''Défis de la gouvernance par temps de pandémie'' et ''multilatéralisme dans la construction d'un nouvel ordre mondial''

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Le président du PCNS, Karim El Aynaoui

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Rabat - Les "défis de la gouvernance par temps de pandémie" et le "multilatéralisme dans la construction d’un nouvel ordre mondial" ont été au centre des débats lors des deux premiers webinaires de la 10ème édition de la conférence internationale de haut niveau "Atlantic Dialogues", lancée début novembre par le Policy Center for the New South (PCNS).

S’exprimant à l’ouverture de cette édition, tenue sur le thème de "l’Atlantique élargi en récupération difficile" de la crise Covid, le président du PCNS, Karim El Aynaoui, a évoqué les défis qui se posent pour la politique macroéconomique au niveau mondial, dont le changement dans la loi internationale, la rivalité accrue entre la Chine et les États-Unis et la concurrence entre les puissances arabes, africaines et asiatiques qui est en train de changer le paysage politique.

Ces changements n’affectent pas uniquement le Sud de l’Atlantique, mais également ses partenaires transatlantiques classiques, a soutenu M. El Aynaoui, cité mercredi par un communiqué du PCNS.

Organisée en présence d’Ana Palacio, Paulo Portas et Hubert Védrine, anciens ministres des Affaires étrangères de l’Espagne, du Portugal et de la France, ainsi que d’Obiageli Ezekwesili, ancienne ministre de l’Education du Nigeria, co-fondatrice de Transparency International et conseillère économique senior de l’Africa Economic Development Policy Initiative (AEDPI), la première session de cette édition a abordé "le défi de la gouvernance par temps de pandémie".

Les intervenants ont évoqué deux grandes questions sur les réponses des gouvernements et le rôle de la gouvernance pour surmonter la pandémie, livrant des analyses marquées par une grande diversité de vues, dans l’esprit des Dialogues atlantiques.

"La Covid-19 est un problème mondial et la solidarité internationale n’a pas été effective", a souligné Obiageli Ezekwesili, appelant à une refonte du multilatéralisme.

Ana Palacio a, de son côté, estimé que la Covid ne représente "qu'une crise, et il y en aura d'autres".

La pandémie, selon elle, "a été un révélateur, notamment du populisme, avec des leaders comme Donald Trump et Jair Bolsonaro qui ont fait preuve d'arrogance et même d'insuffisance. Une situation dévastatrice s'est déclarée en Amérique latine. Nous avons constaté l'infiltration de la Chine dans le système multilatéral, et l'incompétence de l'Union Européenne, où s'est manifesté un égoïsme intra-européen".

Pour Paolo Portas, "très peu de gouvernements ont bien géré la pandémie, comme la Corée du Sud, Taïwan et Singapour, des pays qui avaient déjà affronté le SARS. Alors que l’Europe, société vieillissante, a beaucoup souffert, l’Afrique est jeune et a montré une plus grande mémoire pandémique".

Hubert Védrine a, pour sa part, estimé "exagéré de parler d’un échec de gouvernance", notant que "le multilatéralisme ne peut pas imposer de décisions à des pays puissants". Il appelle cependant à une évaluation globale de la gestion de la pandémie que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) "pourrait conduire malgré ses manquements".

La deuxième session de cette édition a abordé le multilatéralisme dans la construction d’un nouvel ordre mondial, souligne la même source.

Modéré par Andres Schipani, correspondant du Financial Times à Nairobi, ce panel, organisé le 5 novembre a permis à Paolo Magri, directeur du think tank italien ISPI et Youness Abouyoub (Maroc), responsable de la "construction de l’État" dans la région MENA pour les Nations Unies, de s’exprimer sur l’état du multilatéralisme.

"Mon pays d’abord" telle a été l’approche de tout le monde durant la pandémie, a souligné Paolo Magri, expliquant que chacun a placé ses intérêts en premier. "Cette crise globale est survenue en pleine transformation du monde dominé par l’Occident tel que nous l’avons connu. La Chine et la Russie se rejoignent, ce qui était impensable il y a 20 ans. Aujourd’hui, pour plusieurs raisons, nous poussons la Russie dans les bras de la Chine, et d’autres pays pourraient la rejoindre", a-t-il ajouté.

Youness Abouyoub a estimé, pour sa part, que cette transformation n’offre pas de réelle alternative, soulignant que "nous n’avons plus deux façons de voir le monde comme durant la guerre froide, mais une compétition entre deux types de nationalismes. Aller d’une domination à l’autre n’est pas une solution. L’économie n’est pas vue comme étant au service du développement, et le monde n’est pas considéré comme un bien commun".

A rappeler que les 20 sessions de cette édition sont déclinées sous forme de webinaires, accessibles en ligne sur les pages Facebook, YouTube et Atlantic Dialogues du Policy Center.

Les 18 autres sessions des Dialogues atlantiques, programmées en novembre et décembre, iront de la géopolitique à l’économie, en s’interrogeant sur le changement climatique et les impératifs de santé publique dans le Sud global.

 

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