces toutes dernières années aux choix des thèmes et déroulés des sessions dédiées à l’Afrique, l’Amérique latine, et l’Asie, il s’agit en l’occurrence d’une invitation à une réflexion et des échanges féconds sur les réalités de la Méditerranée au présent et l’esquisse des perspectives de partage, d’entente, et de coopération multilatérale et bilatérale entre les peuples et les nations de cette partie du monde qui a tant apporté à l’humanité et continue, contre vents et marées, de tenir la place qui est la sienne sur la scène internationale.

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