Politique
Les islamistes au pouvoir à l’épreuve de la réforme des retraites : Manœuvre électoraliste ou démarche syndicale ?
Sur les retraites, les islamistes au pouvoir sont jusqu?au bout fid?le ? leur marque de fabrique, affirmant une chose et son contraire, l??il riv? sur les ?lecteurs
Du rififi au PJD. Depuis quelques jours le parti des islamistes aux destin?es duquel pr?side Abdelilah Benkirane a mal ? son bras syndical. Il y a un parfum de crise ? l?int?rieur de l?Union nationale des travailleurs du Maroc. La centrale syndicale que dirige le d?put? et membre du secr?tariat g?n?ral Mohamed Yatim exprime officiellement son d?saccord avec la r?forme des retraites. Man?uvre ?lectoraliste pour un parti qui entend garder un pied dans l?opposition histoire de ne pas perdre son ?lectorat ou coup de gueule d?un syndicat qui veut ?tre dans son r?le?? ??Difficile de r?pondre ? cette question. L?UNMT n?avait pas d?autre choix que de sortir du bois. C?est bien le dernier syndicat ? s?exprimer sur le dossier des caisses des retraites et de la r?forme que pr?pare le gouvernement qui est dirig? par l?un des leurs. Dans le m?me temps, les islamistes au pouvoir ne veulent pas se mettre ? dos leurs troupes et encore moins leur base ?lectorale. En fait, le PJD et son syndicat engrangent tous les b?n?fices avec une telle prise de position qui prend ses distances avec la r?forme des r?gimes de retraites??, explique ce t?nor de l?Union socialiste des forces populaires qui a eu l?exp?rience du passage de l?opposition au pouvoir avec l?av?nement du gouvernement d?alternance.
Les responsables de l?UNMT ont donc pris leur plus belle plume pour adresser au chef de gouvernement un m?morandum relatif ? la r?forme des retraites. Qu?on ne s?y m?prenne pas. Le document n?est pas r?volutionnaire. L?attaque n?est pas frontale. Et les syndicalistes islamistes au pouvoir sont loin d??tre en position de rupture. Sauf que la centrale prend ses distances avec ce projet et s?encombre de circonlocutions pour demander le report l?application de la r?forme ? 2020 ? travers un plan de sauvetage. L?UNMT en appelle ? un large d?bat autour d?une r?forme qu?elle qualifie de ??s?v?re??. Les points de divergence sont ?galement point?s?: l??ge de d?part ? la retraite qui serait rallong?, l?augmentation des cotisations et la baisse du montant des pensions.??Il est vrai que la r?forme est vitale pour la p?rennit? de notre syst?me de retraite et que tous les acteurs concern?s doivent de ce fait participer au d?bat dans le cadre d?une approche responsable. Mais les propositions gouvernementales mises sur la table aujourd?hui sont s?v?res. Le caract?re s?v?re de la r?forme param?trique peut ?tre diminu? jusqu?? devenir acceptable pour tous?? a d?clar? le secr?taire g?n?ral adjoint de l?UNTM au site d?information ??M?dias 24??. Soufflant le chaud et le froid, ce responsable syndical s?empresse d?ajouter que ??la r?forme ne doit pas ?tre retard?e plus longtemps au risque de mettre en p?ril tout le syst?me de retraite. Si la r?forme para?t aujourd?hui tr?s douloureuse, c?est parce que les gouvernements pr?c?dents n?ont pas eu le courage n?cessaire pour prendre les d?cisions qui s?imposent au moment opportun??.
Le dialogue social pris en otage par Benkirane
Le discours est bien ?videmment ambig?. ?Les islamistes au pouvoir sont jusqu?au bout fid?le ? leur marque de fabrique, affirmant une chose et son contraire, l??il riv? sur les troupes et les ?lecteurs. Pas question de perdre en popularit? en prenant des d?cisions impopulaires. Et c?est la raison pour laquelle le chef de gouvernement et leader du PJD ne rate aucune occasion pour appeler les organisations parall?les de son parti ?jeunesse, syndicat etc- ? jouer le r?le de l?opposition. ??Pour combler un vide??, assure Abdelilah Benkirane main sur le c?ur.
En attendant, le gouvernement observe un silence assourdissant sur une r?forme essentielle. ??L?Ex?cutif est sans doute suspendu ? l?avis du conseil ?conomique, social et environnemental qui a ?t? saisi sur la question de la r?forme des retraites,?? commente ce d?put? battant pavillon istiqlalien. Quant ? la reprise du dialogue social, le chef de gouvernement a d?j? menac??: il ne dialoguera qu?avec les centrales historiques, celles qui, dit-il, n?ont pas connu de scission. C?est ce qu?on appelle de faire d?une pierre deux coups?: ne pas r?unir les syndicats de l?opposition et couper court aux vell?it?s de scission que vit l?UNMT. ??Et voil? comment un gouvernement prend en otage le dialogue social parce que la centrale syndicale du parti du premier ministre est menac?e d?une scission??, conclut indign? ce d?put? du parti de la Rose.