Politique
Tunisie : Gouvernement Fakhfakh, ça passe ou ça casse
Tunis. - La réunion mercredi prochain du parlement tunisien consacrée au vote de confiance sur la composition du gouvernement d'Elyès Fakhfakh est le principale théme traités, lundi par la presse tunisienne.
Sous le titre "Ça passe ou ça casse!, "Tunis-Hebdo" note que ce mercredi, le gouvernement d'Elyès Fakhfakh passera le test d'admission à la Kasbah, lors d'une réunion de l'Assemblée des Représentants du Peuple (Parlement/ARP).
Selon la publication, il faudra attendre quelques heures de verbiage inutile avec des interventions qui friseront, comme d'habitude, les excès les plus intolérables aux commentaires les plus laudatifs.
Elle souligne cependant que tout ce verbiage n'aura aucun sens devant le vote qui suivra, se demandant si l'ARP va accorder sa confiance à l'équipe concoctée par Elyès Fakhfakh qui - sans la médiation des organisations nationales - se serait présentée à l'ARP fort démuni.
Elle estime qu'au-delà des apparences, il existerait, semble-t-il, encore un petit risque de voir ce gouvernement chuter au vote, expliquant que pour l'instant, l'équipe Fakhfakh bénéficierait de la confiance des Islamistes d'Ennahdha, du Courant Démocratique, du Parti du peuple et de Tahya Tounès, ainsi que celle de quelques membres de la coalition de la Réforme Nationale.
Alors qu'en face, "Qalb Tounès", la coalition El Karama, le Parti Destourien Libre d'Abir Moussi et autres indépendants y seraient défavorables, fait-elle savoir, ajoutant que le vote risque d'être plein d'incertitudes et de surprises ainsi que des tractations, comme celles auxquelles on a assisté, lors du vote de l'équipe d'Habib Jemli.
Elle estime que seul un franc ralliement de "Qalb Tounès" lui assurerait un passage confortable et éloignerait, en même temps, le spectre de la dissolution qui donne des insomnies à plusieurs parties.
Pour sa part, l'éditorialiste de "La Presse de Tunisie", qui titre "Une nouvelle approche de gouvernance", écrit qu'à deux journées de l'obtention quasi assurée par le gouvernement Elyes Fakhfakh de la confiance des députés, les analystes et les politologues s'évertuent quotidiennement à énumérer les dossiers prioritaires qui l'attendent et à s'interroger sur la nature des premières mesures urgentes qu'il va prendre au cours des premiers jours ou des premières semaines de son installation à La Kasbah.
Il rappelle que la plupart des observateurs insistent sur l'urgence d'accorder un intérêt particulier aux aspirations à caractère économique à l'instar de la préservation du pouvoir d'achat du citoyen, de la lutte sérieuse et efficiente contre l'augmentation vertigineuse et quasi-quotidienne des prix des produits alimentaires de consommation, sans oublier la nécessité d'établir de nouvelles relations de coopération, voire de partenariat productif, avec l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) dans le sens d'éviter les tensions et les conflits qui ont malheureusement caractérisé les rapports qu'entretenait le syndicat avec les gouvernements précédents.
Il reste un dossier d'une importance majeure qui ne bénéficie pas, toutefois, de l'intérêt qu'il mérite, vu l'impact qu'il a dans la réussite de la mission dévolue à l'équipe ministérielle Fakhfakh, en cette étape chargée de défis aussi exaltants et motivants appelant à une nouvelle approche de gestion des affaires de l'Etat, d'abord et exclusivement au sein de la formation gouvernementale et parmi les membres qui composent le gouvernement censé - comme ne cesse de le répéter Elyes Fakhfakh - restaurer ou reconstruire la confiance que devraient ressentir les Tunisiens à l'endroit de leurs gouvernants, poursuit le journal.
Il souligne que le retour de ce sentiment de confiance mutuelle gouvernants-gouvernés est étroitement et incontournablement lié à la restauration urgente de cette confiance entre les gouvernants eux mêmes appelés, avec insistances, à s'entendre pour l'instauration d'une trêve.
De son côté, "Kapitalis" revient sur les déclarations du président de l'ARP et chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui estime que son parti est "plus fort que jamais" et que "personne ne peut former un gouvernement sans Ennahdha".
Selon la publication, Ghannouchi a ajouté que la composition du gouvernement Fakhfakh, à qui Enanhdha compte accorder la confiance au parlement, reste à améliorer et qu’il aurait été préférable d’y inclure tous les partis, notamment "Qalb Tounes".
"Ce n’est pas le moment de diviser les Tunisiens et les partis en révolutionnaires et non révolutionnaires, mais nous devons rapprocher les idées pour renforcer le gouvernement", a-t-il dit ,en assurant que le parti Ennahdha a toujours pesé sur la balance et qu’il est désormais plus fort que jamais, selon ses dires.
Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine (RPQI/Maghreb) /3
"Ni M. Fakhfakh ni les révolutionnaires, ni quiconque ne peuvent former un gouvernement sans Ennahdha", a-t-il encore lancé, en assurant que l’élargissement de la ceinture politique demeure toujours possible : "La Tunisie est confrontée à plusieurs défis, économiques, sécuritaires, politiques et sociaux, et elle a besoin de l’union de tous".
Le journal rappelle qu’Enanhdha avait surtout échoué à faire passer son propre gouvernement, en désignant Habib Jemli, qui n’a pas obtenu la confiance du parlement, le 10 janvier dernier, relevant que cela n’est pas un signe de force pour Ennahdha qui "reste vulnérable" et "tire sa force de la division et de l’éparpillement de ses adversaires".