Maroc, Espagne - Allemagne : Une forte position souveraine qui requiert un front interne sans faille

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Le Roi Mohammed VI et la Chancelière allemande Angela Merkel à New York le 20 septembre 2010 à l’occasion du sommet du Millénaire pour le déceloppement

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En moins d’une semaine, le ministère marocain des Affaires étrangères a publié deux communiqués aux tonalités extrêmement virulentes à l’adresse de deux pays européens envers lesquels le Maroc n’a traditionnellement pas l’habitude de prendre des positions aussi tranchées.

Avec l’Allemagne, l’escalade a commencé de manière graduelle à travers la suspension de tout contact avec l’ambassade d’Allemagne à Rabat et plus tard le rappel de l’ambassadrice du Maroc à Berlin pour consultations. S’ensuivit un communiqué ferle accusant Berlin de prendre des positions hostiles à son intégrité territoriale, de contrarier son rôle régional en Libye et de pousser la légerté jusqu’à se servir de données sécuritaires sensibles que le Maroc lui a livrés dans le cadre de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme pour les utiliser contre les intérêts vitaux du Royaume.

Côté espagnol, la tension a commencé par la convocation de l’ambassadeur d’Espagne à Rabat pour demander des explications sur l’entrée sur ce territoire ibérique du chef des séparatistes Brahim Ghali avec une fausse identité et un faux passeport. S’en est suivi un communiqué tout aussi tranchant interrogeant Madrid sur la duplicité de sa position et sur l’accueil prémédité du chef des séparatistes sur son sol sans en aviser les autorités marocaines. Rabat conteste également le prétexte de considérations humanitaires avancé parle son voisin du Nord, qui s’affaire en catimini à entraver le travail de la justice sensée enquêter sur les crimes contre l’humanité commis par le chef des séparatistes.

L’Espagne comme l’Allemagne comprennent parfaitement bien que les rapports de force ont connu des changements significatifs et que le Maroc a changé de style dans sa gestion des rapports diplomatiques. Elles comprennent aussi que, dans le sillage de leurs dernières positions, le Maroc a désormais les coudées franches pour faire un usage fort justifié des cartes dont il dispose et qu’il s’est gardé par le passé d’utiliser par égard au partenariat stratégique avec l’Espagne et sa relation solide avec l’Allemagne. Par-dessus tout, Madrid et Berlin savent pertinemment que, après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, la question du Sahara est devenue un paramètre déterminant devant encadrer à l’avenir la relation diplomatique avec les deux pays. Dorénavant, le ton offensif qui remet en question la crédibilité des deux pays est le meilleur moyen de mettre un terme à la duplicité de leurs positions et à aux intrigues ourdies contre les intérêts vitaux du Royaume.

L’Espagne comme l’Allemagne se retrouvent aujourd’hui dans une situation inconfortable. La première avec son système judiciaire et avec l’opinion publique européenne qui observe et juge sa violation des lois et des valeurs européennes, mais aussi avec le Maroc qui a tant donné pour l’aider à sortir de sa crise, alors qu’en guise d’échange de « bons procédés », elle s’ingénie à le poignarder dans le dos. L’Allemagne, elle, se complait à feindre l’étonnement comme surprise par la position du Maroc, s’imaginant que Rabat n’aurait jamis l’audace de rendre publiques les raisons de la tension. Grossière erreur puisqu’un communiqué est venu dévoiler les non-dits de son comportement hostile envers le Maroc.

Que l’Espagne et l’Allemagne soient dans l’embarras ne veut cependant pas dire que le Maroc a remporté la partie ou que la balle est désormais dans le camp adverse. Car le ferme positionnement du Maroc dans ces deux affaires appelle à se prémunir contre toute faiblesse sur le front intérieur qui serait de nature à fragiliser sa position. L’Allemagne en particulier manœuvre sournoisement pour donner l’impression que le Maroc cherche à provoquer un problème diplomatique en vue de la contraindre à épouser sa position, tandis que Berlin ne serait qu’attachée à sa ‘’neutralité’’, constante dans sa position visant à amener les parties à une solution politique équitable au conflit.  Ce faisant, elle cherche à présenter le Maroc comme un Etats déboussolé et que son ministère des Affaires étrangères multiplie de manière désordonné les communiqués incendiaires, au risque d’aller à l’encontre de ses propres intérêts vitaux, et que campagne n’influencera pas la position de Berlin.

La manœuvre allemande serait sans conséquence si elle n’avait trouvé preneur auprès de certains affidés des mouvances radicales, en plus de certains intellectuels et journalistes, tant et si bien que nombre d’entre eux ont fini par ne percevoir la tension avec l’Allemagne qu’à travers le prisme de leur opposition à « l’hégémonisme du pouvoir » et de sa propension supposée à exercer une pression diplomatique pour faire taire les opposants et réprimer la liberté d’expression.

Il s’agit là sans conteste d’un problème à résoudre, dans la mesure où les batailles diplomatiques ne peuvent se passer de la mobilisation du front interne qui doit être outillé en données nécessaires pour en faire une force d’appoint et s’immuniser du même coup contre toute velléité de déstabilisation endogène de la position marocaine.

Lorsque la Suède s’est comportée inamicalement envers les produits marocains sous la pression d’associations proches des séparatistes, la diplomatie marocaine a mené une intelligente campagne de communication au cours de laquelle la presse a joué son rôle en fournissant les éléments nécessaires pour mobiliser le front interne. Une attitude qui s’est avérée fructueuse permettant de gagner ou du moins de neutraliser les expressions radicales toujours à la recherche d’un argument pour acculer le pouvoir. A l’inverse, l’on assiste aujourd’hui à une absence flagrante de communication intelligente, contre une hypertrophie de propagande qui ne saurait servir d’arme puissante dans la mobilisation du front interne.

Cette mobilisation a besoin d’un discours fort, adossé à des données convaincantes, et mené par des élites crédibles de divers horizons pour contribuer à l’explication des faits et partant à la création d’un front interne consciemment et totalement acquis à la position marocaine. En revanche, le recours aux mêmes élites émoussées et à la propagande ouvre immanquablement la voie à l’infiltration subversive qui transforme, en interne, certains en zélateurs au service de la thèse des adversaires.

 

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