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LES RÈGLES DU CONFLIT AU SAHARA ONT-ELLES CHANGÉ?
La Maroc a réussi à exploiter finement les évolutions du contexte international et régional ainsi que les acquis qu’il a réussi à accumuler grâce à son habile gestion du conflit avec le Polisario.
Ce qui s’est passé à Guergarate n’est pas un évènement ordinaire qui renverrait aux tactiques de la confrontation classique et au désir de chaque partie à réaliser des acquis sue le terrain sans enfreindre les règles du jeu.
Il importe peu de revenir sur les tactiques du Polisario et la manière dont il a fait du passage de Guergarate un moyen pour pousser le Maroc à la faute. Ce n’est pas la première qu’il recourt à cette tactique et sa récurrence renseigne sur les limites des cartes dont il dispose dans sa guéguerre contre le Maroc.
En revanche, il est plus instructif de diagnostiquer la façon dont le Maroc a préparé l’opération militaire sans qu’il soit contraint de faillir aux règles qui commandent le conflit. Il a dû endurer longtemps, maitriser ses impatiences et en supporter le cout en vue de sensibiliser la communauté internationale ou lui faire assumer la responsabilité de la situation avant d’engager l’outil militaire pour trancher le litige.
La politique de maitrise de soi, parallèlement à l’action diplomatique, a rapidement produit ses effets. La Maroc a engrangé l’appui des Etats arabes et parmi eux des pays qui se sont adonnés récemment encore à des provocations médiatiques au sujet du Sahara. Simultanément à ces soutiens, la communauté internationale, y compris l’ONU, s’est retrouvée dans la position peu enviable de ne pouvoir ni condamner ni soutenir le Maroc. Mieux, la diplomatie marocaine l’a contraint à désigner en langage à peine enveloppé Polisario comme le fauteur de troubles.
Le récit de ces évènements fait le constat, mais n’explique pas le fond de ce qui s’est passé et les changements qui sont intervenus sur les règles du conflit. De même il ne révèle pas le contexte qui a poussé le Maroc à agir efficacement à ce moment précis.
Pour ce, la compréhension du contexte est primordiale. C’est lui qui donne une idée sur le mécanisme de fabrication de la décision stratégique et l’importance de l’appréciation exacte de l’opportunité à saisir.
Le contexte politique qui nous intéresse est déterminé par plusieurs facteurs. S’y inscrivent le délitement du Polisario, l’aggravation des luttes internes entre ses différentes composantes à des niveaux jamais atteint et le sentiment de plus en plus prévalent chez les séparatistes d’une perte de vitesse sur le front onusien. A tous ces facteurs s’ajoutent la crédibilité du Maroc acquise au prix d’une grande tempérance, la dynamique des retraits des reconnaissances de la RASD aussi bien en Afrique qu’en Amérique latine ainsi que les ouvertures croissantes de représentations consulaires dans les provinces du sud.
Néanmoins ces facteurs ne suffisent pas pour comprendre le mécanisme de la prise de décision stratégique. Il faut aussi intégrer dans l’analyse des opportunités offertes par l’environnement régionale et internationale.
Les Etats-Unis sont confrontés à une crise de légitimité électorale et tendent vers la réduction de leur interventionnisme dans des régions qui représentent pour eux des intérêts stratégiques de premier plan, à fortiori quand il s’agit de de zones de tensions secondaires à leurs yeux.
L’Algérie de son coté, qui peine encore à sortir sa crise politique né du Hirak, se retrouve de nouveau face à l’inconnu en raison de la maladie de son président sans oublier sa crise économique due non seulement à la baisse des prix pétroliers, mais aussi à cause du recours de l’Espagne à d’autres marchés pour ses approvisionnements en gaz et en pétrole. Cet appauvrissement des recettes de l’Algérie n’est pas sans influer sur sa capacité à subvenir aux besoins militaires du Polisario.
Au plan arabe, des Etats qui se sont intégrés dans des axes régionaux parfois contrariants pour les intérêts nationaux ont senti le besoin de rectifier le tir en raison du changement de la donne internationale et la prochaine arrivée des démocrates à la Maison Blanche qui les incitent à revenir aux solidarités arabes pour parer à d’éventuelles pressions de la prochaine administration américaine.
La Maroc a ainsi réussi à exploiter finement les évolutions du contexte international et régional ainsi que les acquis qu’il a réussi à accumuler grâce à son habile gestion du conflit avec le Polisario. Il a également tiré profit de sa politique de maitrise de soi et du temps que celle-ci lui a pris pour élaborer une approche qui a modifié les règles du conflit dans leur globalité, poussant le Polisario à tomber dans son propre piège en dénonçant l’accord de cessez-le-feu.
Pour autant, cette dénonciation ne signifie pas l’entrée du conflit dans une nouvelle phase ou encore l’abandon de la voie onusienne. La réalité est toute autre, la dénonciation du cessez-le-feu n’étant qu’un moyen de mobilisation pour en même temps absorber la colère interne aux séparatistes contre la direction du Polisario et obtenir plus de soutien de l’Algérie.