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A l’assemblée constitutive de la Fondation Ali Yata, le retour en grâce de Benabdallah
Seul le défunt Ali Yata pouvait réunir tout à la fois le chef de gouvernement sortant, celui tout nouvellement désigné, un conseiller royal, deux anciens premiers secrétaires de l’USFP, la leader de la gauche de la gauche et le président de la chambre des conseillers et membre fondateur du PAM
Seul le défunt Ali Yata pouvait réunir tout à la fois le chef de gouvernement sortant, Abdelilah Benkirane, celui tout nouvellement désigné Saadeddine El Othmani, un conseiller royal, Abdellatif Mennouni, deux anciens premiers secrétaires de l’USFP, Mohamed El Yazghi et Abdelouahad Radi, la leader de la gauche de la gauche, Nabila Mounib, le président de la chambre des conseillers et membre fondateur du Parti Authenticité et Modernité Hakim Benchemass et tous les anciens communistes qui continuent de parler au présent de « Si » Ali.
L’assemblée générale constitutive de la Fondation Ali Yata, vendredi 24 mars au siège flambant neuf du parti, à Rabat, a été en ce sens un événement politique, rassemblant certes le peuple de gauche mais aussi des femmes et des hommes d’horizons divers voire antagonistes. A l’image de ce que fut le fondateur du parti communiste marocain. Ce que n’a pas manqué de rappeler le roi Mohammed VI dans la lettre qu’il a adressée à ceux et celles du PPS et qui a été lue par le conseiller royal Abdellatif Mennouni. Ali Yata, a fait valoir la lettre royale, était « porteur d’une approche singulière de l’engagement politique, se fondant sur la contribution responsable au travail institutionnel constructif et sur la prééminence à donner à l’intérêt national suprême par rapport à toute autre considération, loin des surenchères stériles ».
Une assemblée constitutive qui a des allures de rentrée politique, à quelques jours de la formation du futur gouvernement El Othmani -en tout cas le personnel politique croise les doigts. En ces temps de sortie de crise, l’héritage légué par Ali Yata n’a jamais été aussi vivace. Le leader disparu, souvent qualifié par ses alliés et ses adversaires de « pompier de la koutkla », a été l’un des principaux artisans de l’alternance consensuelle. En digne héritier, Nabil Benabdallah a joué le rôle de facilitateur, tentant de rapprocher les points de vue d’un certain Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch, éteignant les feux allumés tant par l’ancien chef de gouvernement que par le patron de l’USFP, Driss Lachgar. Formé à l’école Yata, le SG du PPS , un parti qui continuera de faire partie de l’aventure gouvernementale, a tenté aussi de rapprocher les anciens communistes des islamistes. Au nom d’un consensus que beaucoup n’ont pas compris mais qui sera adopté 5 ans plus tard par la direction de l’USFP plus que jamais accrochée aux lambris du pouvoir.
Le message royal à l’occasion de la constitution de la Fondation Ali Yata marque aussi le retour en grâce du camarade Nabil Benabdallah qui, il y a quelques mois, avait fait l’objet d’un communiqué cinglant du cabinet royal. Ceux qui avaient parié sur sa mort politique l’ont vu vendredi en maître de cérémonie d’un événement politique ayant bénéficié du haut patronage du Souverain.
« Ali Yata était un pédagogue. Il appréhendait les problèmes et les causes avec tout son sens de la pédagogie, » dira N. Benabdallah du haut de la tribune en reprenant les mots de Hassan II que cite Abdelouahad Radi dans son ouvrage « Le Maroc que j’ai vécu ». Une pédagogie qui ne cesse jamais et dont l’actuel leader du PPS a décidé de porter le flambeau.