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Parlement – gouvernement : Dos au mur, Benkirane joue son avenir
La sortie de crise imaginée par Benkirane et Benabdallah d’offrir le perchoir au RNI fait long feu. Dos au mur, le chef de gouvernement appelle à la réunion des secrétaires généraux de partis représentés au parlement. Voici les scénarii possibles
« Ce qui devrait arriver, arrivera-t-il ? » La classe politique retient son souffle. La réunion du chef de gouvernement désigné, ce vendredi 13 janvier à 17 heures, avec les leaders des huit partis représentés au Parlement est décisive. C’est aussi la réunion de la dernière chance. Toute la journée de jeudi, les tractations sont allées bon train pour que soit élu un candidat consensuel pour la présidence de la chambre des députés. La proposition d’une présidence RNI sort du chapeau de Nabil Benbadallah, le secrétaire général du PPS. Une manière de ne pas préjuger de l’avenir d’une majorité de plus en plus impossible. Dans les rangs du PJD, la proposition est accueillie favorablement. En face, au Parti Authenticité et Modernité, la perspective du perchoir occupé par un candidat du Rassemblement national des indépendants est également soutenue. Selon nos informations, c’est Ilyass Omari, le SG du PAM, qui le premier, a informé Aziz Akhennouch de la proposition. Quelques heures plus tard, ce même jeudi 12 janvier, Abdalilah Benkirane se décide à composer le numéro de portable du président du RNI pour lui faire officiellement la proposition de la présidence de la chambre basse. M. Akhennouch décline aussi poliment que fermement l’offre. En fin de semaine dernière, lors d’un meeting tenu à Casablanca, le successeur de Salaheddine Mezouar avait prévenu : en aucun cas il ne lâchera l’USFP.
La sortie de crise imaginée par Benkirane et Benabdallah fait long feu. Dos au mur, le chef de gouvernement appelle à la réunion des secrétaires généraux de partis représentés au parlement. « Abdalilah Benkirane caresse toujours l’espoir que soit désigné un candidat consensuel. Ce qui ne compromettra pas la suite des événements », confie, sans l’air d’y croire, un proche du leader des islamistes.
Hasard qui fait bien –ou mal, c’est selon- les choses. Conformément au règlement intérieur, le doyen des députés qui n’est autre que l’ancien premier secrétaire de l’USFP, Abdelouhad Radi a annoncé son intention de convoquer une séance plénière pour que soit élu le président de la chambre, les membres du bureau ainsi que les présidents des 9 commissions parlementaires. L’urgence est, on le sait, dictée par la nécessaire adoption par le parlement marocain de l’acte constitutif de l’UA et du projet de loi relatif à son adoption et ce avant le sommet africain d’Addis Abeba auquel est attendu le roi Mohammed VI.
Si Benkirane évoque « les intérêts supérieurs de l’Etat qui n’attendent pas » -une déclaration faite à nos confrères du 360.ma- il est prompt à affirmer que la réunion de ce vendredi 13 avec les chefs de partis ne concerne pas la formation du prochain gouvernement. Pas si sûr. Car c’est bien l’avenir politique et gouvernemental du PJD qui est en train de se jouer dans les toutes prochaines heures. Sa condamnation au silence de tous les pjdistes et, surtout, la délégation de tous pour mener les négociations sans revenir au secrétariat général.
Et pour cause. La candidature au perchoir de l’Usfpéiste Habib El Malki est soutenue par 4 partis : le RNI, le MP, l’UC et l’USFP. « Les députés du PAM pourraient voter en faveur de El Malki », croit savoir ce ténor du RNI. Quelle posture adoptera le PJD ? Que feront le PPS et l’Istiqlal ? Et quel sera le challenger du candidat ittihadi ?
Les options ne sont pas nombreuses et le piège se referme doucement mais sûrement sur celui qui a été nommé pour former un gouvernement. Soit le PJD et ses alliés choisissent l’abstention lors de cette élection et restent dans le jeu. Un tel choix validerait la présence de l’USFP et de l’UC au sein de l’Exécutif, signifierait que Benkirane a fini par céder et aurait surtout un coût politique pour le leader du PJD.
Ultime option, le PJD et ses alliés vont jusqu’au bout de leur démarche en votant pour un candidat qui sera issu de leur bloc. Avec cette deuxième option, Abdalilah Benkirane et ses partenaires, en l’occurrence le PPS et l’Istiqlal, font définitivement le choix de l’opposition.
Le suspense devra encore durer quelques heures. Selon des sources dignes de foi, Abdalilah Benkirane et Aziz Akhennouch devraient tenir une rencontre immédiatement après la réunion des chefs de partis, ce vendredi. L’élection du président de la chambre des députés ainsi que celle des instances pourraient avoir lieu lundi 16 janvier.