Politique
Faut-il craindre le « spectre de la déflation » au Maroc ?
Le ministre d?l?gu? charg? des affaires g?n?rales Mohamed El Ouafa a cr?? deux ?v?nements en une seule journ?e. Le premier en perdant le contr?le de ses mots face ? la provocation de ses ex camarades, ce qui a retenu l?attention d?une presse ? la recherche du sensationnel,? et le deuxi?me en dressant la peur du ??spectre d?flationniste?? face ? ceux qui contestent la chert? de la vie. Ce deuxi?me ?v?nement devait attirer plus d?attention normalement, car? le ministre charg? des prix a annonc? que le pays se trouve devant un risque de d?flation et doit stimuler ou cr?er l?inflation pour en ?viter les cons?quences d?sastreuses sur l??conomie.
Le ministre, qui a r?pondu ? une question orale qui a transit? par le bureau du chef du gouvernement,? affirme donc ?que le spectre d?flationniste hante le gouvernement et la pousse ? r?agir pour maintenir un taux d?inflation susceptible de convaincre les consommateurs de sortir de l?attentisme et les agents ?conomiques en g?n?ral d??viter les comportements moutonniers.
La? premi?re question qui s?impose? apr?s cette affirmation au nom du gouvernement consiste ? savoir si le Maroc court le risque de se trouver dans une situation de d?flation??
Pour r?pondre ? cette question, il y a deux r?f?rences nationales, ?le HCP et? Bank? Al Maghrib, et les rapports et les pr?visions des institutions internationales.
Selon le HCP, ??l'IPC annuel moyen a enregistr?, au terme de l?ann?e 2013, une augmentation de 1,9% par rapport ? 2012. La hausse a concern? aussi bien les produits alimentaires dont l?indice a augment? de 2,4% que les produits non alimentaires dont l?indice a progress? de 1,5%. Les variations enregistr?es pour les produits non alimentaires vont d?une baisse de 9,2% pour les ?communications? ? une hausse de 5,5% pour l??enseignement. Sur cette base, l?indicateur d?inflation sous-jacente aurait connu une hausse de 1,9% au cours de l?ann?e 2013 par rapport ? l?ann?e 2012.??
L?inflation est l? visible, ? qui veut l?avoir. Elle d?passe les taux atteints durant des ann?es auparavant o? l?inflation sous-jacente, c'est-?-dire celle qui ne prend pas en compte les prix volatiles, a ?t? au dessous de 1 %, sans que personne ne crie ? la ??d?flation??.
Pour Bank Al-Maghrib , son conseil a d?cid? de maintenir inchang? son taux directeur ? l?issue de sa derni?re r?union trimestrielle, tenue le 25 mars 2014, sur la base d?une pr?vision de la mont?e de l?inflation et non le contraire. Le communiqu? publi? ? l?issue de cette r?union rapporte cette pr?vision comme suit?: ??sur la base de l?ensemble de ces ?l?ments, et compte tenu des d?cisions r?cemment prises par le Gouvernement en lien avec l?indexation des prix de certains produits p?troliers, l?inflation devrait se situer en moyenne ? 1,8% en 2014, ? 2,3% au terme de l?horizon de pr?vision, soit le deuxi?me trimestre 2015 et ? 2% sur cet horizon.??.
Les pr?visions du FMI, de la Banque Mondiale, de la BAD? etc. ?confirment celles de BAM.
Si les pr?visions actuelles int?grent les mesures prises pour r?duire le cout des subventions aux prix, elles n?int?grent pas toutefois d?autres mesures ? venir, qui auront un effet inflationniste certain. Parmi ces mesures attendues l?annulation de la subvention du carburant utilis? par l?ONEE et surtout le passage ? un nouveau r?gime de change dont d?couleraient une d?pr?ciation de la valeur de la monnaie nationale et une perte de son pouvoir d?achat, c'est-?-dire une inflation plus importante et qu?il est difficile de pr?voir aujourd?hui.
La d?flation que l?on peut attendre ?concerne certains couts, en premier lieu le cout des importations des produits ?nerg?tiques si le prix du baril du p?trole baisse. L?inflation par les couts, qui est import?e, devrait baisser, ce qui serait b?n?fique pour l??conomie et non le contraire.
La 2e question qu?induisent les assertions de Mohamed El Ouafa consiste ? savoir si le gouvernement veille ? maitriser et ? analyser les donn?es ? sa disposition ?
La troisi?me, ?plus grave que les autres, interroge le gouvernement la r?elle connaissance requise et la capacit? intellectuelle et politique qu?il a? pour analyser et donc de pouvoir agir en pr?voyant les r?sultats de ses actions??
Lorsqu?on entend plusieurs ministres, en premier lieu leur chef, parler sans se soucier de l?impact de leurs d?clarations sur les agents ?conomiques et sur les citoyens marocains en g?n?ral on se rend compte qu?on s?achemine vers l?irr?parable.