Le cordon – Par Seddik Maaninou

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Le Roi Mohammed VI a fini par exprimer bien plus que l’irritation du Royaume à l’égard de ce président, la rupture avec un "cordon ombilical" qui fonctionne dans le sens inverse d’un cordon nourricier, inaugurant de cette manière une nouvelle ère fondée sur l'indépendance

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Le protectorat nous a imposé une relation organique avec la France, l'État ‘’protecteur’’. Cela a duré quarante-cinq ans... Nous étions comme un fœtus qui se nourrit à travers un "cordon diffus" contrôlé par des intérêts étrangers toujours voraces... 

Après l'indépendance qui a vu notre renaissance, le Maroc est resté toutefois rattaché à ce cordon et à ce qui en découle comme relais néocoloniaux, intérêts étrangers et lobbys sangsues.

L’arabisation

Au début de l'indépendance, nous avons revendiqué l'arabisation comme première étape de notre déconnexion avec le néocolonialisme et ses cinquièmes colonnes. Dans ce mot d’ordre, il y avait des défis à relever et quelque précipitation... Dans l'euphorie de l'indépendance retrouvée, nous avons demandé l'arabisation de l'administration, de l'éducation et de la justice... La noblesse et la légitimité de ces revendications n’ont toutefois pas évité à nos rangs la division... 

Ainsi, si nous avons réussi à arabiser la justice et inciter au départ de centaines de juges et d'avocats étrangers, nous avons échoué dans l’arabisation de l'administration. A ce jour encore, la plupart des services administratifs fonctionnent en français... Il y a même des ministères entiers qui pensent et écrivent dans la langue de Molière, ou de Corneille (parce qu’il y en a qui pensent que le second était le nègre du premier).  Tandis que le secteur privé ne connait de la langue d'Ibn Khaldoun que le nom. Quant à l'arabisation de l'éducation, c'est une tout autre longue histoire où se mêlent rêves, contradictions, improvisation, désarroi et déception... 

Nous n’avons en définitive ni arabisé ni francisé, mais nous voilà tout de même en train d’y ajouter l'amazigh et l'anglais.

Le masque 

D’échec en échec, nous avons fini par corroborer ce que certains d'entre nous répétaient : le Maroc est un "jardin réservé" aux appétits d’autrui. Pour ouvrir les yeux sur un protectorat qui a travesti ses dehors militaires et oppressifs en des apparences trompeuses pour mieux exercer son influence et poursuivre son exploitation... 

Le curieux dans l’histoire est qu'il a trouvé parmi nous ceux qui ont trouvé leur compte dans cette situation, et en dépit de notre émancipation et de la loi de la nature qui dictait de couper ce "cordon ombilical", une bonne partie de nous lui est restée liée. Le protectorat, juridiquement aboli, a réussi à conserver son attrait dans notre imaginaire collectif. Il s’est traduit en préférences dans nos relations internationales et nos comportements internes qui ont permis notre catégorisation en fonction de ces liens finalement pas si diffus que ça.  

Mais voilà que le destin a voulu qu'un président, d'une nouvelle génération, croit-il, mais surtout sans expérience ni expertise, arrive à l'Élysée pour agir avec un excès d’arrogance et de désinvolture. 

L'indépendance totale 

Le Maroc a commencé par attirer l'attention, puis a clairement montré du doigt les abus. Le Roi Mohammed VI a fini par exprimer bien plus que l’irritation du Royaume, la rupture avec un "cordon ombilical" qui fonctionne dans le sens inverse d’un cordon nourricier, inaugurant de cette manière une nouvelle ère fondée sur l'indépendance sans concession de la décision marocaine.

Ce qui ne signifie pas un rejet de toute coopération fructueuse avec les autres, tous les autres. Les langues dans cette nouvelle relation reprennent leur seule et véritable fonction d’outils de communication sans exclusif. Un outil de rapprochement et de progrès, sans complexe ni tropisme, pour choisir ce qui convient, ou pas, à son développement économique, politique, et culturel, chez ses partenaires, sans apanage pour aucun, ce qu’ils offrent de mieux et de plus. 

 

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