Enfin d’accord avec Benkirane – Par Naïm Kamal

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Capture d’écran de la dernière sortie de Abdalilah Benkirane dans laquelle il souhaite prompt rétablissement au Souverain, parle de la difficile conjoncture actuelle et appelle à l’unité et la solidarité horizontale et verticale.

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Ni Francophobes ni francophiles – Par Naïm Kamal

Mustapha Baitas, ministre chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, portant cette fois-ci celle d’un ministre délégué que l’on retrouve par monts et par vaux, sans inclure nécessairement dans ce registre le football, a narré à la Chambre des conseillers le rôle important de la Caisse de compensation dans la préservation de la stabilité des prix des produits de base, en particulier le gaz butane, le blé tendre et le sucre.

Faouzi Lekjaâ dont les fonctions et le rôle apparaissent au fil des mois plus importants que le titre qu’il porte, ministre délégué au Budget, livre aux conseillers par la voix de M. Baitas, tout ce que le gouvernement a consenti pour que le citoyen souffre autant que possible moins. Florilège : 

Des chiffres…

La charge de subvention du gaz butane a atteint 9,8 MMDH à fin mai dernier. La subvention de chaque bouteille de gaz butane a atteint 100 dirhams durant les 5 premiers mois de 2022, contre les 50 dirhams prévus, soit une augmentation de 100% en vue de préserver le prix de la bouteille de gaz butane de 12 kilogrammes à 40 dirhams. La subvention du blé tendre devrait couter 3,2 MMDH supplémentaires pour la période janvier-mai. Le coût de la subvention du sucre importé se situerait à 390 millions de dirhams (MDH) à fin mai 2022. Pour le sucre raffiné le coût de la subvention est prévu à 1,4 MMDH à fin mai 2022. La subvention globale du sucre importé et raffiné atteindrait 1,8 MMDH au titre de la même période. Des crédits supplémentaires de 16 MMDH sont retenus pour couvrir les charges additionnelles de la compensation jusqu'à la fin de cette année. Sans oublier les aides aux professionnels du transport routier de 500 MDH à 700 MDH à compter du 1er juillet prochain, soit une hausse de 40%. 

Ce que ces derniers, heureux mais ingrats, considèrent comme une goutte d’eau dans un océan de besoins. Les citoyens lambda, et on ne peut le leur reprocher, affirment mordicus que le gouvernement ne fait rien. Les plus compréhensifs disent qu’il fait ce qu’il peut. Pour couper la poire en deux on va dire peut faire mieux. 

Ce que la plupart des citoyens ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre c’est que le gouvernement ne fait rien pour agir sur les prix des carburants sans qu’aucune âme charitable ne leur en explique le pourquoi et le comment. 

…et des lettres

Semblables situations, forcément nourrissent des suspicions qui n’avaient déjà pas besoin de combustible. Les avertis feignent de ne pas comprendre pourquoi les prix à la pompe, avec un baril à 115 dollars, ont battu des records qu’ils n’ont jamais atteint quand il fut à 140. On soupçonne évidemment une chaine de spéculation et de marché noir à l’international comme au niveau national.

Dans cette situation favorable à l’inflation et aux récessions, propice aux colères, le wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui ne s’est jamais remis du syndrome posttraumatique du plan d’ajustement structurel des années 80 du siècle dernier, a privilégié la croissance à l’action sur l’inflation, celle-ci étant importée (parce que nous sommes importateurs), conservant le taux directeur à 1,5.  Sans doute a-t-il raison. 

Là où il s’aventure un brin trop, c’est lorsqu’il prédit le cantonnement de l’inflation à 5,3% pour l’ensemble de cette année et une décélération à 2% en 2023.  Dans une conjoncture géopolitique et géostratégique en ébullition où la seule certitude est une incertitude hautement anxiogène, bien malin qui peut dire de quoi demain sera fait. Nous reste qu’à prier pour qu’il ait raison ou pour que le Tout Puissant exhausse ses pronostics.

Et une fois n’est pas coutume, on est d’accord avec Abdalilah Benkirane. Endossant son air contrit compatible avec la gravitude du moment et du lieu, l’ancien Chef du gouvernement a déclaré que la stabilité et la disponibilité sur les marchés et dans les souks sont trompeuses. Le pire, il faut donc le prévoir tout en croisant les doigts pour qu’il n’advienne pas. 

Le monde et dans ce monde le Royaume, n’est pas encore totalement sorti de deux ans de pandémie jouant les prolongations, qu’une sévère sècheresse frappe le Maroc incitant le Roi Mohammed VI à décider d’un fonds de soutien à la paysannerie de 10 milliards de dhs. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, voilà que survient la guerre d’Ukraine avec les conséquences que tout le monde sait, mais dont personne ne peut sérieusement prédire quand et comment elle s’achèvera. Ce qui est certain dans ce contexte de fortes turbulences, c’est le besoin des Marocains  qu’on leur parle. Ils attendent qu’on leur explique même s’ils comprennent déjà, veulent qu’on les rassure même s’ils font preuve d’une résilience bluffante. Malheureusement la communication gouvernementale - prolifique pourtant, mais prolixe et éparpillée - n’est pas raccord avec l’angoisse généralisée. 

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