chroniques
''GUERGARAT CITY... '' - Par Mustapha SEHIMI
Station de dessalement de l'eau de mer à Guergarat pour un coût global de 30 millions de dirhams, un débit de 432 m3/ jour, un réservoir surélevé de 200 M3 et un réseau de distribution linéaire de 5 Km.
Ce pourrait être un titre de western : "Il était une fois Guergarat..." Et la référence serait alors novembre 2020, avec les provocations répétées du mouvement séparatiste. Il avait organisé durant des semaines des convois sous escorte algérienne à partir des camps de Tindouf. Pour quoi faire ? Obstruer pratiquement la libre circulation civile et commerciale régulière dans cette zone tampon entre le Maroc et la Mauritanie.
Il y avait là un agenda : celui du mois d'octobre au cours duquel, traditionnellement, la question du Sahara est inscrite à l'ordre du jour du Conseil de sécurité. Le Maroc était en veille, avec vigilance même et il avait saisi à ce sujet le Conseil de sécurité. En même temps, SM le Roi, dans son discours du 6 novembre avait fermement mis en garde contre ces provocations des séparatistes ; il avait également réitéré les exigences de stabilité et de sécurité dans les provinces sahariennes.
Lignes rouges
En termes explicites, le message avait été bien reçu par les Nations Unies et la communauté internationale : il y a des "lignes rouges" dont le franchissement conduirait à une réaction appropriée de Rabat. La suite est connue : sur hautes instructions Royales, la situation a été rétablie par les FAR, le 13 novembre, pour mettre fin au blocage de ce poste-frontière avec la Mauritanie. Une normalisation qui n'a pas été critiquée ni invalidée par l'ONU... Guergarat était évidemment stratégique et le Maroc ne pouvait qu'appliquer les mesures qui s'imposaient à l'évidence pour mettre fin à des violations flagrantes de l'accord de cessez-le-feu de septembre 1991.
Mais le Royaume ne s'est pas limité à cette action en ce sens qu'il a engagé depuis trois ans une dynamique de développement dans ce poste-frontière. Ainsi le projet en cours d'une station de dessalement de l'eau de mer : un coût global de 30 millions de dirhams, un débit de 432 m3/ jour, un réservoir surélevé de 200 M3 et un réseau de distribution linéaire de 5 Km. Il faut y ajouter des constructions traduisant les besoins de vie sociale : une nouvelle agence bancaire d'Al Barid Bank déjà réalisée couplée à Barid Cash et à deux autres agences, une unité hôtelière d'une capacité d'accueil de 36 lits (8 MDH) sans oublier la dimension spirituelle de la mosquée " Al- Khair" (9 MDH), inaugurée elle aussi, pouvant accueillir 520 fidèles. Il faut y ajouter encore au plan sportif les travaux d'un terrain de football à la disposition des clubs locaux avec plusieurs dépendances (installations sanitaires, vestiaires, ...). Enfin, le domaine sanitaire autour d'une caravane médicale multi- disciplinaire maroco-américaine initiée par l'association "Volunteer Morocco", l'ambassade du Maroc à Washington et la Fondation du Sud en coopération avec la "Fondation de "Paul Chester". Cette caravane est formée d'un staff de 34 médecins marocains et américains, assisté d'infirmiers, d'administrateurs et de techniciens, elle a apporté des prestations à plus de 400 personnes de la commune rurale de Bir Gandouz.
Une porte ouverte entre l'Europe et l'Afrique
Guergarat devient un centre important pour l'import et l'export Afrique. Ce port permet ainsi de transporter une grande variété de produits, alimentaires, manufacturés, pétroliers ou autres à travers le monde. Une porte ouverte entre l'Europe et l'Afrique grâce à des routes commerciales régulières, un passage incontournable pour l'ensemble de la région avec quelque 1.500 tonnes de marchandises chaque jour en exportation et 1.000 tonnes à l'importation. De grandes groupes de transport et d'accompagnement intègrent de plus en plus Guergarat dans leur politique logisticienne (entreposage, manutention, transport, maritime, routier ou multimodale, opérations douanières,... ). Le plus récent est celui du groupe espagnol Guanter Rodriguez.
Ce port est désormais le troisième point d'entrée des importations de la Mauritanie après les ports de Nouakchott et de Nouadhibou. Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie sont en forte progression un bond de 58 % avec un chiffre de 2,5 milliards de DH en 2022 après 900 MDH en 2020 puis 2 milliards de DH en 2021. Pour cette même période, avec l'Algérie, l'évolution a été de moindre ampleur (500 MDH en 2020, 800 MDH en 2021 et 1200 MDH en 2022. Les exportations de la Mauritanie en Algérie sont en forte croissance avec 12 % de vente du minerai de fer. L'Algérie se concentre sur les mêmes produits exportés par le Maroc vers la Mauritanie (produits alimentaires, agricoles, produits manufacturés, machines, fruits et légumes,...). Reste à régler entre Alger et Nouakchott la réouverture du passage frontalier entre les deux pays. Il avait été unilatéralement fermé par la Mauritanie voici deux ans pour des exigences de sécurisation du passage de Guergarat. Le 10 décembre dernier, le ministre algérien de l'Intérieur, dépêché à Tindouf, avait annoncé que ce poste a été achevé à… 99,6 %!