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La nébuleuse des nobélisés
Le problème avec des gens comme Zineb El Ghazoui, c’est qu’ils n’ont retenu de la nuance que les cinquante de Grey.
C’est par le vénérable Desk qu’on a appris que la sulfureuse Zineb El Ghazoui a été portée par certains pour le Nobel de la Paix. Le site qui nous rappelle qu’elle fut une compagne au Journal Hebdo, signale sans s’étonner et sans commentaire qu’elle « figure sur la longue liste de la thématique de la liberté de l’information ». Entre se faire faire proposer et obtenir le Nobel de la Paix il y a, outre les océans Atlantique et Pacifique, l’Himalaya à franchir. Mais, tout de même, dans le cirque politique il y a des sauts que même la plus indécente des indécences n’autoriserait pas.
Au Quid on n’a rien contre Zineb El Ghazoui si ce n’est qu’elle porte un incommensurable tort au combat généreux de ceux qui ne font pas de la laïcité une nouvelle religion tout aussi dogmatique que les autres, mais un mode de vie où la liberté de croyance et de pensée est une pratique sans esclandre. Débordant l’islamophobie de toutes parts, son anti-musulmanisme intégriste est une nuisance permanente au génie de la modération. Et le problème avec des gens comme Zineb El Ghazoui, c’est qu’ils n’ont retenu de la nuance que les cinquante de Grey. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cet icône en papier mâché, ils peuvent se délecter avec la tribune de l’excellent Seyf Remouz ( AMINATOU, ZINEB ET LE NOBEL : LA SÉPARATISTE, L’HYSTÉRIQUE ET LA DYNAMITE)
Certes, que l’on ose présenter une Aminatou Haidar ou une Zineb El Ghazoui participe de la dévaluation de ce prestigieux prix. En même temps, si n’importe qui peut se faire présenter au Nobel de la Paix, c’est parce que de tous les prix de cette catégorie, il est le seul, peut-être avec celui de la littérature, à ne pas obéir à la rigueur de la science. Seyf Remouz rappelle dans sa tribune comment des frappes de l’histoire comme Hitler et Mussolini se sont retrouvés candidats.
Dans l’histoire récente, on peut déjà signaler que le dernier chef d’Etat de l’Union Soviétique, Michaël Gorbatchev, a été auréolé de ce prix pour l’amener à faire le grand bond en avant au moment où l’URSS se trouvait au bord du précipice. On démontrait ainsi que si pour Henri IV Paris valait bien une messe, l’implosion de l’empire soviétique valait tout autant, sinon plus, un coup de pouce de la vénérable académie norvégienne.
Plus proche de nous, le Nobel de la Paix attribué à Barak Obama, quelques jours après son élection à la Maison Blanche. Lui-même raconte dans ses mémoires avoir été le premier à ne rien comprendre. Une lecture positive y verrait une récompense aux Etats-uniens qui ont franchi pour la première fois de leur histoire le Rubicon de placer à leur tête un noir pour exorciser une fois pour toutes le passé esclavagiste de leur grand pays. Une autre interprétation, moins innocente, s’évertuerait à démontrer que c’est l’élection d’un noir qui a ouvert la voie, deux mandats plus tard, à Donald Trump par un retour de la manivelle viscérale de l’Amérique blanche pour finir dans la prise d’assaut du Capitole et la fracture que connaissent aujourd’hui les Etats Unis.
Barak Obama restera dans l’histoire comme le Nobel de la paix qui a obtenu le prix sur une promesse de la paix et quitté la Maison Blanche après avoir renforcé la présence américaine en Afghanistan. Sans même avoir pu fermer, comme il l’a promis, cette zone de non droit absolu, Guantanamo.
En 1994, le Nobel de la Paix est allé à la triplette Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Shimon Peres pour les encourager sur la voie des accords d’Oslo. Rabin en est mort sans avoir commencé à faire la Paix. Yasser Arafat est mort, fort probablement empoisonné, sans avoir vu la paix. Seul Shimon Peres coule, à 98 ans, une retraite heureuse sans avoir rien fait pour la paix.
La birmane Aung San Suu Kyi, qui a eu son Nobel de la Paix pour aider à soustraire Myanmar à l’influence de la Chine, a offert au monde la part hideuse de sa personne pendant le génocide de la minorité musulmane dans l’ex-Birmanie. Elle fut dénoncée, mais dès que l’armée l’a déposée ces derniers jours, l’Occident lui a retrouvé du charme et un reste de vertu. Il n’est cependant pas sûr que cette fois-ci un Nobel suffirait à lui remettre le pied à l’étrier. On pourrait ajouter à ce registre le premier ministre éthiopien Abyi Ahmed Ali, nobélisé en 2019 pour avoir mis fin à la guerre lancinante en Erythrée pour retomber tout de suite après dans une autre guerre de séparatisme au Tigré. Faut-il croire que la sourde lutte sur les eaux du Nil qui oppose dans cette région Le Caire et Khartoum à Addis-Abeba est étrangère à ce nouvel embrasement ?
Finalement, dans la longue liste des Nobel, rares ceux qui le valent bien. Peut-être Nelson Mandela, père de la réconciliation en Afrique du Sud. Lucide, il s’est retiré du pouvoir juste à temps, avant que l’exercice du pouvoir corrompe la pureté de son long combat.