L’INSAISISSABLE ''AHMED AL - ALJ AL - INGLIZI'' OU LA BIOGRAPHIE IMPOSSIBLE – PAR ABDEJLIL LAHJOMRI (L’INTEGRAL)

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La plus ancienne mosquée de la capitale du Royaume ‘’ Al-masjid Al Atiq ‘’( المسجد العتيق )

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la série de chroniques sur le personnage d’Ahmed Al-Alaj Al-Inglizi aurait pu emprunter à Gabriel Garcia Marquez pour s’intituler Chronique d’une insaisissabilité annoncée. Dès le départ, ses recherches dans les livres d’histoire ont fait comprendre au Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume que les origines et la vie du héros de sa quête se perdaient dans la nuée de renégats et convertis que Bartholomé et Lucile Benassar appellent Les Chrétiens d’Allah. Pour autant, la minutieuse investigation de Abdejlil Lahjomri a rapproché le lecteur de cette figure quasi arlésienne au point de faire apparaitre Linglizi comme le véritable ‘’bâtisseur de Mogador’’ reléguant à une fonction subalterne Théodore Cornut. Elle a aussi permis de mettre en lumière la part importante des convertis dans la modernisation du Maroc et, chemin faisant, de mieux comprendre l’ouverture sur l’extérieur et ses apports d’un Maroc que certains décrivent comme un pays insulaire, une ouverture encore plus forte aujourd’hui que jamais. Il y a aussi les cotés anecdotiques et collatéraux de cette enquête qui ont amené Abdejlil Lahjomri vers les non-dits de l’histoire et parfois de son ironie. Et en conclusion, il y a, pour lui qui entretient avec la recherche historique et l’écriture de l’histoire un rapport militant, la mise en exergue de ce qui l’a le plus irrité dans ses recherches : l’imprécision des sources qui le laisse dubitatif. Publiée en quatre parties, cette série est rassemblée ici et rediffusée à la demande de plusieurs lecteurs. Mais Pas seulement. L’offrir au lecteur en une partie pour lui restituer son unicité et sa continuité, nous a semblé tout aussi important tant cette investigation de Abdejlil Lahjomri ouvre une nouvelle perspective pour la lecture de l’histoire du Maroc. 

I

Quand mon ami Naïm Kamal, souvent intrigué dans ses promenades par tout ce qui reste encore de mystérieux dans la ville de Rabat m’a demandé qui était ‘’Ahmed Al Alj Al Inglizi ‘’ dont le nom figure sur la plaque commémorative de la plus ancienne mosquée de la capitale du Royaume ‘’ Al-masjid Al Atiq ‘’( المسجد العتيق), discrète mosquée almohade dans le quartier des Oudayas, j’étais convaincu que des recherches rapides et  fructueuses allaient facilement me permettre de satisfaire sa curiosité légitime. De plus j’étais persuadé que je rencontrerai plus de difficultés à identifier qui était ‘’Belmaati’’dont le nom signe cette plaque que de faire la biographie d’un des plus fameux collaborateurs  du sultan  Sidi Mohammed Benabdellah, accélérateur de modernité dans l’histoire du Maroc contemporain. 

Je me suis très vite rendu compte que j’étais un peu présomptueux, qu’il me fallait faire preuve de beaucoup de modestie devant les  secrets  qui peuplent l’histoire des nations  et que nous avons avec ce familier des sultans, renégat, corsaire et bâtisseur un personnage  insaisissable dont la biographie allait s’avérer impossible. Une espèce de fantôme en quelque sorte. Tous les historiens qui parlent de lui à propos de Rabat et d’Essaouira utilisent le qualificatif de ‘’fameux’’. Pourtant on ne sait rien de lui. En saurions nous davantage si des chercheurs, disposant de nouveaux documents grâce à la récente activité d’archivage dynamique qui se déploie devant nous, s’intéressaient plus à l’histoire anthropologique au lieu de s’investir   dans l’histoire événementielle ?  Ce qui éclairerait des pans encore inconnus de l’histoire d’une nation plurielle. Son nom est écrit de diverses manières et nous n’avons aucun portrait de lui. Douaif الضُّعَيِّف, l’historien de Rabat, dit qu’il jouissait d’une grande influence auprès du sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah. Deux évènements le prouvent. C’est à lui, un renégat, qu'a été confié le réajustement de la QUIBLA dans la mosquée almohade des Oudayas et c’est le seul des serviteurs de ce sultan, dont le patronyme allait figurer auprès de l’Auguste nom de son maitre sur une inscription dans le médaillon de la ‘’Porte de la Marine’’ à Essaouira. 

On sait, qu’en dehors de la tradition architecturale ottomane, les noms des ‘’architectes’’, ‘’ingénieurs’’, ‘’maçons’’, ‘’ouvriers’’, ‘’maalem’’ qui avaient contribué à la construction des splendeurs monumentales de l’art islamique sont rarement conservés, rarement inscrits dans les chefs-d’œuvre édifiés. On ne saura peut-être jamais pourquoi la Tour Hassan porte ce nom-là, ni qui a bâti la Koutoubia, ni la Giralda. Aucune trace dans les manuscrits. Aucune trace épigraphique.

Mais on sait, grâce à cette curieuse inscription, qui a construit la ‘’Porte de la Marine’’ à Essaouira ! Privilège inouï !

Mes maigres connaissances en épigraphie ne m’autorisent pas à affirmer que nous avons là un cas unique d’inscription où sont gravés le nom d’un illustre souverain suivi de celui d’un de ses serviteurs, célèbre fut-il. Quand on sait qu’une telle inscription ne pouvait être ainsi calligraphiée qu’avec l’autorisation, l’aval et la bénédiction du sultan, on en déduit qu’en effet l’influence de ce serviteur devait être immense.

Dès lors, comment se fait-il qu’il soit impossible d’écrire sa biographie, de conter sa vie qui a dû être tumultueuse. Il commença par être corsaire à Salé, renégat et bâtisseur à Rabat et à Essaouira auprès d’un sultan dont le règne fut un grand règne d’unification et d’édification ? 

L’enquête poursuivie allait toutefois devenir complexe et déconcertante quand dans les livres d’ histoire comme chez ‘’Abou Kacem Azzayani’’ (أبو القاسم الزياني )on apprend que My Abdellah, fils de My Ismaël, père de Sidi Mohamed Ben Abdellah,  six fois détrôné, six fois réinvesti, allait terminer la construction de la  grande porte de Meknès qui a comme nom  le nom de Bab Mansour Al Alj en  la confiant à un certain  architecte qui aurait accompli cette tâche et qui s’appellerait Ahmed Al Alj. Il semblerait de plus que ce personnage ait vécu sous le règne de My Ismaël comme son contemporain Thomas Pellow, qui, lui, a, heureusement pour les historiens, écrit le récit de sa captivité. Lahcen Daaif (qui n’a rien à voir avec Douaif الضُّعَيِّف, l’historien de Rabat), chercheur au Cnrs -France) auteur qui réalisé une belle étude sur la merveilleuse porte Bab Mansour al- Ilğ (c’est ainsi qu’il écrit son nom) affirme : ‘’Cependant, nulle information ne nous est parvenue sur le nom de cette porte, Bab Mansour al - Ilğ, qui lui viendrait de son architecte. Il s’agirait d’un chrétien, vraisemblablement d’origine espagnole, converti à l’Islam, d’où l’épithète Ilğ, « renégat », qui se serait donné le nom de Al Mansour (le Victorieux).’’ Dans la relation de voyage du danois Georg Host, qui a bénéficié de la confiance de Sidi Mohammed Ben Abdellah, on trouve cette indication ‘’ […] à quoi Mohamed fit répondre en espagnol par le renégat Mansor […]’’. Serait-ce le même Mansour qui aurait réalisé l’étonnante porte de Meknès, esclave que Sidi Mohamed Ben Abdellah aurait hérité de son père comme serviteur ? Il aurait, si l’hypothèse s’avérait juste, servi trois rois : My Ismaël, son fils My Abdellah, et son petit-fils Sidi Mohamed Ben Abdellah. Ce qui de expliquerait la grande affection que ce dernier lui témoignait. Mais pourquoi donc l’historienne Bilmuqaddam Ruqayya affirme- elle, elle, dans son article sur cette porte meknassie dans le volume 21 de ‘’Maalamat al Maghrib ’’ ( معلمة المغرب) que cet ingénieur s’appelait en fait Ahmed Al Inglizi, surnommé Ahmed Al Alj ?  Y aurait- il alors deux Ahmed Al Alj, l’un espagnol, l’autre anglais qui s’appelleraient tous les deux Mansour, qui tous deux furent, renégats et bâtisseurs et qui tous deux auraient servis My Ismaël, My Abdellah, et Sidi Mohamed Ben Abdellah et auraient eu une place enviable auprès de ce dernier ? 

II

C’est fort peu probable qu’il y en ait eu deux. Les Al - Eulj, ou Al - Oulouj (au pluriel), il y en a eu pourtant beaucoup et le nom d’Ahmed était souvent utilisé parmi ceux que les convertis choisissaient. Il y avait même un quartier à Essaouira qui portait leur nom. Dans son étude sur ‘’ Les Renégats et leur contribution à la construction de l’Etat marocain‘’ qui inspire l’essentiel de cette deuxième partie, Marc - André - Nolet nous dit : ‘’ Un nom fut ainsi utilisé pour désigner les nouveaux convertis à l’Islam, elche. Les elches étaient des renégats et il est possible de supposer que ce terme est issu d’une généralisation, celle voulant que plusieurs convertis étaient originaires de la plus grande palmeraie d’Europe, Elche. Il est donc vraisemblable que le nom s’est ensuite popularisé [...]’’. Lakhdar Omar, dans son essai ‘’ Mogador, Mémoires d’une ville‘’ nous précise, se référant, lui, à ‘’ L’Encyclopédie de l’Islam‘’ que ‘’le mot Alj vient de Alsh, ou Elch, petite ville du Levante espagnol (Shark al Andalous) à vingt kilomètre au Sud d’Alicante, célèbre pour sa palmeraie qui existe toujours […]’’. Marc - André - Nolet fait remarquer dans son mémoire que ‘’l’historiographie actuelle semble délaisser le rôle joué par ces transfuges au Maghreb […]’’, citant, à juste titre, les rares documents comme ‘’les Sources inédites de l’histoire du Maroc ‘’ de Henri de Castries, et plus récemment l’œuvre de Bartholomé et Lucile Benassar ‘’Les Chrétiens d’Allah’’. Son étude va essayer de combler cette lacune et nous convaincre que, le ‘’groupe social’’ (il utilise aussi les appellations de ‘’classe’’ et de ‘’caste’’) des renégats a joué, des Saadiens au règne de My Ismaël, un rôle déterminant dans l’édification et la modernisation de l’Etat marocain. Les comparant ainsi imprudemment, me semble- t- il, aux janissaires ottomans.  Il m’a paru, de plus, que sollicitant un peu les évènements et les textes, il a grandement exagéré leur contribution, non à la modernité qu’ils avaient essaimée, mais à la mise en œuvre et à la création d’une charpente administrative de l’Etat marocain. En l’absence regrettable d’études et de recherches qui pourraient confirmer ou infirmer  son audacieuse hypothèse , on peut suggérer que le rôle de cette ‘’caste’’  fut en effet  important dans des domaines comme ceux de  la guerre, de l’armement, de la navigation, de l’administration des provinces,  de la construction, de l’ingénierie,  de la maçonnerie, du commerce, de la sécurité, de la diplomatie, de l’interprétariat, de la médecine, voire pour certains d’entre eux de l’éducation. 

 Difficile dans le cadre de cette chronique d’engager un débat sur cette approche qui n’hésite pas à affirmer, preuves historiques à l’appui, que ‘’la caste’’ des convertis, (je préfère employer ce terme au lieu de renégats, aux relents dépréciatifs), dès leur ascension sous les Saadiens à leur déchéance au cours de la deuxième moitié du XVIII siècle, a assumé ‘’ la base de la modernisation étatique du Maroc’’. ‘’ Il semble, écrit-il, que ‘’ les renégats furent assez nombreux pour que l’Etat ait recours à eux et pour qu’ils furent pendant cette période l’élément moteur dans la modernisation […].’’

 Aux historiens d’en débattre. Quant à nous qui sommes curieux de savoir qui ils sont et d’en identifier quelques-uns dont nous conterons le récit comme ce mystérieux et célèbre mais insaisissable Ahmed Al - Alj -Al Inglizi, essayons de glaner, dans cette étude qui ouvre une voie nouvelle de l’historiographie marocaine et éléments de biographie qui illustreraient leur rôle méconnu mais déterminant.

 Son affirmation, que je partage, qui avance que la fin du XVIII siècle verra le début de la déchéance de ce ‘’groupe social’’, nous permet, dans le cadre de notre enquête de suggérer que l’intrigant personnage Ahmed Al-Alj al-inglizi a surement été l’un des derniers convertis, auprès des sultans à jouir de leur confiance des sultans.

Marc -André - Nolet, tout en signalant la présence d’étrangers sous les Wattassides, considère que l’essor de la ‘’caste’’ des convertis a commencé précisément avec leur victoire à la Bataille des Trois Rois.

Se référant à De Castries, il avance le nombre de trois mille (3000) combattants du côté de l’armée marocaine. Il conclut sans hésitation que les ‘’Saadiens avaient néanmoins enclenché le processus de modernisation de leur pays, entre autres, par la fondation d’un corps de convertis fidèles au pouvoir central ‘’ et que la ‘’Bataille des Trois Rois’’ avait été ‘’l’évènement marquant qui a propulsé les renégats à l’avant-scène de la politique et de l’administration marocaine.’’

 On apprend que l’un d’entre eux (portugais) avait bénéficié d’une grande confiance sous le Saadien Abdelmalek pour occuper la fonction de Chambellan. ‘’ L’ambassadeur espagnol Juan de Vargas Mexia, rapporte Marc - André - Nolet, ajoute que le Chambellan en fonction était un renégat affranchi par Abdelmalek. Il se faisait appeler le Caïd, ou général Redouan el - Eulj. De plus il fut décrit ‘’ vice - roi de l’Empire marocain’’ par l’Ambassade espagnole de 1579. Ses accomplissements pour le bénéfice du sultan marocain furent nombreux et il avait parait-il caché la mort d’Abdelmalek jusqu’à la fin de la journée pour ne pas démoraliser les troupes, ce qui fut confirmé par une source arabe anonyme‘’.

 Il rapporte un intéressant et instructif passage de ‘’Nozhat - el- Hadi, Histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1511- 1670) de Mohammed es- Seghir al - Oufrani qui éclaire en grande partie ses propos et justifie son hypothèse : ‘’ Il [Ahmed al-Mansur] choisit parmi les étrangers quelques affranchis qu’il éleva à ses frais et qu’il combla de faveurs. C’est ainsi qu’il fit choix de Moustafa - Bey […] lui donna le commandement spécial des spahis et le chargea en outre de garder la porte du palais impérial. Au nombre de ces affranchis, il faut encore citer : le pacha Mahmoud, chargé des trésors publics, le caïd El - Oloudj, chef de la troupe des renégats, le pacha Djouder le conquérant du Soudan, chef des troupes andalouses […] Omar, le caïd de l’armée du Sous. Tels étaient les principaux renégats que le prince avait à son service, mais au-dessus d’eux s’en trouvaient encore d’autres, comme Bakhtiar et Beghi […] Tous les soldats étrangers turcs et renégats furent divisés en six corps […], spécialement chargés de la cuisine et du transport des vivres, avait commr chef Bakhtiar était un des prisonniers fait à la bataille de Ouadi El -Mekhazin.’’

 M. A. Nolet ajoutera : ‘’ ainsi, les renégats étaient très bien vus, non seulement par le Sultan, mais également par la population comme l’indique une autre affirmation d’Al- Oufrani, louangeant les renégats, ‘’si les musulmans étaient comme le poète appelé Eddaim Moumen, aucun désastre ne pourrait atteindre les musulmans‘’. Ce chercheur ajoutera : ‘’ De plus sur les quatre pachas qui régnèrent sous Ahmed al - Mansour au Songhai, tous furent renégats ‘’. Et sous le commandant- converti de l’armée du Soudan Djoudar il y en avait d’autres comme l’illustre cette autre citation d’AL –Oufrani : ‘’ le pacha Djoudar fut mis à la tête de cette expédition. Il avait avec lui une dizaine de généraux, le caïd Mostafa- el- Torki, le caïd Ahmed - el- Harousi - al- Andaloussi […] le caïd Ammar - el - Fetase le renégat, le caïd Ahmed -ben Youssef  le renégat , le caïd Ali-ben- Mostafa le renégat, ce dernier […] fut le premier chef marocain investi du commandement de Kagho [...] Deux lieutenants - généraux commandaient les deux ailes de l’armée, Ba- Hassen- Friro le renégat, l’aile droite, et Qasem - waradououï-el - Andaloussi, l’aile gauche […] Dans les colonnes militaires suivantes, encore là, se trouvaient en poste d’autorité quelques renégats, dont Ahmed ben Youssef el -Euldji, probablement un fils de renégat, le caïd Bou Ikhtiar, le fils d’un prince réfugié au Maroc, […] Mostafa- el -fil, Abdemalek - el - Bortoqali et le pacha Soliman.’’

 Cependant, si comme pour notre Ahmed al - Alj - Al Inglizi, les noms de hauts responsables, jouissant de la confiance de leurs maitres étaient identifiés ; nous ne disposons que de cela, avec quelques maigres informations sur les actions qu’ils accomplirent, parfois sur leur destin, et surtout sur leur mort pour certains violente. Quant à leur nom de famille d’origine, leur pays, les causes de leur conversion, les raisons de leur ascension, rien.  Avaient-il une famille avant cette conversion, en avaient ils fondé une après dans leur pays d’adoption ? Qu’en est-il de leur descendance, de leurs héritiers. Rien non plus ou si peu. C’est comme si une chape avait été jetée sur cette ‘’caste’’, qui la faisait disparaitre et biffer des récits historiques, empêchait et interdisait toute investigation.

Un peu désenchanté et pressentant une biographie impossible, je continuerai  malgré  tout mon enquête  sur le converti corsaire et bâtisseur Ahmed al - Alj Inglizi, dans l’espoir de réunir le maximum d’informations pour  faire son  portrait et éviter à cet acteur de modernité une seconde mort qui serait sa disparition définitive du cours de l’histoire du Maroc qui fut son pays et qu’il a si fidèlement servi .

III

Plus je poursuivais ma quête concernant ‘’linglizi’, plus il m’échappait. Plus je persistais et persévérais dans mes investigations plus il fuyait et disparaissait entre les lignes des livres d’histoire, des récits de voyage. Dans cette enquête  improbable, ce n’est pas lui que j’allais rencontrer , mais un autre converti  qui s’appelait  Abderrahman al  -Alj , qui  n’était pas anglais mais  français et jouissait  d’une biographie  palpitante : Un personnage de roman, en quelque sorte.

Un auteur qui s’emparerait des évènements de sa vie écrirait sans aucun doute un passionnant roman. C’est chez Al Abbas Ibrahim Semlali que je le rencontrais pour la première fois dans son écrit « الإعلام بمن حَلّ بمراكش و أغمات من الأعلام » Toutefois comme cet auteur s’était inspiré de l’œuvre du diplomate Henri de La Martinière ‘’ Souvenirs de voyage au Maroc’’, le chapitre IX de cet ouvrage instructif et documenté sera la charpente de cette chronique. On y apprend qu’il aurait eu mille et une vies. Son prénom français n’est pas cité, mais son nom de famille nous est donné. Il s’appellera donc Abderrahman De Saulty. La famille De Saulty serait une modeste noblesse dont les ainés devaient devenir prêtres et les cadets s’engager dans l’armée. Notre homme devint officier de génie et partit pour l’Algérie, vers 1840, selon De La Martinière. Pourquoi déserta-t-il pour se réfugier d’abord en Tunisie, ensuite au Maroc ? A cause ‘’d’une mésaventure romanesque d’une infinie tristesse‘’ nous dit le diplomate. Là, l’imagination d’un romancier pourrait nous être utile. Serait-ce un amour à la Roméo et Juliette ? Mais le diplomate parle d’une ‘’mésaventure romanesque’’. Serait-ce un duel entre deux amoureux qui se serait tragiquement terminé ? Ce ne fut certainement pas le cas puisque le diplomate n’évoque ‘’qu’une   mésaventure‘’. Une séparation, comme il en arrive souvent, pour mille et une raisons ? Nous ne le saurons jamais et Abderrahman n’en parlera jamais. Il ne se confiera à personne au cours de sa longue vie. ‘’Il aurait commis une faute‘’ avouera - t - il , à quelques amis sans trop de détails  estimant  l’avoir suffisamment  expiée par une  absolue rupture d’avec son pays, sa famille et sa première vie. Il choisit Larache, pour vivre dans un total anonymat, obscur industriel ayant édifié une fabrique de savon, discret commerçant vendant des biscuits, du chocolat et autres produits à Tanger. 

De La Martinière nous dit qu’il avait conversé avec son fils. Nous saurons au cours de son évocation de la vie de ce digne personnage que le Sultan Sidi Mohammed Benabdellah le ‘’maria à une femme de couleur de sa maison. Il en eut deux enfants: un qui devait rentrer à [son] service ‘’ prétend-il, et une fille qui parait avoir été sa préférée ; elle laissa un fils encore vivant à Marrakech‘’. Si l’on se tient à cette présentation, le fils de Abderrahman aurait travaillé pour de La Martinière. Mais pourquoi donc c’est au près d’un vieux ‘’Abd’’ des ‘’Abid Boukhari le ‘’maalem Tebaili (qui avait bien connu Abderrahaman) que le diplomate, comme il nous l’apprendra, alla   chercher son portrait alors que son fils qui était à son service pouvait très bien la lui procurer ? Le maalem Tebaili décrit Abderrahman al-Alaj comme ‘’ un bel homme grand, bien fait, à la figure ouverte, avec une longue barbe et un peu de corpulence ; un air de dignité se dégageait de sa personne mais aussi de tristesse.’’ Il semble si la chronologie que j’ai essayée d’établir s’avérait juste ; qu’il aurait dans sa carrière servi trois sultans. Moulay Abderrahman (1822-1859) .Mohammed IV (1859-1873) et Moulay Hassan (1873-1894). C’est Moulay Abderrahman qui l’aurait, parait-il, sorti de l’anonymat de Larache et dans un premier temps, nous dit le diplomate ‘’l’appela à Meknès, et lui confia l’arrangement de la route de Fès, puis le gratifia d’une mule et d’une somme de deux cents douros’’. Il le rappela dans un deuxième temps pour l’attacher définitivement à la cour.  Moment mal choisi pour notre converti puisque la guerre entre la France et le Maroc imminente  – s’agirait-il de la Bataille d’Isly ? -  allait être cuisante pour le Maroc. Abderrahman al - Alj ayant prodigué des conseils qui n’auraient pas été suivis ou pas appréciés, ce n’est qu’après la défaite que ‘’l’on se rendit compte de l’excellence de ses conseils, que son crédit grandit’’ et qu’il bénéficia de la confiance de Mohammed IV, récemment intronisé.  Au point ‘’qu’il fut, selon de La Martinière, admis dans l’intimité du Sultan jusque dans son harem’’.

Les Travaux qu’il effectua pour Mohamed IV sont :      

Elévation de la porte dite Bab Boujloud à Fès;

Détournement de la rivière de Fès qui passait, jadis, au pied des murs du palais ; 

Création d’une belle place d’armes d’environ quatre hectares ; 

Construction des ponts de la route de Meknès à Fès et du pont de l’oued Mikkas ; 

Etablissement dans les palais impériaux d’une grande quantité de cadrans solaires que l’on y trouve encore de nos jours ; 

Et, pour moi, le plus émouvant : l’établissement du cadran solaire du Sanctuaire de Sidi Bel Al Abbas Es Sebti à Marrakech.

 De plus, il fut un moment responsable de la direction de l’artillerie. Avait-il été aussi enseignant de mathématiques ? C’est ce que dit Semlali. Il a plus probablement dirigé l’école de formation militaire et on nous signale le nom de deux de ses étudiants ; un certain Ahmed Souiri et un certain Idriss Belghiti.

Si l’on en croit le diplomate Henri de La Martinière, ‘’ Moulay Hassan qui l’affectionnait lui avait confié l’examen de ses comptes. Il reçut pour un temps la jouissance de la petite Mamounia […] et enfin on l’avait également gratifié de la ferme de la vente du café à Marrakech ‘’.

Selon Al Abbas Semlali dans son livre précité, Abderrahmane al Alj aurait écrit des livres dont le plus connu est « رسالة الشيخ عبد الرحمان لعلج في الكرة ». 

Un diplomate, Mr Feraut, l’aurait entrevu dans la cour de Moulay Hassan et le décrivait comme ‘’un grand vieillard à l’air majestueux et distingué […] il aurait cru voir des larmes aux yeux de l’ancien officier à la vue des uniformes français qui entouraient l’ambassadeur’4 .

Peut-être que ces larmes, en fin de compte, n’avaient rien à voir avec les uniformes mais simplement étaient signes de l’infinie tristesse qui rappelait à Abderrahman sa faute, jamais oubliée, jamais effacée de sa mémoire, qui a habité son cœur et sa conscience tout au long de sa tumultueuse carrière

‘’Il mourut à Fez en 1879; sa tombe au cimetière Bab Mahrouq est celle d’un pieux musulman ; sans apprêt, elle se confond avec les autres et le temps ne tardera pas à l’effacer comme il efface toute chose de cette terre ‘’.

Ce ‘’al Alj’’ dont l’intégration fut un modèle de réussite, de dévouement, de compétence et de discrétion n’a pas bénéficié du privilège d’avoir son nom calligraphié au coté de son maitre le sultan sur le fronton d’un édifice patrimonial. ‘’Linglizi ‘’ dont on ne sait rien et dont on ne connait que le nom de converti, si !  Caprices de l’histoire ! 

Vaudrait-il mieux entrer en postérité avec Abderrahman  al - Alj, comme  acteur connu et reconnu dans l’histoire de la nation qui l’a accueilli ou y entrer   comme acteur fantôme dans un  anonymat  presque total, ne léguant aux manuels d’histoire que des bribes  d’une vie qui fut  certainement  passionnante, mais qui en définitive allait être occultée, oubliée, escamotée comme Ahmed al - Alj ‘Linglizi’ ? 

C’est uniquement la tombe de Abderrahman al Alj qui fut effacée. Sa vie, quant à elle, est au contraire passée à la postérité. Ce sont la vie et la tombe de ‘Linglizi’ qui furent toutes deux effacées et il n’accéda jamais à la postérité ou s’il y parvient c’est à une postérité mutilée. Son existence et sa proximité des sultans, elles, n’auront laissé que des traces évanescentes, imprécises, rendues parfois confuses par des historiens ou apprentis historiens, pressés et peu rigoureux. La vie de ‘’Linglizi’ allait devenir de plus en plus opaque au cours de notre investigation et son portrait se révéler définitivement insaisissable. 

Ce que nous apprendra la dernière et quatrième partie de cette chronique, c’est que la question de mon ami Naïm Kamal était pernicieuse et que au fond ce n’est pas la biographie de ‘’Linglizi’’ qui l’intéressait mais l’évocation de tout un pan inconnu de l’histoire du Maroc : celui des corsaires, renégats intimes des sultans qui furent bâtisseur du Maroc moderne, ceux que Bartholmé et Lucile Benassar ont appelé ‘’ Les Chrétiens d’Allah’’. 

IV

Si vous questionnez les moteurs de recherches sur les plus fameux corsaires convertis dans l’histoire de la course au Maroc, ils vous signaleront inévitablement trois : Jan Janszoon, Ibrahim Vargas et Ahmed El Inglizi, connu sous le nom de Linglizi. 

De Jan Janszoon (Mourad Rais de son nom de converti), ils vous diront qu’il était flamand, ‘’de la puissante connexion flamande de Salé, à tel point qu’il devint le fondateur du divan de Salé à la fin des années 1620. Et que ce fut lui qui conduisit l’extraordinaire raid vers Reijkavik en 1627’’, comme le précisent Bartholomé et Lucile Benassar.

Ils vous parleront peu d’Ibrahim Vargas. Ils vous diront seulement qu’il fut l’ancêtre de la famille Bargach et le premier président d’une supposée ‘’république‘’ corsaire à Salé. Le débat sur cette entité guerrière, économique appelée Divan ou République n’étant pas clos, nous ne nous attarderons pas sur les fonctions qu’auraient exercées ces deux convertis et cèderons la plume à ceux qui, plus qualifiés que je ne le suis, auront la compétence de nous conter son histoire    

En ce qui concerne cependant notre homme ‘’Linglizi’’, ils n’évoqueront aucune activité de course, aucun exploit en mer. Ils rappelleront simplement que son prénom est Ahmed, et vous informeront qu’il a fortifié les remparts andalous de Rabat. Comment se fait-il alors qu’il jouisse en tant que corsaire du qualificatif élogieux de ‘’fameux’’ ?

C’est la première zone d’ombre à propos de ‘’Linglizi’’ : il fut certainement corsaire comme le veulent les livres d’histoire mais nous ne savons rien de lui en tant que corsaire. Fameux, acceptons cet éloge mais rien ne le justifie dans sa cohabitation avec les Morisques. Ils nous le montrent se déplaçant entre Rabat et Salé, gestionnaire des ports avec un certain Haj Boubker Guessous, mais rien à propos de sa conversion, ni comment ni pourquoi il apparait dans l’entourage du Sultan. On a supposé qu’il vivait sous Moulay Ismaël, que c’est à lui que  son fils  Moulay Abdellah a confié l’achèvement de l’illustre porte Al Mansour de Meknès qui porte son nom, et c’est, parait-il,  Mohamed Ben Abdellah qui, ayant apprécié  sa monumentale œuvre l’a rapproché de lui. Il devint   ‘’fameux’’ mais comme bâtisseur. Ce qualificatif serait alors pleinement justifié.  

Célèbre donc mais comme ingénieur chez les uns, comme architecte, urbaniste chez d’autres. Dans certains textes il est chef de chantiers, ailleurs il n’est qu’un aide parmi la multitude d’ouvriers. Ses travaux et réalisations sont une illustration probante de cette célébrité légitime. L’achèvement de la porte Al Mansour de Meknès, la rénovation de la mosquée de Oudayas, le Borj Sirat à Rabat, la rénovation de l’ancienne médina almohade, la porte de la Marine à Essaouira, l’ensemble défensif qui l’avoisine, des bastions et plusieurs ouvrages qu’il serait un peu fastidieux d’énumérer dans une chronique, mais signalons tout de même que Douaïf, l’historien de Rabat, parle d’un ‘’Mansour al -Alj‘’ qui aurait construit une maison pour Sidi Mohammed Ben Abdellah. Serait-ce ‘’Linglizi’’ qui portait aussi ce nom de Mansour ? 

Ami Bouganim dans son article Mogador des juifs publié dans ‘’Présence juive au Maroc‘’ en hommage à Haim Zafrani, en fait le ‘’véritable bâtisseur de Mogador’’, […] une partie des travaux auxquels furent attelés près de cinq cent prisonniers chrétiens, parmi lesquels le célèbre Ahmed le Renégat que l’histoire retiendra comme le véritable bâtisseur de Mogador […]’’. Exit donc Théodore Cornut, à juste titre d’ailleurs, considéré à tort comme l’architecte de Mogador, dont le statut   a été contesté par Georges Lapassade, anthropologue, amoureux fou  d’Essaouira et  de ses Gnaouas,  au point que rien ne pouvait plus justifier dans les livres d’histoire qu’on attribuât à l’aventurier Cornut les plans d’édification de Mogador. Mina M’Ghari-Baida, dans ses études riches et documentées évoque aussi des plans conçus par Linglizi ‘’Après un premier plan établi par le renégat anglais Ahmed El Inglizi en 1767 concernant le port et les fortifications de la Sqala, l’entrée du port et le Bab Marsa sont édifiés par le renégat entre 1769-1770 […]’’.

La deuxième zone d’ombre à propos de Linglizi est étrangement son nom. Il est présenté souvent comme ‘’Ahmed al- Alj Lingzhi’’. Mais l’adjectif de Mansor ou Mansour colle à son nom au point qu’il devient opaque et qu’une confusion s’installe concernant un personnage dit célèbre et fameux, mais dont la célébrité est peu lumineuse. Victorieux ? Pourquoi a-t-il mérité ce qualificatif et comment et par qui lui fut-il attribué ?

Dans la revue Quantara, il n’est plus Ahmed mais Mohammed. On y lit cette bizarre assertion :‘’ L’enceinte enserre plusieurs édifices du XVIII siècle. En 1776  Mohammed […] ibn Abdellah édifie la Sqala sous les ordres du célèbre anglais Mohamed AL Inglizi […] On doit également au fameux Mohamed Al Inglizi le borj Sirat ‘’. 

La confusion devient déroutante quand on lit dans les écrits de Mina M’Ghari-Baida l’insertion suivante : ‘’ Par contre sur la porte de la Marine, une inscription mentionne un nom qui n’a rien à voir avec Cornut : un certain Ahmed Uharru qui aurait supervisé les travaux.’’ D’où vient ce nom d’Uharru ? L’histoire est édifiante. Quand on observe bien le médaillon, nous dit Omar Lakhdar, on remarque que les lettre L de Alj est comme effacée. Trace d’une dégradation ? On peut s’interroger légitimement si cette dégradation est volontaire ou involontaire. Volontaire, cela expliquerait pourquoi chez un auteur Haj Ahmed Regragui, AL- AJ devient Aharro, comme s’il fallait absolument gommer le nom du renégat pour l’arabiser afin qu’il soit digne de figurer auprès d’un immense sultan.   

Involontaire, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de place dans ce médaillon et que le calligraphe a été contraint de se passer de la lettre L arabe. La question de Omar Lakhdar est donc légitime : ‘’Le nivelage de la lettre L est-il accidentel ou simplement une correction préméditée en vue de changer le nom d’un converti, par Aharro, un nom du bled ?‘’

Notre personnage est certes célèbre et fameux mais son nom est lui   incertain et baigne dans un flottement déroutant pour le chercheur soucieux de précision et d’exactitude. 

La troisième zone d’ombre est sa nationalité. Le lecteur s’étonnerait d’une telle affirmation, puisque nous le connaissons comme anglais et que Linglizi est le nom communément admis par la majorité des historiens. Toutefois Mina M’Ghari dont le sérieux des recherches est incontestable dans ses études épigraphiques des monuments d’Essaouira écrit ceci : ‘’ […] et parmi les noms que retient la mémoire de la ville celui de Ahmed Al Alj le génois […]’’. Cela ne l’a pas empêché d’évoquer par ailleurs un Ahmed al Alj El Inglizi . L’existence de deux personnes qui nous a préoccupée dès le début de cette enquête devient lancinante. Nous avions cru trouver dès le début de l’enquête un converti espagnol et un autre anglais. Sommes-nous à la fin de notre enquête en face de deux autres Ahmed al -Alj, un anglais et un génois ? Il y avait beaucoup de convertis d’origine génoise, mais dans le cas qui nous intéresse l’imprécision des sources nous laisse dubitatifs et irrités. Quelques exemples de ces sources irritantes : 

       ‘’ C’est un architecte génois plus célèbre sous le nom d’Ahmed al Alj qui les terminera |…]’’ 

        ‘’ Un ingénieur génois, contribua également aux fortifications […] le célèbre Ahmed al - Alj, renégat génois, qui probablement construisit la Sqala face à la mer ‘’ ? ‘’ […] Aucun des monuments actuels de Mogador ne fut attribué à Cornut avec certitude, car après lui plusieurs architectes et maçons européens travaillèrent avec le Sultan en particulier un architecte génois auquel est due la batterie de la Sqala […]’’           

Si l’on croit l’auteur de l’article ‘’du Cap Spartel au Cap Bojador ‘’, ‘’l’architecte de Soura serait un génois ‘’’

La nationalité d’Ahmed al-Alj est sans aucun doute anglaise.   L’imprécision de beaucoup d’historiens trouble le lecteur qui se met à douter et à se méfier de la véracité historique de leurs écrits et de leurs lectures des évènements et des hommes qui les ont vécus.

En définitive, ai-je répondu à la question de mon ami Naïm Kamal, méditatif devant la plaque commémorative de l’antique mosquée des Oudayas ? Je crois que non. 

Linglizi fut un fameux corsaire mais célèbre comme bâtisseur, intime de trois sultans, ayant édifié des constructions guerrières et défensives. Et c’est tout. Nous n’avons rien su au cours de cette enquête de plus sur sa vie. Il nous est resté insaisissable contrairement à Abderrahman al - Alj qui ne fut pas célèbre mais dont on nous a contés les différentes étapes de sa passionnante carrière. 

Ce que je retiens, en conclusion, de cette enquête est une leçon autre : la modernité du Maroc est due en partie aux convertis, nombreux à avoir, des Saadiens à la fin du XVIII siècle, édifié, sous la houlette de Sultans entreprenants, des monuments restés remarquables dans notre patrimoine historique. Il est regrettable que peu d’études leur soient consacrées surtout à ceux qui comme l’affirment Bartholmé et Lucile Bennassar dans leur article  Le Maghreb et les pays de la Méditerranée publié dans ‘’Les Cahiers de la Tunisie ‘’furent des renégats fort bien intégrés au Maroc, riches, pourvus de postes importants, mariés […] devenus progressivement des musulmans fervents, voire pieux et dans certains cas assez convaincus pour clamer à la face des inquisiteurs leur volonté de vivre et de mourir […]’’ musulmans.

Une belle leçon d’assimilation et d’intégration en ces temps d’insaisissables identités.

 

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