National
Le ralliement (actualisé)
Lorsque Abderahman El Youssoufi a ?t? d?barqu? de la ?Primature, sans que cela n'est amen?? les ministres issus de son parti, l'USFP, ? quitter le gouvernement; un ph?nom?ne, qui va au-del? de la fin de l'alternance, venait de se produire. Il se prolonge encore sans f?conder v?ritablement d'une nouvelle perspective ni d'un syst?me de substitution en d?pit du 20 f?vrier et malgr? l'adoption quasi unanime de la nouvelle constitution. Une phase marqu?e, toutefois, par l'?mergence d'une ?lite aux contours politiques incertains et aux strat?gies approximatives. En paraphrasant Antonio Gramsci cette situation ressemblerait ? un vieux monde qui se meurt, quand le nouveau tarde ? appara?tre et dans le clair-obscur surgissent les monstres. Sous d'autres cieux c'est le temps d?s loup-garou et des revanches sataniques. Dans notre mythologie ce temps s'appelle le "bouglib" ce qui signifierait approximativement le "renversant". Il correspond ? la peur et l'angoisse ressenties par certains individus dans cette phase de la journ?e ou la nuit arrache encore les derni?res lumi?res au couch? du soleil. C'est le temps o? se dessine, ? reflets vibrants, les ombres qui faisaient croire aux esprits et autres djinns. Pour ?chapper ? cette peur et apaiser cet effroi; il fallait prolonger l'insomnie? jusqu'au moment o? la lumi?re de l'aurore viendrait ?carquiller les t?n?bres de la nuit. Les "h?llalas" perch?s du haut des minarets ne pouvaient apaiser ni la souffrance des malades ni les g?missements des veuves ?plor?s et encore moins d'assurer la s?curit? et la qui?tude aux autres.
Ces propos conduisent in?luctablement, lorsqu'ils sont transvas?s au c?ur de la situation politique actuelle, ? se demander pourquoi- jusqu'? pr?sent- la crise se perp?tue t elle sous des formes nouvelles, alors que d'aucuns ne remet plus en cause les fondamentaux de notre syst?me politique! Comment, sous des vocables nouveaux e n est-on arriv? ? engranger un discours insidieux, par des leaders mal compris jusqu'? dans leur propre camp, sans perspective ni adresse! Et pourquoi sommes-nous toujours ? l'aff?t de soubresauts qui emp?chent le d?bat autour des questions de soci?t? pour ne faire place qu'? la pol?mique la plus st?rilisante et la plus affligeante.
Le comportement politique du gouvernement d'alternance n'?tait ni perceptible ni v?rifi? dans la pratique par manque de rupture avec les pratiques gouvernementales ant?rieures. Les observateurs les plus avertis ont perdu leur enthousiasme et leur impudence. C'est le moment, ou, des groupuscules confront?s ? des alliances contre nature ont r?agi d'un point de vue "militant" mais aussi "opportuniste" en se d?fiant de la mystique de la gauche et en se convertissant en m?me temps comme support d'ob?diences et de la trame s?curitaire de l'Etat mais aussi, et paradoxalement que ca puisse appara?tre, de son adversaire ? la fulgurante ascension qu'est l'islamisme. Dans tous les cas de figure il n'y a, de leur part, aucune r?pugnance ? collaborer avec la face obscure de ce syst?me ni ? promouvoir les "obscurantistes" sur les podiums ?lectoraux. Le rapport du cinquantenaire a ?t? une occasion inesp?r?e pour s'affirmer comme force d'analyse de propositions et de pr?visions en toutes mati?res au moment o? la koutla au gouvernement peinait ? trouver de la mati?re ? r?former. Avec l'instance ?quit? et r?conciliation? les jeux ?taient faits et les militants incr?dules de l'USFP assistaient ? cette grande messe politico judiciaire o? ils avaient, ? peine, droit qu'aux strapontins. En d?pit du fait qu'ils ont constitu?, sans doute, le gros du cort?ge des victimes des ann?es de plomb -sans que cela ne devrait ?tre d?terminant lorsqu'il s'agit? de r?parer des injustices - le parti de Mehdi Ben Barka s'accommodait au confort des maroquins minist?riels et savourait les d?lices que procurent les arcanes du pouvoir oubliant qu'il s'agit, en l'esp?ce, d'abord et avant tout d'un parti militant, toujours ? la recherche de la v?rit? sur son leader disparu ! L'incarnation de la r?forme et de l'innovation avait chang? de camp et tout ce qui est arriv? comme d?boires ? l'USFP comme au parti de l'Istiqlal par la suite, n'?taient nullement le fruit ni du hasard ni celui du complot. Depuis leur arriv?e aux affaires, nombreuses ont ?t? les occasions de clarification et d'?laboration tendant ?? ?largir et red?finir les pactes les liant aux devenir de l'Etat et de la monarchie. Mais rien de cela n'a ?t? fait, m?me, ? l'occasion de l'?laboration du texte constitutionnel. Les d?rapages, n?s avant et apr?s le 20 f?vrier ont favoris? ?galement la rupture historique qu'ils incarnaient depuis des d?cades avec le pouvoir dans une relation tribunicienne. Ils ont p?ch? par manque de vigilance et de professionnalisme devant les arguties incarn?es durant les diff?rentes ?tapes de l'?laboration de la constitution. Ce n'est pourtant? l? qu'un aspect, parmi les plus visibles, du probl?me. L'exp?rimentation de nouvelles perceptions, de communications et de participations au jeu du pouvoir pour int?ressantes qu'elles furent n'a pas pu s'imposer en tant que projet global de soci?t?. L'exp?rience du mouvement de tous les d?mocrates aurait pu devenir un grand forum d'id?es et de d?bats sans exclusif ni contingences si elle n'avait pas ob?i ? un bachotage de ses diff?rentes composantes. Lorsque le MTD s'est transform? en parti politique, de nombreuses erreurs de casting sont venus handicaper son ?lan. Et ce n'?tait? ni probant ni judicieux, de n'avoir pour seul id?ologie, que de vouloir d?truire une formation politique juste parce qu'elle pr?ne la religion, comme r?f?rence initiatique, lorsque l'Etat, lui m?me, se d?finit en tant que tel. Pas plus qu'il n'?tait efficient de r?unir, en son sein, aussi bien des militants d'extr?me gauche que des notables, des coteries, des bandes ou d'absorber des petites formations politiques sans envergure ni impact. Jusqu'? maintenant, il n'a ?t? enclin qu'? favoriser son redoutable adversaire sur le plan ?lectoral et se chercher une place sur l'?chiquier politique .Pour cette raison, il est difficile-tant qu'il est travers? par des courants contradictoires- de le voir s'?panouir et se hisser au rang de parti de gouvernement. En revanche, son adversaire: le PJD ,en d?pit du fait qu'il soit aux affaires depuis presque cinq ans, reste toujours soumis ? de redoutables appr?hensions n?es d? printemps arabe et de ses d?sastreuses cons?quences sur les pays arabes et musulmans. Dans son processus de d?veloppement, le PJD caracole entre une double tare cong?nitale; celle qui tente de compacter un dogme ? une population dont l'attribut essentiel est d?j? l'islam depuis plus de quatorze si?cles et le r?le qu'il? voudrait s'attribuer dans un processus d?mocratique ?vident aujourd'hui, mais auquel il ne pouvait pas participer tout simplement? parce qu'il n'existait pas encore. Le d?ficit politique ?vident? du PJD ? l'?preuve du pouvoir est sans rapport avec la rigueur organisationnelle dont il fait montre. La gestion de l'Etat devrait faire la part des choses et du feu. Le chef du gouvernement n'est pas aujourd'hui que le premier ministre ? la charge duquel revient la coordination de l'action gouvernemental, il est le d?tenteur de r?els pouvoirs et de pr?rogatives constitutionnelles de premier plan. D?roger ? cette r?gle sous n'importe quelle excuse c'est faillir ? son devoir. Personne d'autre que son parti et lui m?me, ne seront soumis au verdict des urnes. Pour cela, il est n?cessaire que le programme de son parti ne se contente pas au seul v?u de voir dispara?tre le PAM ? l'aune des ?lections l?gislatives du 7 octobre prochain, ni de faire de la pol?mique un programme ou une strat?gie de gouvernement. En fait le processus qui a conduit ? l'?mergence de ses deux formations dominantes souffre dans un syst?me monarchique ancestral d'un d?ficit? d'historicit?.? S'ils peinent? ? se substituer? aux grandes formations qu'?taient l'USFP et l'Istiqlal ils n'arrivent pas non plus ?? s'attribuer le r?le qui ?tait voulu au?mouvement national d?mocratique. ? l'?vidence, ce dernier, ne peut? venir se fracasser ni sur l'autel du bon vouloir d'un anarco-tribalisme habill? de gauchisme, ni de c?der au dictat de la procuration de substituts auto proclam?s au nom de la religion. Le 20 f?vrier 2011 n'a pas ?t? une r?volution; il est toujours temps d'en faire un nouveau pacte de ralliement autour de la monarchie. .*Ancien Ambassadeur, ancien Secr?taire G?n?ral du Parlement