l’historiophage du Royaume

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Hassan II et François Mitterrand à Biarritz (France) le 8 nvembre1994, un peu plus d’une année de la mort du premier président socialiste de la cinquième république française. Une relation de proximité et d’éloignement qui résume au contemporain les rapports entre la Fille ainée de l’église et l’Empire chérifien.

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L’Historiographe du Royaume de Maël Renouard, un roman fort probablement écrit à quatre mains, qui affiche la prétention de nous raconter Hassan II, ne sera pas censuré au Maroc. Les sociétés de distribution, librairies et autres qui le souhaitent peuvent tout-à-fait entamer les procédures de son importation, rapporte en exclusivité Hasna Daoudi d’Atlasinfo.fr, citant une source autorisée au département de la communication du ministère de la culture.

Contrairement donc à une rumeur colportée par le Goncourt Tahar Benjelloun dans sa chronique dans le 360, le roman n’aura pas l’heur de prétendre à la postérité et à la publicité que lui aurait procurées une interdiction. Les RP de l’ouvrage pourront toujours se rabattre sur une bande promotionnelle, comme le suggère perfidement un ami, pour y écrire : Le livre qui a failli être censuré ! Ainsi, peut-être, serait-il éligible aux prix qu’on lui prédits. 

Pour ma part, je n’ai pas attendu sa distribution, sa version numérique étant gracieusement diffusée. Le dessein est ainsi servi.

L’ouvrage est une juxtaposition de deux époques quand ce n’est pas plus par la grâce des aller-retours allégoriques. Il se nourrit de songes hallucinatoires et de rêves éveillées, des frustrations d’un courtisan éconduit et reconduit plus qu’à son tour, le narrateur, qui n’a pas eu le bonheur de beaucoup plaire aux Souverains. Condisciple d’un Roi alors qu’il semble être celui de l’autre, il pioche dans l’Histoire faits et légendes, rumeurs et racontars pour relier par des parallèles métaphoriques le présent au passé qu’il en devient ennuyeux. Même s’il est amusant, quand, par procuration, L’Historiographe du Royaume vit une histoire d’amour avec une Wallada des temps modernes, subtilisant à la fille du dernier des califes de Cordoue sa romance contrariée, lui dans la peau du poète Ibn Zeydoun qui va survivre à son emprisonnement (disgrâce) et à la chute de Cordoue, mais toujours dans la cour des califes dont il n’arrive pas à se passer, se rappelant chaque fois que possible à leur bon souvenir. 

Un jour, peut-être, viendra où l’Historiographe du Royaume, réduit à muse d’un roman, pourrait résoudre les deux complexes qui le lestent : Sa supériorité affichée et l’infériorité de son extraction revendiquée.  

Du Collège Royale à sa rencontre - c’est son destin - avec une descendance dépitée (ou décapitée) de la Maison de France, de Tarfaya à Persépolis où il admirera à loisirs et s’inspirera grandement des célébrations de l’empire multimillénaires du Shah-an-shah, et auparavant Meknès, une escale fort éloquente où il croise longuement le grand Sultan Moulay Ismail, puis Versailles et ses magnificences ; c’est là que j’en suis de ma lecture. Compilations de récits, rembourrage et digressions qui se veulent nourrir les paraboles et les croisements historiques sans arriver à rien d’autres qu’à semer la perplexité quant à leur pertinence et, in fine, déboucher sur la lassitude du lecteur qu’il a fatigué. Deux cents pages et quelques sur un peu plus de trois cents suffisent à ma peine et à mon appétence littéraire un rien déçue. Tous les lieux communs de la mémoire collective des Marocains y sont ressassés et dont le travers, pour ce genre de littérature, est de mêler le vrai et l’imaginaire, de façon que l’on ne puisse plus distinguer le probable de l’invraisemblable, finissant par fausser la perception que l’on peut avoir de l’Histoire.  

Ecrit à la manière de, pour faire époque, marqué dans un style suranné par une inflation du subjonctif et de l’imparfait du subjonctif soutenu par un passé pas si simple que ça, fantasmagorique à souhait, L’Historiophage du Royaume porte la croix d’une auto-psychanalyse qui n’a pas touché à sa fin parce qu’elle n’a pas suivi le sentier qui y mène : le divan et quelques antidépresseurs, à faibles effets secondaires de préférence.  

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