Politique
En réponse à la virulence du PPS, le RNI hausse le ton
Le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch – La RNI trouve ‘’incompréhensible qu’un parti recoure à ce genre de plaidoyer «hérésie» au moment où la Constitution fournit à tous les partis des possibilités constitutionnelles et institutionnelles leur permettant de contribuer aux missions de contrôle, de législation et d’évaluation des politiques publiques’’
Après 22 ans de présence au sein du gouvernement, il a fallu moins de deux ans au Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) pour recouvrer sa voix et enfin se faire à son habit d’opposant au gouvernement, adressant une lettre ouverte d’une rare violence verbale au Chef du gouvernement Aziz Akhannouch.
Dans sa lettre, la position du parti de Nabil Benabdellah peut se résumer en quelques mots : Le gouvernement, irresponsable, se désintéresse des masses démunies et ne fait rien contre l’inflation pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens qui n’en peuvent plus. Aucune circonstance atténuante n’est retenue en faveur de Aziz Akhannouch et de ses ministres.
On peine à imaginer que c’est le même PPS, participant à des gouvernements de toutes les couleuvres sur une longueur de vingt-deux ans sans rien trouver à redire, qui tient ces propos. Tout dans ce qu’il propose ou critique n’est pas entièrement infondés, mais il y a le choix des mots, soigneusement choisis pour faire mal, en plus de l’art et de la manière ou plutôt de leur absence, qui sont de nature à rendre le propos de Nabil Benabdellah inaudibles. Et c’est dommage.
Dire que dans sa forme (lettre ouverte au détriment des voies institutionnelles) aussi bien que dans son fond réduisant à néant l’action gouvernementale et accusant tacitement son chef de ‘’conflits d’intérêts et de pratiques et collusions contraires à la transparence et à la probité’’, n’pas été du goût du RNI, c’est peu dire.
La réaction du Rassemblement national des indépendants (RNI) ne s’est pas faite attendre et, parallélisme des formes oblige, c’est par une longue lettre, un peu trop, qu’il a réagi, jugeant ‘’bon d’interagir […] avec cette missive, en dépit de ce qu’elle renferme d’aberrations, d’interprétations superflues, de raccourcis et de conclusions à tout le moins irresponsables, irréfléchies quant à ses visées et ses dimensions et inconscientes des dangers qu’elle comporte’’.
Sur la forme, le RNI rejette et condamne ‘’le style et les expressions utilisés dans cette lettre, comme «le désintérêt» et «l’irresponsabilité». Il trouve ‘’incompréhensible qu’un parti recoure à ce genre de plaidoyer «hérésie» au moment où la Constitution fournit à tous les partis des possibilités constitutionnelles et institutionnelles leur permettant de contribuer aux missions de contrôle, de législation et d’évaluation des politiques publiques de l’intérieur des institutions constitutionnelles dédiées’’.
‘’Il est clair que votre respectable parti, ironise plus loin la lettre du RNI, n’ayant pas voulu alourdir davantage ses obligations politiques dans le cadre des institutions et via les canaux constitutionnels dédiés, a préféré vider l’opposition responsable de sa substance et surfer sur les vagues artificielles pour envoyer un message bourré d’une charge électorale et de penchants électoralistes, loin des principes constitutionnels et des usages politiques.’’
Etait-ce le but recherché par la lettre ouverte du PPS, mais le RNI se cabre et affirme qu’il ne ‘’se plierait [pas] aux agissements suspects qui cherchent à lui dicter ce qu’il doit faire et ce qu’il doit éviter. Pas plus qu’il n’accepterait des leçons de la part de ceux-là mêmes qui assumaient une responsabilité dans la gestion de secteurs vitaux dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’emploi, de l’habitat et de la politique de la ville.’’
Il insiste ensuite sur ‘’la légitimité constitutionnelle et politique du gouvernement [qui] n’est pas un don, mais un acquis dument remporté par le parti à la faveur des résultats sortis des urnes lors du scrutin du 8 septembre 2021, et conforté par la majorité parlementaire homogène, sur la base du programme gouvernemental qui constitue une des sources fondamentales définissant les priorités, les engagements et les politiques et les décisions publiques.’’
Après un exposé sur les choix électoraux des citoyens en sa faveur et de la xpersistance du gouvernement dans le respect de ses choix programmatiques, le ‘’RNI considère que s’il est admissible d’interroger et de demander au gouvernement davantage de décisions sociales, pourvu que l’interrogation soit de bonne intention, ce serait une injustice flagrante que certains nient en bloc ce que le gouvernement a accompli depuis son installation il y a un an et demi, conformément aux orientations de Sa Majesté le Roi et en réponse aux attentes des Marocains et des aspirations du Nouveau modèle de développement, particulièrement dans les chantiers sociaux’’
Il explique ensuite que ‘’le contexte exceptionnel et difficile que traverse notre pays n’a pas poussé le gouvernement à se dérober de ses engagements constitutionnels et des engagements électoraux de ses composantes. Bien au contraire, il a honoré ses engagements, tout en restant constamment réactif aux exigences de la conjoncture avec des mesures déterminées qui ont été saluées par la communauté internationale. Aussi a-t-il réussi à maintenir la dynamique d’investissement et à se concentrer sur la création des opportunités d’emploi, sans oublier les équilibres budgétaires et l’impératif d’alléger progressivement le déficit monétaire qui, lui aussi, est un legs de la gestion des gouvernements précédents.’’
La réponse du RNI, entre ensuite dans le détail de ses actions de ses choix, des budgets débloqués, prend appuis sur des statistiques du HCP qui indiquent la régression du chômage et rappelle que ‘’contrairement à ses prédécesseurs, [ce gouvernement] a réussi à institutionnaliser le dialogue social, qui a abouti tout au long de ses rounds grâce à la confiance mutuelle entre les différents partenaires’’. Pour conclure, le RNI souligne que ‘’ce genre de sorties convulsives ne feront que conforter la confiance [du] parti et de [ses] partenaires dans la majorité [dans leur conviction qu’ils sont] sur la bonne voie pour continuer à mettre en œuvre [leurs] engagements avec les Marocains et à s’en tenir au discours de la franchise et au langage de la vérité’’.
Lire : La réponse du Bureau politique du RNI au PPS