Rêve de maternité et de paternité : Témoignages sur l'impossible possible

5437685854_d630fceaff_b-

Durant sept ans, Manal a bénéficié d'une assistance médicale et la dernière tentative a été la bonne

1
Partager :

Par Rachid Aomari (MAP)

Casablanca - Les personnes souffrant de troubles de la fertilité font face à un réel problème que seul un désespéré peut en mesurer l'étendue, estimant que la procréation est hors de portée malgré le fait que ce rêve n'est plus impossible à réaliser grâce aux avancées de la médecine.

Face à la confusion, cette frange sociale ne reste pas les bras croisés pour réaliser son rêve, frappe à toutes les portes et emprunte toutes les voies quels que soient la nature et le coût à payer dans l'espoir d'avoir des enfants.

Malgré les différences de situation sur le plan social, matériel et culturel, la préoccupation principale d'une famille est d'avoir un enfant surtout que la naissance d'un nouveau-né est perçue comme un événement qui apporte le bonheur à la famille, renforce la relation conjugale et consolide la stabilité sociale et psychologique.

Ce constat a été souligné par plusieurs membres de l'Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité (MAPA), appelant à intensifier les efforts pour accorder plus d’intérêt à leur situation sanitaire en assurant les possibilités de l'assistance médicale à la procréation qui a franchi de grandes étapes dans le secteur privé mais dont le coût, estiment-ils, n'est pas à la portée de tous.

Présentant son expérience, Manal (33 ans), originaire de Casablanca, a rappelé qu'elle avait bénéficié durant sept ans d'une assistance médicale et la dernière tentative a été la bonne. Cette expérience a été très difficile en raison de la grande pression exercée par sa famille et son environnement, outre la pression subie avec son mari du fait de l'ambiguïté entourant le déroulement du traitement, sans parler de la charge financière en l'absence d'une couverture de santé.

Face à cette situation, elle avait appelé toutes les parties concernées à intervenir d'urgence, estimant que le fait d'avoir un enfant n'est pas un privilège mais plutôt une nécessité impérieuse dont seuls ceux ayant perdu le droit à la paternité ou à la maternité saisissent le sens.

Fatima Zohra, originaire de Fès avait souffert d'infertilité durant 17 ans avant de reprendre goût à la vie après la naissance de sa fille, exprimant sa gratitude aux médecins qui étaient derrière cet effort avec le soutien de la MAPA, tout en appelant à poursuivre ses efforts notamment au profit des familles démunies.

Un jeune de la ville d'Agadir (33 ans) a indiqué, pour sa part, que lorsqu'il a découvert qu'il était stérile, il a eu recours en vain à des opérations d'insémination malgré leur coût élevé, ajoutant que cette situation a suscité chez lui un sentiment de frustration ainsi qu'une crise psychologique due aux questions et au regard de la société.

De son côté, Tariq (47 ans) originaire de la ville d'Errachidia, a fait part de ses souffrances dues à plusieurs tentatives sans résultat, rappelant qu'après plus de huit ans de mariage avec une seconde épouse, les médecins lui ont conseillé de recourir à l'Injection cytoplasmique de sperme (ICSI) ou "les Bébé-éprouvette", ce qui l'avait contraint à s'installer à Casablanca avec les dépenses que cela suppose.

Il a également indiqué que sa situation actuelle a contribué à la dégradation psychologique de son épouse à cause des "traditions surannées" qui prévalent dans la société, ce qui pousse sa femme à prendre des sédatifs.

Face à ce constat, la présidente de la MAPA, Aziza Ghoulam, a fait état de plusieurs facteurs d’espoir pour l'avenir de la prise en charge médicale de l'infertilité au Maroc, rappelant dans ce sens les efforts du ministère de la Santé pour la publication de la loi N° 47-14 relative à l'assistance médicale à la procréation, son action avec l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) pour la publication de la liste des médicaments remboursables pour traiter l'infertilité, outre les efforts déployés pour l'élaboration des textes réglementaires pour la mise en œuvre des dispositions de la loi relative à l'assistance médicale à la procréation.

Selon elle, ce genre d'initiatives audacieuses mérite d'être saluées et encouragées par tous les acteurs concernés, le but étant d'accompagner ces efforts considérables pour l'adoption d'une couverture santé globale concernant les différents traitements de l'infertilité et aussi répondre aux besoins des couples qui souhaitent avoir des enfants.

Mme Ghoulam, qui s'exprimait dernièrement lors d'une conférence nationale sur l'infertilité au Maroc, a également estimé qu'en dépit des efforts consentis, le coût à payer par les époux (entre 30 et 40.000 dirhams) reste très élevé.

Le président de l'​Association marocaine des sciences médicales, Moulay Said Afifi, s'est félicité des initiatives de la MAPA qui s'inscrivant dans le cadre du chantier de la protection sociale lancé par SM le Roi Mohammed VI pour la consécration de l'article 31 de la Constitution de 2011 qui garantit le droit aux soins de santé y compris l'aspiration à procréer.

Il est également important de rappeler la Stratégie nationale d'assistance médicale à la reproduction (2020-2030) qui a été mise en place avec la participation des professionnels de la santé et des experts.

Cette stratégie est axée sur cinq volets relatifs notamment aux textes organisationnels liés à l'assistance médicale à la reproduction, l'amélioration de l’accès aux soins, le renforcement de la qualité des services offerts et la dynamisation du partenariat dans les domaines médicaux.

Aussi, plusieurs médicaments liés au traitement des troubles de la fertilité ont été inclus dans la liste des médicaments remboursables.

Dans le sillage de cette dynamique, le ministère de la Santé œuvre activement pour la généralisation des Centres d'assistance médicale au niveau des CHU, le renforcement de la couverture médicale et la poursuite de l'élaboration des textes liés à la loi 47-14 précitée.

 

lire aussi