National
Benkirane entame le premier round de consultations : MP et PPS ouvrent le bal
Si le leader du PJD et chef de gouvernement semble pressé de constituer sa majorité, il faudra très probablement attendre la fin de la COP22, ce rendez-vous planétaire qui se tient à Marrakech du 7 au 18 novembre pour qu’un nouvel Exécutif soit nommé
Longue journée pour Abdalilah Benkirane. C’est en effet en fin de matinée de ce lundi 17 octobre que le chef de gouvernement commence officiellement ses tractations avec les partis politiques pressentis pour former la prochaine majorité gouvernementale. C’est le Mouvement populaire qui a ouvert le bal des rencontres que comptent mener Abdalilah Benkirane. Mohand Laenser et le leader du PJD nommé lundi dernier patron de l’Exécutif par le Roi ont tenu une réunion aux environs de 11heures. Dans les rangs du PJD, l’alliance avec les harakis est d’ores et déjà pointée du doigt. Les islamistes gardent un goût amer de la participation au gouvernement de certains ministres MP. De la raclette-karata au chocolat, leurs casseroles continuent de faire grand bruit aux yeux de ces membres du Secrétariat général du parti de la Lampe qui prônent une coalition gouvernementale sans le Mouvement populaire.
Après Laenser, le chef de gouvernement a reçu Nabil Benabdallah, toujours ce lundi 17 octobre aux alentours de 12H30. Un premier échange avec les anciens communistes, grands perdants des législatives du 7 octobre. Meilleur allié du PJD, le PPS est en principe assuré de rejoindre la majorité. Dans quelles proportions et avec combien de portefeuilles? C’est toute la question qui se pose au sein de cette formation politique, qui avec 12 sièges à la chambre des représentants, sait qu’elle n’a plus le vent en poupe et qu’elle ne pèsera pas lourd dans les négociations.
Avec ses 46 députés, le parti de l’Istiqlal veut lui compter dans les tractations. Sa direction s’est prononcée à l’unanimité en faveur d’une participation au prochain gouvernement Benkirane. Le plus vieux parti marocain ne veut pas faire cavalier seul et entend siéger au sein de l’Exécutif avec l’Union socialiste des forces populaires. Les leaders de ces deux formations politiques tiennent réunion ce lundi 17 octobre en fin d’après-midi. Un scénario Bloc démocratique que forment très hypothétiquement l’Istiqlal, l’USFP et le PPS n’est pas exclu par Abdalilah Benkirane. Une manière aussi pour le chef de gouvernement d’agiter le chiffon rouge d’une solution de repli au cas où la participation gouvernementale ouvrirait des appétits. Et peu importe que la signature de l’acte de décès de la koutla ne soit qu’une pure question formelle.
Les scénarii d’une participation gouvernementale annoncée ou pas ne sont pas figés. L’option de la reconduction de la majorité sortante ne coule pas de source. Le rassemblement national des indépendants est tout à la préparation de son congrès extraordinaire prévu le 29 octobre et destiné à porter Aziz Akhenouch à la présidence. D’ici là, les dirigeants du parti de la colombe ont choisi de faire vœu de silence et de ne pas faire la moindre déclaration sur une participation gouvernementale ou un retour à l’opposition. En attendant la nouvelle présidence, le RNI a fait une rentrée parlementaire remarquée. Avec une alliance scellée la semaine passée avec l’Union constitutionnelle, RNI-UC sont ainsi devenus la troisième force de la chambre des députés avec 55 sièges. « Mais attention, le RNI a tout intérêt à faire vite. Benkirane ne va sûrement pas attendre qu’il règle ses affaires en interne. Le chef de gouvernement est décidé à mener ses consultations y compris sans le parti de la colombe s’il n’est pas prêt », confie un proche d’Abdalilah Benkirane qui ne cache pas l’exaspération des responsables des PJDistes devant les conditions émises par le RNI.
Autre scénario mouvant, celui de l’élection du président de la chambre des députés. Les options les plus improbables circulent y compris celle de l’USFP et de son désir de placer le président du conseil national au perchoir. Si l’élection de celui qui va présider aux destinées de la chambre basse va fixer les contours de la majorité gouvernementale, elle ne se fera pas avant plusieurs jours. Les prétendants au titre déclarés ou non déclarés se bousculent au portillon. Et pour ce fin connaisseur des arcanes parlementaires « cela peut se jouer sur la personnalité du candidat et non pas au nombre de sièges ».
Si le leader du PJD et chef de gouvernement semble pressé de constituer sa majorité, il faudra très probablement attendre la fin de la COP22, ce rendez-vous planétaire qui se tient à Marrakech du 7 au 18 novembre pour qu’un nouvel Exécutif soit nommé et entre en fonction. D’ici là, bien des majorités se feront et déferont…