Des interrogations et des rancunes – Par Naïm Kamal

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Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, lors du grand oral devant le Parlement, 30 novembre 2021

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Un moment j’ai cru qu’elle avait disparu, engloutie par la toile qui a fait de sa tête un gros melon, la Mayssa Salma Ennaji, brodlogueuse de son état. 

J’en étais à me demander où elle était passée, quand elle a réapparu, enfin rétablie, confie-t-elle, du syndrome post traumatique dans lequel l’avait plongée le succès électoral de Aziz Akhannouch et son RNI.

Toute à ses certitudes, elle avait fini par croire que ses itérations convulsives contre l’entrepreneur pour détruire l’homme d’affaires, allait consumer l’homme politique. Echec et bientôt mat, elle avait tenté un ultime acharnement, une lettre inconvenante au Roi, un fatras de larmoiement et de minauderies. 

Le 8 septembre, jour des résultats des élections, et deux jours plus tard, date de la désignation de Aziz Akhannouch pour former le gouvernement, mission inaccomplie, elle disparut de la circulation. Trois mois de convalescence, il lui a fallu, pour se remettre du choc. 

Plus péremptoire que jamais, elle revient débordante de toute part, déroulant ces certitudes sur le gaz qu’il y aurait dans l’eau, ou l’inverse. Après les fantassins des marches contre le pass vaccinal, contre la limitation de l’âge des candidats à l’enseignement de nos enfants, contre le montant de la CNSS pour les médecins du privé, contre tout ce qui bouge, voici venue l’heure des snipers de monter au créneau, comme autrefois les archers, couvrir les premières lignes de l’assaut.

Un peu court

Il était dit que la législature d’Akhannouch ne serait pas une balade des gens heureux. Depuis son décollage et tout au long de son ascension, on a essayé de l’abattre. Une fois en orbite, forcément qu’on allait continuer de tenter de le descendre. Dès lors, tout est bon dans le mouton. J’ai même lu quelque part des interrogations, tout en sous-entendus, sur le sort du Nouveau Modèle de Développement (NMD) qui peinerait « à se trouver une place dans le programme du gouvernement Akhannouch », une « promesse d’un ambitieux plan d’émergence pour le royaume » qui aurait « déjà fait son temps, victime du manque d’intérêt du gouvernement ?». 

Au temps pour moi qui croyais que le NMD est « une vision étalée sur une quinzaine d’années (2021-2035) ». J’ai dû mal lire. 

A question simple : Qu’est-ce qui a amené le Roi à initier un NMD ? Réponse simple : Le constat royal en octobre 2017 que le développement et les richesses du pays ne profitent pas de la même manière à tous. D’où l’insistance du NMD sur l’Etat social. Seul à même d’assurer la stabilité éponyme, elle-même condition sine qua non à toute action de développement. Au grand oral parlementaire, son premier, où il a été plutôt bon, du chef du gouvernement on n’a pratiquement entendu que ça. Il a bien spécifié que c’était l’Alpha et l’Omega de son action. Pondéré, il n’a rien renié de l’acquis sans rien occulter de l’immensité des attentes et de l’énormité de la tâche. Et sans aller jusqu’aux accents churchilliens qui réduiraient son gouvernement à ne pouvoir offrir que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », il a tenu un parler-vrai, la démagogie gesticulatoire de  Benkirane en moins : « consolider les piliers de l’Etat social en adoptant une méthodologie ayant pour socle la célérité dans l’interaction, l’audace dans l’exécution et le courage dans la prise de décisions ».

Qu’est-ce à dire ? Qu’à moins de prendre le NMD pour un sésame qui viendrait d’un magique abracadabra à bout des impatiences qui bouillonnent en comblant d’un claquement de doigts toutes les attentes, il va bien falloir donner un peu de temps au temps. Car tout compte fait, ce gouvernement n’est là que depuis 60 jours. Un peu court pour lui demander de faire un bilan et moins encore de le déposer.  

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