Maroc: Le jour où météo a gagné ses titres de noblesse

5437685854_d630fceaff_b-

Azizi Fadili, père de Hanane éponyme, a introduit l’humour dans la météo, avec des hauts et des bas, comme le temps

1
Partager :

 

Par Nezha Boulenda (MAP)

 "Siadna Salamou Alaykoum, la météo dans notre pays pour aujourd'hui", est une phrase que des millions de téléspectateurs marocains avaient l'habitude d'entendre dans les années 80; eux qui restaient figés devant les écrans de télévision des heures durant en attendant le bulletin météo, et particulièrement son fameux présentateur, l'artiste Aziz El-Fadili, qui en a fait un événement sans précédent dans l'histoire de la télévision marocaine.

  Samira Al Fazazi laisse un grand vent de deuil derrière elle

Soumya Fizazi, elle fut pendant de longues années un rendez-vous incontournable de la météo

Il avait fait en sorte que le bulletin météo fasse partie des programmes les plus suivis, après le journal d'information, par des spectateurs, autres que les agriculteurs, les pêcheurs ou des professionnels dont les activités dépendent des conditions météorologiques.

Fruit du hasard, le parcours d’Aziz El-Fadili, père de celle qui allait devenir plus tard une humoriste plus célèbre que son papa, la Hanane éponyme, a pour lui l’avantage d’un terrain vierge.

Il assistait l’homme de théâtre Tayeb Saddiqi, lui-même appelé à la rescousse » l’architecte du palais » André Paccard chargé par le Roi Hassan II de dépoussiérer la télévision marocaine et de choisir les membres de l'équipe de travail qui devait assumer la responsabilité de donner corps au concept "la télévision bouge" conçu par la Radiodiffusion télévision marocaine (RMT) afin de provoquer un changement sur la scène médiatique nationale. Le doyen du théâtre marocain ldemanda à Aziz El-Fadili de présenter quelque chose, il prit alors un journal et entama la scène en présentant les prévisions météo. Et le déclic fut ! Saddiqui lui lança à brûle pourpoint la décision : "c'est toi qui va présenter le bulletin météo dorénavant".

Face à des téléspectateurs lassés du ronronnement de leur télévision, El-Fadili va prendre tout de suite et marquer de son empreinte la présentation du bulletin météo, charmant le public avec sa touche humoristique et sa démarche sur scène. Sa recette toute simple, un alliait actualités et divertissement, parfois en pleine neige, d'autres dans le désert à dos de chameau ou dans un marché de vente de moutons, épousant le cycle des saisons au grand plaisir du public réconcilié pendant un temps avec sa télévision.

L’exceptionnalité de l'expérience El-Fadili, elle ne doit rien au hasard. Comédien qui a fait ses preuves et marionnettiste adoré des enfants, il a su capter l'attention des marocains pour et les accrocher au bulletin météo qui, depuis, en dépit du nombre de présentateurs qui se sont succédé, a gardé ses fidèles.

De Abdessalam Chaachouaa, Mohamed Belouchi, El-Fadili et Soumaya Fizazi, et ensuite les jeunes qui portent le flambeau d'un "lourd héritage", les expériences se sont multipliées, mais le taux d'audience n'a pas changé, les fidèles du bulletin météo sont devenus aujourd'hui nombreux du fait des smartphones et d'ordinateurs. Journaux et sites électroniques qui ont compris que c’était un créneau porteur, consacrent un grand espace aux prévisions météo.

Pour l'expert en météorologie, Mohamed Belouchi, ancien responsable de la communication à la direction de la météorologie l'intérêt qu'accordent les Marocains au bulletin météo s’explique notamment par les années de sécheresse qu’a connues le Maroc pendant les années 80. Les Marocains guettaient le ciel et la pluie. Le bulletin météo fut à ce moment à travers ils scrutaient et sondaient les nuages désespérément secs. Une attente que les responsables chargés des prévisions météo ont pris en compte, adoptant une politique de proximité, ne lésinant sur aucun détail région par région, recourant à un langage accessible à tous.

La météo, avec l'apparition des bulletins d'alerte météo destinés au public, requiert une nouvelle importance, permettant à tout un chacun de prendre ses dispositions en fonction du mauvais qu’il fera, comme éviter un déplacement prévu ou barricader une maison ou un enclos, contre les effets des eaux quand elles s’y mettent. Mais l’alerte, quand bien même elle serait précoce, ne suffit pas comme on a pu le vérifier ses dernières semaines dans plusieurs régions du Maroc.

 Les changements climatiques, les problèmes dont est source le réchauffement du climat et l’émergence d’une conscience écologique ont aiguisé l’intérêt des citoyens pour la météo et pour les questions climatiques mondiales. Ce qui a amené la presse nationale à s'ouvrir sur les experts et les spécialistes en météorologie et en climatologie pour mieux rapprocher les citoyens des phénomènes climatiques.

Au Maroc, la précision des prévisions météo a connu une évolution remarquable ces dernières années, le taux de succès des prévisions à court terme (24 heures) dépasse 95 pc et à moyen terme (3 à 5 jours) 90 pc. Le bulletin météo présenté quotidiennement par les médias audiovisuels n'est en réalité que l'un des 450 bulletins diffusés en 24 heures par la direction de la météorologie nationale qui est devenue incontournable pour la gestion de plusieurs secteurs, notamment le tourisme, le transport aérien, l'activité maritime ainsi que tout ce qui a trait à l'agriculture comme le semis, la récolte et d'autres activités qui dépendent du bulletin météo pour l'établissement de programmes précis à ces opérations.

Les données de la direction nationale de la météorologie relayées par plusieurs sites électroniques indiquent que l'exactitude des alertes météo a connu une évolution notable en atteignant un taux de succès dépassant 85 pc avec des périodes d'anticipation (c'est-à-dire l'intervalle temps entre l'anticipation et la survenue du phénomène) de 24 à 48 heures pour les phénomènes extrêmes, et plus de 70 pc avec des délais d'anticipation de plus de 12 heures pour les orages locaux pendant la saison d'été.

Le service de la météorologie nationale au Maroc dispose de 44 stations météorologiques aériennes, 156 stations d'observation automatiques et 528 stations climatiques, dont 432 appareils de mesure de la pluviométrie.

L'importance que revêt désormais la météorologie dans la vie des populations a conduit l'Organisation météorologique mondiale a consacré le 23 mars de chaque année pour célébrer la Journée météorologique mondiale en commémoration de la création de l'organisation le même jour en 1950.

 

lire aussi