Faouzi le gladiateur de la culture – Par Abbas Msefer

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Faouzi Skali

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La Chambre criminelle chargée des crimes financiers près de la Cour d’appel de Fès a condamné trois anciens dirigeants de la Fondation Esprit de Fès qui supervise le festival des musiques sacrées du monde, à une peine d’un an de prison ferme. Si Abderrafie Zouiten, président de la Fondation a été condamné pour détournement de fonds publics, Faouzi Skali et Abdelkader El Ouazzani n’ont vu retenir contre eux que le motif de dilapidation de ces mêmes fonds. Cette condamnation n’a pas laissé indifférents nombre de ses amis, dont Abbas Msefer qui raconte dans ce texte Faouzi Skali tel qu’il le connait.

Comment rester sans réaction devant ce qui arrive à cette personne qui a tant donné à sa ville Fès, à son pays le Maroc et à l'humanité ? Je vous parle d'un homme qui a très tôt compris que le monde avait besoin de douceur et de compréhension pour guérir. Je vous parle d'un sage qui s'est engagé corps et âme pour faire en sorte que les Hommes retrouvent la raison en écoutant de la musique et en discutant aimablement, gentiment sur nos désaccords mais surtout de nos points communs qui sont notre fraternité. 

Combien de Marocains se sont empressés de promouvoir la beauté de la culture marocaine ? Combien de Marocains ont fait suivre la parole à l'acte en faisant revivre la particularité de la culture musulmane dans tout ce qu'elle a de tolérant, de lumineux de paisible et de vrai.

J'ai assisté à la naissance du Festival des musiques sacrées dans cette petite maison noyée sous des livres de littérature, de religion, de films. L'infatigable Faouzi partageait avec nous ses idées d'un festival qui montrerait la beauté de cette vie millénaire Fès en remettant en marche cette Bab el Makina , ce musée des armes, ces hôtels, etc...L'infatigable Faouzi avait déjà en tête d'inviter Nusrat Ali Khan, Les derviches tourneurs, Ben Harper, Barbara Hendricks, Goran Bregovic et de les faire goûter l'Esprit de Fès. Il avait déjà en tête de créer des débats sur comment panser nos drames, comment faire pour que l'image de notre religion ne soit plus décriée, dénigrée, jetée en pâture. 

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L'infatigable Faouzi, motivé par l'amour de sa ville, passait ses nuits à réfléchir sur comment faire pour que ce festival unique soit connu auprès d'un public marocain et étranger et est devenu ainsi sans le vouloir le premier manager culturel moderne du Maroc en réfléchissant à la promotion de ce festival mais aussi à sa distribution. Cette promotion se faisait également en touchant des leaders d'opinion à l'étranger. Bref Faouzi faisait tout pour que le Festival soit non pas un évènement sans lendemain mais un Festival de la continuité, et en plus de ça, un festival qui n'est pas uniquement un festival pour les étrangers mais un festival pour les habitants de Fès.

Que d'idées novatrices sont venues enrichir, ce festival, le son et lumière, le festival dans la ville etc. Et quelle ambiance digne de l'Andalousie régnait sous ces arbres millénaires du musée des armes où des chanteuses de Fado laissaient la place à des musiciens indiens.
Loin du folklore de l'époque qui faisait des nous de pauvres orphelins du colonialisme, grâce à Faouzi notre culture retrouvait sa véritable identité, fière de son passé et ouverte aux autres cultures.

Faouzi, c'est aussi l'homme contrairement à beaucoup d'autres qui est toujours resté fidèle à ses principes, à ses convictions. Jamais attiré, ni gagné par le paraître ni par le carriérisme sans vergogne. Il est toujours resté dans la culture. Croyant fermement que c'est par là que le changement aura lieu. Preuve en est qu'après le festival des musiques sacrées, le festival de la culture soufie. Toujours la culture et rien que la culture.

Faouzi c'est aussi ce père, ouvert, tolérant qui parle de tous les sujets avec ses enfants, qui les implique dans ses projets et qui prend compte de leurs avis. Faouzi c'est également l'homme qui m'a accueilli dans sa demeure les bras ouverts, qui m'a fait découvrir les sept printemps de Fès de Edmond Secret. Faouzi c'est également l'homme spirituel qui illumine nos consciences. Faouzi c'est une voix qui réconforte lors des moments difficiles. Faouzi, c'est l'homme qui ,à lui seul, regroupe toute la beauté de l'humanité : une noblesse de pensée et de caractère, des gestes affectueux , un sourire permanent et une foi dans l'avenir. Faouzi c'est aussi celui qui a juste convaincu de "simples" boussoles comme Jean Claude Carrière, Katherine Marshall, Edgar Morin, Jack Lang de venir à Fès.
J'espère que tout ceci ne sera qu'un mauvais souvenir pour que Faouzi puisse continuer son combat pour la défense et la protection de l'Amour et la compréhension des humains.

Courage à toi Faouzi et à toute la famille. Abbas Msefer

 

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