chroniques
Assilah, l’esprit d’un rêve culturel au bord de l’Atlantique

En 2014, Hatim Betioui a été décoré par le du Roi Mohammed VI du Wissam Al-Moukafa’a Al-Wataniya (Décoration du Mérite National), grade d’officier.
Portée par l’héritage de Mohamed Benaïssa et par une vision résolument tournée vers l’avenir, la ville d’Assilah continue de briller comme un phare de la culture arabe et méditerranéenne. Hatem Betioui, son nouveau secrétaire général, revient dans un entretien avec le site en arabe ‘Okaz (عكاظ) sur les défis et les ambitions d’un projet culturel qui refuse de s’éteindre. En voici ce que le Quid en a retenu.
Hatim Betioui
Une bibliothèque comme mémoire vivante
Au cœur de la ville, la Bibliothèque Prince Bandar ben Sultan incarne l’âme intellectuelle d’Assilah. Fondée il y a vingt ans, elle s’est imposée comme un centre de rayonnement culturel ouvert sur le monde, accueillant ateliers, rencontres et résidences. Véritable laboratoire de création, elle témoigne aussi des liens fraternels entre le Maroc et l’Arabie Saoudite. Hatem El Batioui insiste : « Ce lieu reflète la vitalité du Moussem et la dynamique de pensée qui anime notre ville. »
Résister aux tempêtes, cultiver l’ouverture
Face aux bouleversements politiques et sociaux qui ont marqué le monde arabe ces dix dernières années, Assilah n’a pas cédé. Grâce au soutien royal et à l’adhésion populaire, elle a su maintenir sa vocation de bastion de paix, de modération et de dialogue. Selon Hatim Betioui, « la ville a transformé les crises en opportunités, renforçant sa vocation de plateforme culturelle universelle ».
Un héritage vivant, entre fidélité et réinvention
Assilah, c’est une vision, un rêve éveillé, dit-il. Un projet culturel profondément enraciné dans la ville, porté jadis par Mohamed Benaïssa, et aujourd’hui poursuivi par une nouvelle génération. Jardins portant les noms de poètes, murs peints par des artistes du monde entier, ruelles habitées par la mémoire : la ville entière devient un musée vivant. « Ce que Benaïssa a légué, c’est une méthode, un état d’esprit. L’idée que la culture peut transformer durablement un territoire », résume Betioui.
Relancer la flamme par le numérique et la jeunesse
Si le rayonnement d’Assilah a marqué les années 1980 et 1990, son avenir dépend désormais de sa capacité à se réinventer. L’intelligence artificielle, les archives numériques et les expériences immersives sont au cœur des nouvelles ambitions du Forum. « Nous voulons intégrer les outils du XXIe siècle sans trahir l’âme du projet », affirme Hatim Betioui. Le « Joyau de l’Océan » vise ainsi à devenir une plateforme mondiale du dialogue interculturel.
Assilah et la culture arabe : entre enracinement et modernité
Assilah puise dans l’identité arabe son attachement à la langue, à la poésie et à l’hospitalité. Mais elle choisit aussi de se démarquer, en devenant un laboratoire d’idées affranchi des carcans idéologiques. Elle privilégie l’échange créatif et l’hybridation des cultures. « La vraie culture est celle qui se renouvelle sans se déraciner », insiste El Batioui.
Le défi majeur, aujourd’hui, est de maintenir l’élan collectif face au tumulte politique ou au désengagement social. Mais El Batioui reste confiant : « La population locale s’approprie le Moussem comme un bien commun. C’est notre meilleure garantie de pérennité. »
Un appel au monde arabe
Enfin, le Forum d’Assilah appelle les institutions culturelles arabes à renforcer leurs partenariats. Car soutenir Assilah, c’est croire au rôle de la culture arabe dans le façonnement d’un monde plus pacifique. « Nous voulons des alliances durables et stratégiques. La culture est un pari sur l’avenir », conclut le secrétaire général.