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Après avoir fait campagne contre les islamistes, l’USFP veut gouverner sous leurs ordres
A la dérive, l’USFP serait-elle en train de gommer toute son identité de gauche et de renier toutes les valeurs universelles liées au socialisme ?
Ce n’est plus un appel du pied mais une offre de service en bonne et due forme. La direction de l’USFP a fait son choix, celui de la participation au gouvernement conduit par Abdalilah Benkirane. Tout au long de la semaine, les socialistes n’ont eu cesse à multiplier les gages de bonne volonté en direction des islamistes. La candidature plus ou moins proclamée au perchoir de Habib El Malki, le président de la commission administrative du parti de la Rose a été l’un des tous premiers signaux du désir de l’Union socialiste des forces populaires de basculer dans la majorité. La réunion du bureau politique de l’USFP avec les membres du comité exécutif de l’Istiqlal a enfoncé le clou de la participation. Les usfpéistes sont désormais remorqués aux istiqlaliens, prêts à siéger au gouvernement. Enfin, la déclaration de Driss Lachgar faite au terme de sa rencontre avec Abdalilah Benkirane dans le cadre des tractations pour la formation du nouvel Exécutif ne laisse plus de place au doute. « Notre parti facilitera la tâche au chef de gouvernement » a en effet déclaré le Premier secrétaire de l’USFP à la presse. « La chose est désormais entendue. Les socialistes marocains, ceux-là même qui n’ont obtenu que 20 sièges aux législatives du 7 octobre ne rêvent que de portefeuilles ministériels. Peu leur importe qu’ils aient connu une défaite cuisante aux élections. Ils ne sont pas dans l’évaluation et encore moins l’autocritique. Lachgar et El Malki sont persuadés que l’USFP ne pourra se reconstruire que dans le pouvoir et non pas dans l’opposition. Ils ne reconnaitront jamais leur responsabilité dans ce qu’est devenu le parti, c'est-à-dire l’ombre de lui-même. C’est complètement kafkaïen ! », s’exclame un Ittihadi qui a connu les jours heureux de l’alternance.
Les militants usfpéistes ont du mal à y croire. L’option d’une participation dans un gouvernement conduit par les islamistes relève à leurs yeux d’une hérésie. Lutter contre l’obscurantisme et les idées rétrogrades portées par le PJD est, affirme ce membre de la commission administrative, inscrit dans l’ADN des héritiers de Mehdi Benbarka, Abderrahim Bouabid, Omar Benjelloun et Abderrahmane Youssoufi.
Mais que s’est-il donc passé pour que la direction de l’Union socialiste des forces populaires tourne casaque au point de trahir un idéal et des valeurs défendus tout au long de la dernière campagne électorale ? Petite piqûre de rappel de ce socialiste de la première heure. « Au premier meeting électoral organisé à Meknès dans le quartier de Hamria, le premier secrétaire Driss Lachgar a appelé les Marocains "à voter pour le changement et à trancher entre deux projets sociétaux diamétralement opposés: le projet de progrès, de démocratie et de liberté et le projet rétrograde et obscurantiste qui constitue le grand danger auquel actuellement fait face la société marocaine et qui risque d’effriter sa cohésion". Le premier des usfpéistes est même allé plus loin dans sa position anti-PJD en martelant ce jour-là devant son auditoire que "tout vote en faveur de ces gens-là va nous condamner à revivre une fois de plus les affres des années de plomb. Que chaque citoyen assume ses responsabilités".
Propos électoralistes d’un leader qui, il y a quelques jours à peine affirmait haut et fort à propos des islamistes du PJD que "le temps est venu de mettre à nu ces gens qui poussent les Marocains au désespoir" ? Pour cette militante qui avait très tôt rejoint le camp Zaïdi, c’est surtout une absence totale de conviction. « L’USFP avait placé son passage à l’opposition sous le signe du combat pour la démocratie et la lutte contre le conservatisme des islamistes. Les islamistes du PJD, eux, n’ont pas changé. Leur projet de société est clair. Que la direction socialiste nous explique ce qui a changé qu’elle décide de faciliter la tâche au chef de gouvernement », lance notre interlocutrice.
Le bruit des vestes qui se retournent est imperceptible. Mais il a cet inconvénient de laisser un goût amer. Celui de la trahison. Quelques jours seulement avant le scrutin du 7 octobre, le leader usfpéiste a accordé une interview à l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique » pour dire tout le mal qu’il pensait des anciens communistes du PPS ayant rejoint Benkirane et sa majorité. « Nous avons refusé d’entrer au gouvernement Benkirane en 2011 parce que nous savions que toute changé. Leur projet de société est clair. Que la direction socialiste nous explique ce qui a changé qu’elle décide de faciliter la tâche au chef de gouvernement », lance notre interlocutrice.
Le bruit des vestes qui se retournent est imperceptible. Mais il a cet inconvénient de laisser un goût amer. Celui de la trahison. Quelques jours seulement avant le scrutin du 7 octobre, le leader usfpéiste a accordé une interview à l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique » pour dire tout le mal qu’il pensait des anciens communistes du PPS ayant rejoint Benkirane et sa majorité. « Nous avons refusé d’entrer au gouvernement Benkirane en 2011 parce que nous savions que toute soufi puis de Driss Jettou, défend un retour aux affaires de sa famille politique, histoire de la sauver, explique-t-il, d’une mort certaine. « C’est ce même responsable politique qui a déclaré il y a peu, à l’occasion d’une rencontre organisée pour présenter les candidats usfpéistes que "le PJD, qui tire son idéologie du mouvement des «Frères musulmans», entend revoir les acquis démocratiques et enterrer les réalisations du mouvement national. Un véritable danger guette la société qui vit au rythme de la pensée conservatrice et du discours extrémiste" », a alors affirmé Habib El Malki. Difficile de justifier la toute nouvelle posture participationniste du député de Bejaad qui, il y a quelques semaines, avait lancé l’appel de la troisième alternance « pour sauver le pays » devant les militants de la commission administrative du parti de la Rose. « El Malki s’était d’ailleurs fait fort de mettre en garde contre la pensée conservatrice, le discours extrémiste et l’exploitation de la religion par le PJD pour mener un putsch blanc », se souvient un usfpéiste blanchi sous le harnais.
A la dérive, l’USFP serait-elle en train de gommer toute son identité de gauche et de renier toutes les valeurs universelles liées au socialisme ? Cette formation politique est-elle prête à vendre son âme au diable au nom de quelques maroquins ministériels et de jeter au bûcher tout engagement en faveur des libertés individuelles et des droits des femmes ? Plus que jamais le peuple usfpéiste ne cache pas son désarroi.