Opposition low-cost

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Aujourd’hui, les réseaux sociaux, mais pas uniquement, nous offrent un spectacle affligeant.

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Le Maroc est un pays où la vie politique post indépendance a été intense et parfois violente. Mais nous avions une opposition qui avait un projet sociétal, politique. Même dans l’adversité absolue, cette opposition était attachée aux intérêts supérieurs de la Nation. 

La question du Sahara qui a enclenché une unanimité qui a permis la récupération des territoires du Sud est le fruit de cette osmose patriotique. Mais ni Abderrahim Bouabid, ni Ali Yata, ni Bensaïd Aït Idder n’ont abandonné la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux, mais pas uniquement, nous offrent un spectacle affligeant. Les opposants d'aujourd'hui sont désormais d’un autre genre. Il y a un flot d’inepties, de contre-vérités, d’ignorance qui circule et qui est affligeant.

Certains cherchent l’appui de l’étranger, du statut de réfugié, se mettant au service de volontés d’influence externe. C’est juste désolant. Ces épiphénomènes cachent un environnement plus important, celui de l’intolérance, y compris chez les pseudo-opposants.

Le drame est endogène. Dès qu’un Alem s’émancipe de leurs théories ignares, il est l’objet de fatwas takfiristes; dès qu’un journaliste défend des positions rationnelles, il est accusé de travailler pour les services secrets, « l’horrible » Makhzen. Les partis politiques ne sont pas mieux traités, même dans leur diversité.

C’est un véritable terrorisme intellectuel qui agit sur la toile. Mais il n’aurait aucune chance, s’il y avait une réaction pour défendre le débat public, les vrais idéaux démocratiques.

Les oulémas, y compris ceux grassement payés par le contribuable, ne réagissent qu’à la demande. Les partis politiques préfèrent ignorer ces phénomènes qu’ils considèrent marginaux. Quant aux intellectuels, ils sont aux abonnés absents.

Cela pourrit le débat public. Des gens craignent de prendre la parole et de se voir livrés à cette vindicte fascisante. Du coup, les débats fondamentaux disparaissent, qu’ils soient politiques, sociaux, ou sociétaux, par peur des campagnes haineuses, construites autour du vide.


Il y a bien évidemment des youtubeurs et des youtubeuses qui sont attachés à leur pays, dont on peut ne pas toujours partager la pertinence des points de vue, mais dont il faut absolument défendre la liberté d’expression.

Les élites marocaines ont le choix entre défendre un projet sociétal, bâti autour de consensus nécessaires et de divergences clairement identifiées, ou se soumettre aux diktats d’incultes qui font du bruit sur la toile.

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