Effet Trump ? Le Royaume-Uni et l'UE concluent un "nouveau partenariat stratégique", 5 ans après le Brexit

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Le président du Conseil européen Antonio Costa (G), le Premier ministre britannique Keir Starmer (C) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen posent pour une photo à bord de la frégate de type 23, HMS Sutherland, après le sommet Royaume-Uni-UE à Londres, le 19 mai 2025.(Photo / POOL / AFP)

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Effet Donald Trump ? Cinq ans après la sortie de l’Union européenne, Londres et Bruxelles signent un accord de coopération renforcée en matière de défense, de commerce et de pêche. Pour les dirigeants des deux rives de la Manche, malgré des points de friction persistants sur la mobilité des jeunes et l’autorité judiciaire, c’est un tournant historique.


Londres - Le Royaume-Uni et l'Union européenne ont conclu lundi un "nouveau partenariat stratégique" pour resserrer les liens, en particulier dans la défense, lors d'un sommet inédit depuis le Brexit il y a cinq ans.

Ce sommet "marque une nouvelle ère dans notre relation", a déclaré le Premier ministre Keir Starmer lors d'une conférence de presse conjointe avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa.

L'accord conclu "est gagnant-gagnant", a-t-il insisté, soulignant qu'avec les accords commerciaux signés la semaine dernière avec l'Iran et les Etats-Unis, "cela signifie des emplois (...) et plus de croissance créée" pour le Royaume-Uni.

Après des mois de négociations, Européens et Britanniques ont notamment conclu un partenariat sur la défense et la sécurité, trouvé un compromis pour assouplir certaines barrières commerciales et prolongé un accord sur la pêche.

En revanche, les négociations n'ont pas complètement abouti sur la mobilité des jeunes.

Le dirigeant travailliste avait salué en ouvrant le sommet un "nouveau partenariat stratégique adapté à notre époque, qui apportera des avantages réels et tangibles en matière de sécurité, d'immigration clandestine, de prix de l'énergie, d'agroalimentaire, de commerce et autres".

La cheffe de l'exécutif européen a salué un "moment historique" entre des partenaires qui "poursuivent les mêmes objectifs" et "partagent les mêmes valeurs".

Après le sommet, les trois dirigeants sont allés déjeuner sur la frégate HMS Sutherland, amarrée au croiseur de la Seconde guerre mondiale HMS Belfast, sur la Tamise, à Londres.

A son arrivée au pouvoir en juillet 2024, Keir Starmer avait promis de "relancer" les relations avec l'UE, après des années de tensions entre les 27 et les précédents gouvernements conservateurs liées au Brexit, intervenu le 31 janvier 2020.

Depuis, la guerre déclenchée par la Russie contre Ukraine et le risque d'un désengagement américain du continent européen ont conforté Londres et Bruxelles dans leur volonté de rapprochement dans la défense.

Défense et sécurité surtout

Dans le cadre du nouveau partenariat c’est surtout la défense et la sécurité qui ressort, le Royaume-Uni pouvant ainsi participer à des réunions ministérielles de l'UE et rejoindre certaines missions militaires européennes.

Il ouvre également la voie à l'accès des entreprises britanniques au futur programme européen doté de 150 milliards d'euros visant à développer la base industrielle de défense au sein de l'UE. La participation à ce programme exigera toutefois un autre accord ultérieur, ainsi qu'une contribution financière britannique.

Les tractations se sont poursuivies jusqu'à la dernière minute pour lever les derniers blocages, notamment sur le dossier épineux de la pêche, particulièrement sensible pour la France.

Finalement, Londres et les 27 ont acté la reconduction de l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques - qui devait expirer en 2026 - jusqu'en 2038, et vice-versa.

La ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a salué "une excellente nouvelle pour nos pêcheurs".

En contrepartie, les Britanniques pourront exporter plus facilement leurs produits alimentaires vers le marché européen, grâce à un "alignement dynamique et rapide" du Royaume-Uni sur les règles sanitaires européennes.

La suppression des formalités administratives et douanières sur la "grande majorité" des produits animaux et végétaux, était une des priorités du gouvernement travailliste pour soutenir la croissance économique.

La Cour de justice de l'Union européenne sera l'autorité en dernier ressort, une concession susceptible de braquer les défenseurs du Brexit.

Selon Downing Street, les mesures économiques doivent apporter "près de 9 milliards de livres (10,7 milliards d'euros) à l'économie britannique d'ici 2040".

Cet accord est "un soulagement" pour les entreprises, s'est réjouie Rain Newton-Smith, présidente de la principale organisation patronale britannique, la CBI.

"Capitulation"

Les discussions doivent en revanche se poursuivre sur la mobilité des jeunes.

Les deux parties se sont à ce stade engagées à avancer vers un programme de visas permettant aux jeunes européens d'étudier ou travailler au Royaume-Uni et vice-versa, et se sont mises d'accord pour discuter d'un éventuel retour du Royaume-Uni au sein du programme d'échange étudiant européen Erasmus.

Le sujet est sensible côté britannique, avec la montée en puissance du parti europhobe et anti-immigration Reform UK dirigé par Nigel Farage.

Ces dernières semaines, Keir Starmer avait répété ses "lignes rouges" : pas question de revenir dans le marché commun ni dans l'union douanière, pas question de rétablir la libre circulation.

Le vice-président de Reform UK Richard Tice a toutefois accusé le gouvernement d'avoir "capitulé" devant l'UE.

"Nous redevenons soumis aux règles de Bruxelles", a dénoncé la cheffe de l'opposition conservatrice Kemi Badenoch. (Quid avec AFP)

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