Les elections 2021 : La ''remontada'' democratique

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C'est fait ! Le gouvernement a enfin fixé le calendrier des élections à organiser dans les prochains mois. Il était temps tant il est vrai que l’agenda tardait quelque peu ; ne donne plus désormais que moins de cinq mois pour être mené à son terme.

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C'est fait ! Le gouvernement a enfin fixé le calendrier des élections à organiser dans les prochains mois. Il était temps tant il est vrai que l’agenda tardait quelque peu ; ne donne plus désormais que moins de cinq mois pour être mené à son terme. 

Si les partis de la majorité n'étaient pas très pressants à cet égard, tel n'a pas été le cas des formations de l'opposition (PAM, PI, PPS) qui n'ont pas cessé d'interpeller le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani. 

Réseaux

Les élections prévues au titre du collège des salariés intéressent les salariés de l'administration et ceux du secteur privé. Les listes ont été arrêtées au 30 avril. Elles sont prévues entre le 10 et le 20 juin, celles du collège des salariés le 16 du même mois. Même si ce scrutin n'intéresse pas beaucoup le grand public, il vaut de noter qu'il s'agit d'élire à cette occasion un collège de 20 membres qui seront parlementaires dans la Chambre des conseillers. Si l'on y ajoute les élections des chambres professionnelles (commerce, industrie et service, artisanat, pêches maritimes, agriculture) l'enjeu n'est pas secondaire. Aux 20 membres précités pourr le collège des salariés, il faut ajouter 28 autres élus par ces chambres professionnelles, soit un total de 48 parlementaires. Cela correspond aux deux cinquième de l'ensemble des 120 membres de la Chambre des conseillers. Ces deux scrutins ne sont pas étanches, comme en silos, dans le champ partisan et politique, tant s'en faut. Il y a en effet des réseaux, des intérêts croisés - une sorte de vecteur particulier d'influence et de mobilisation. Les partis s'activent auprès de "notables" des différents secteurs professionnels pour tenter d'améliorer leur position et leur rôle dans la perspective de la nouvelle Chambre des conseillers. Il y a là une porosité, un entrelacs entre des groupes dispositions de relais dans le monde économique. 

8 septembre, "la mère des batailles"

Le grand rendez-vous, assurément, est le 8 septembre. C'est la "mère des batailles" puisque ce jour-là les électeurs seront appelés à désigner les élus des communes et arrondissements, des conseils régionaux et de la Chambre des représentants. Le jour du mercredi a été retenu, contrairement à une pratique électorale constante depuis les élections postindépendance. Cette décision n'a été prise - en lieu et place du vendredi - qu'après bien des consultations passablement laborieuses, Le PJD a fait beaucoup de "résistance" à ce sujet; mais il a dû se résigner par suite de la convergence de ses alliés de la majorité ( RNI, MP, UC, USFP) et de l'opposition  (PAM, PI, PPS). C'est qu'en effet le vendredi - étant celui de la grande prière hebdomadaire - accordait un avantage à cette formation islamiste, veillant à ce que la ferveur religieuse des électeurs pèse en sa faveur dans les urnes. 

Le choix d'un jour unique emporte des effets significatifs. En termes financiers, au lieu de trois scrutins à des dates différentes, il n'y aura plus qu'un seul jour, réduisant fortement le coût d'organisation des scrutins (logistique, ressources humaines...). De plus, va jouer la nouvelle législation sur la limitation des cumuls de mandats électifs ; les candidats devront décider du choix de leur inscription ; enfin, cela va réguler le nomadisme, des candidats non élus aux communales ou aux régionales, ne pouvant plus se présenter aux législatives, comme à titre de "repêchage"... 

Deux semaines plus tard, le 21, ce sera l'élection des conseils provinciaux et préfectoraux, lesquels forment avec les membres des conseils communaux un collège électoral qui élit, lui, 48 parlementaires au sein de la Chambre des conseillers. 24 autres parlementaires issus du collège électoral sont élus au niveau de chaque région par le Conseil régional parmi ses membres. En résumé, cela donne : 72 parlementaires désignés par les collectivités territoriales (24 respectivement pour les régions, 48 pour les conseils communaux, provinciaux et préfectoraux) et 48 autres élus par les chambres professionnelles (28) et le collège des salariés (20). 

Les partis en "mode veille"

Reste un dernier rendez-vous : celui du 5 octobre, relatif à la Chambre des conseillers. Les 120 membres sont élus par les différents collèges électoraux précités suivant la répartition indiquée. L'ouverture officielle de la nouvelle législature par SM le Roi se fera alors le vendredi 8 octobre - le deuxième vendredi, conformément aux dispositions de l'article 65 de la Constitution. Une nouvelle législature donc, un nouveau gouvernement aussi. 

En attendant la sanction des urnes, comment se présente cette période de quatre mois qui va courir jusque là ? Comment se déroulera la campagne électorale ? Les mesures de confinement actuelles vont se prolonger, même avec des aménagements éventuels. Des difficultés vont peser sur la mobilisation des partis et des électeurs - le distanciel limite fortement la mobilisation, les déplacements, les meetings,... 

Il faut y ajouter l’état actuel des partis paraissant pratiquement en "mode veille" pas seulement par suite de l'impact du confinement depuis mars 2020 mais aussi parce qu'ils attendent, tous, la publication du nouveau modèle de développement de la Commission Benmoussa. Ce rapport va fixer les axes stratégiques d'une vision 2030 et au-delà, des priorités à hiérarchiser, leur déclinaison sur les politiques publiques, avec des mesures immédiates à court, moyen et long terme. Les partis à vocation gouvernementale auront à cœur de porter cette stratégie et d'actualiser leurs propositions actuelles lors de la campagne électorale. Le risque est une perte d'identité, de spécificité, puisque le référentiel de développement sera pris en charge et porté pour la majorité d'entre eux en tout cas. Cela signifie-t-il un consensus sur un projet de société et ses valeurs ? Voire. 

Valeur ajoutée ?

Enfin, cette dernière interrogation : quelle valeur ajoutée à tous ces scrutins ? Y’aura-t-il un renouvellement des élites ? Les modes et les filières de sélection de nouvelles compétences vont-ils pousser dans ce sens ? Le conservatisme des "statuts" des uns et des autres va-t-il être bousculé ? Et puis, ceci : quelle sera la participation électorale ? L'idée d'un jour unique couplant les communales, les régionales et des 395 membres de la Chambre des représentants participe du souci d'améliorer le vote des électeurs. Les communales intéressent davantage les citoyens par suite de la proximité - en septembre 2015, le taux avait été de 53% alors qu'il n'était que de 43% pour les législatives d'octobre 2016.

L'hypothèse retenue est que la mobilisation civique sera en progrès, le premier tirant le second vers le haut. Mais rien n'est acquis par avance aujourd'hui. La capitalisation démocratique depuis la Constitution de 2011 a-t-elle en effet engrangé des avancées ? La politique, l'institutionnel aussi, paraissent pâtir d'une désaffection des citoyens confortée par un bilan gouvernemental sujet à caution. Difficile sera la "remontada "... 

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