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De Gibraltar a Mellilia, “ Un rocher dans le soulier du brexit ”
Plus qu'un caillou, le Brexit a un Rocher dans son soulier, à cause de l’intransigeance de l'Espagne sur l’enclave de Gibraltar ; une affaire qui a failli bien faire capoter l'accord sur le divorce du Royaume-Uni et de l'Union européenne, au dernier sommet européen du 24 novembre 2018.
Après des mois d'âpres négociations sur le Brexit, l'Espagne menace de jouer les trouble-fêtes si des « garanties » ne sont pas données sur l'avenir de Gibraltar, en exigeant surtout d'obtenir noir sur blanc un droit de veto sur toute négociation future concernant l'avenir de Gibraltar.
Inintelligible position de ce voisin du Maroc, dès qu’il vient présent à l'esprit l'occupation déplorable et anachronique des enclaves de Sebta, Mellilia et des îles Jâaffarines. Vérité au-delà de Gibraltar et erreur en-deçà; de quoi remuer Blaise Pascal dans sa tombe.
Anachronisme colonial qui est d'autant plus incompréhensible que les relations entre l'Espagne et le Maroc ne cessent de monter en puissance, particulièrement depuis les deux dernières décennies, en évoluant dans des cadres institutionnels, en rupture avec les contingences politiques et des scrutins législatifs du passé, où la politique étrangère marocaine de l’Espagne était inscrite dans une logique de personnalisation des relations, en fonction des scrutins législatifs et de l’arrivée ou non au pouvoir de Felipe Gonzales ou de José María Aznar López.
En s’inscrivant désormais dans des organes institutionnels bien définis et stables, la coopération hispano-marocaine est au beau fixe; l'accueil réservé au chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lors de sa dernière visite au Maroc et les riches et importants points à l’ordre du jour des réunions entre les deux chefs de gouvernements en sont la parfaite illustration. Une visite couronnée par une audience royale fortement symbolique.
Egalement, le dernier déplacement de Pedro Sanchez à Rabat a été une occasion pour les deux parties de réaffirmer le renforcement du partenariat stratégique et d’insister sur la nécessité d’impulser davantage les relations bilatérales, de consolider la concertation politique sur les questions cruciales de l’heure, ayant notamment trait à la sécurité et la stabilité régionales, à l’immigration sous ses différentes formes, la dynamisation du partenariat économique en potentialisant plus concrètement le rôle du secteur privé.
Dans le cadre de cette dynamique politique et diplomatique, le Maroc et l’Espagne ont tout à gagner pour trouver une issue à l’occupation de Sebta et Mellilia et des îles Jaaffarines et par conséquent inscrire , encore plus et encore mieux, leurs relations dans un cycle long et vertueux d’une coopération durable, dénuée de toute méfiance. Pour ce faire, les processus de décolonisation Macao et de Hong Kong constituent le meilleur miroir dans lequel Marocains et Espagnols peuvent se regarder, en vue d’arriver à « fabriquer », par la volonté politique, la persévérance et la force de l'intelligence, une nouvelle vision pour Sebta et Mellilia qui soit ouverte sur l'avenir.
Dans ce sens, une brève rétrospective des précédentes tentatives de solutions est utile et intéressante à rappeler. Surtout celle proposée, au milieu des années1980, par le Souverain défunt SM le Roi Hassan II, juste après la pleine brouille provoquée par la loi espagnole de 1985 sur le statut des étrangers en Espagne et les implications de cette disposition législative sur la situation des Marocains de Sebta et Mellilia. Un peu de temps après et en signe d’apaisement et de bonne foi, Hassan II va proposer en 1987, l'idée de la mise sur pied d'une cellule de réflexion commune sur les grandes questions en suspend entre le Maroc et l’Espagne. Après dix ans de discussion….ce vœux du défunt Souverain est finalement exhaussé par la création du Comité Averroès en 1997. Un think tank qui a pour but et mission de débattre librement et franchement des questions de fond qui fâchent, en ce qui concerne les relations entre le Maroc et l’Espagne.
Aujourd’hui et au rythme accéléré de l’Histoire sur tous les plans et des dynamiques multidimensionnelles qui traversent la Méditerranée, l’idée de création encore une fois d’une « cellule des sages » à l’instar du Comité Averroès serait la bienvenue, avec cependant un nouvel agenda et un mandat précis et conjointement raisonné et établi. Cela peut servir de cadre pour les amis du Maroc et de l’Espagne et pour les experts fins connaisseurs des processus de décolonisation pour débattre, explorer de nouvelles pistes et imaginer des solutions innovantes, visant à mettre fin à ces vestiges du colonialisme européen en Afrique, en s’inspirant notamment des précédents processus de décolonisation de Macao et Hong kong, qui ont permis d’aboutir à des règlements politiques pacifiques de ces faits coloniaux et le retour à la mère-patrie, dans le cadre de la souveraineté nationale et deux régimes pour la gestion locale des affaires courantes.