chroniques
Hold-up sur la mémoire humaine : La Shoah In Memoriam.
Du Vietnam à Gaza, quelle différence ? Du noir et blanc à la couleur, les bombardements passent et les morts se ressemblent
À la sortie de la deuxième guerre mondiale, le monde meurtri et effaré par toutes les horreurs qui l’ont caractérisées, n’avait plus qu’une idée en tête : plus jamais ça ! Il était évident qu’il fallait instruire un véritable devoir de mémoire pour que les générations suivantes se sombrent plus dans les mêmes horreurs.
Très vite cette mémoire a été investie par la communauté juive qui a été incontestablement la plus éprouvée par la folie meurtrière des Nazis qui avaient franchi toutes les limites de la sauvagerie pour exterminer le maximum de Juifs. Les récits des rescapés des camps d’extermination ont bouleversé le monde entier. Il s’en est suivi un immense élan de solidarité avec la communauté juive.
Mais cette solidarité n’était pas éprouvée à l’identique par tout le monde. Si dans leur écrasante majorité les gens étaient sincèrement peinés et traumatisés par le sort des Juifs, beaucoup d’autres, en Occident en particulier, ont cherché à maquiller leur mauvaise conscience en leur témoignant une fausse solidarité.
Qu’importe que cette solidarité soit arrachée à la conscience collective ou juste la manifestation d’une culpabilité réelle ou supposée des acteurs directs du drame, mais l’opportunité est bien trop belle pour le mouvement sioniste pour assoir sa domination.
Avec un cynisme abject les Sionistes se sont emparés de cette tentative d’extermination des Juifs pour culpabiliser tout le monde, y compris ceux qui ne sont pour rien dans cette tentative, y compris surtout ceux qui ont défendu les Juifs, y compris parfois ceux qui n’étaient même pas au courant de la tragédie au moment de son déroulement.
La Shoah était née de la volonté des Juifs rescapés pour qu’une telle immondicité ne se reproduise plus. Les témoignages des survivants des camps, et le travail des historiens ont permis de constituer cette mémoire collective qui doit dire à chacun de nous : plus jamais ça ! La compassion pour les Juifs était bien réelle et la Shoah était en passe de devenir un héritage de tous les hommes, indépendamment de leur religion. Un vent de paix semblait se lever pour chasser ce genre de folies meurtrières et pourquoi pas, pour bannir la guerre, du moins dans ses formes les plus violentes.
On n’a pas eu le temps de sentir frémir ce vent de paix, que l’Occident s’était déjà remis à guerroyer tous azimuts. Ce qu’on a appelé « guerres de libération », ne sont qu’un long catalogue d’actes de répressions extrêmement violents, menés contre des nations entières qui avaient manifesté des velléités d’indépendance. Les victimes de ces guerres se chiffrent par dizaines de millions, mais ne semblent avoir laissé aucune trace dans la mémoire humaine collective. Après tout ce n’était que …
… Des Vietnamiens par exemple !
Les vieilles reliques comme moi, qui étaient contemporains de la guerre du Vietnam ne peuvent pas ne pas se rappeler son extrême férocité. A-t-on déjà oublié les images des B52 qui effectuaient des bombardements dits « en tapis », car entre une bombe et une bombe il y avait à peine dix centimètres. Même un nouveau-né ne pouvait y échapper ! Les occidentaux étaient subjugués par la performance technique de leurs machines de guerre, et exceptionnellement ils éprouvaient de la compassion pour … le nouveau-né.
Peut-on avoir l’outrecuidance de rétorquer que les B52 ne sont pas aussi barbares que les chambres à gaz, et que du coup les victimes des bombardements méritent moins de compassion ? L’autre raison pour exclure les Vietnamiens du Panthéon de la victimisation, est que les Américains ne tuaient pas les Vietnamiens juste parce qu’ils étaient Vietnamiens. La preuve, ils ont en a gardés pas mal pour aider à parachever le massacre … à moindre coût. Le grand nettoyage, quoi !
On en arrive à ce terrible constat : les victimes vietnamiennes se trouvent exclus de la mémoire prétendument collective de l’humanité, car ils ne pouvaient prétendre au statut d’êtres humains, ce ne sont, après tout que des êtres … vivants !
Ce refus de conférer le statut d’êtres humains aux autres peuples explique pour l’essentiel la férocité et la sauvagerie des exactions de l’Occident contre les populations à qui il a choisi de faire la guerre. Depuis une quarantaine d’années les cibles privilégiées étaient les populations musulmanes. De la Bosnie, au Soudan, en passant par le Sahel, la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, et ailleurs, les Musulmans avaient fini par cristalliser pour les Occidentaux le mal absolu.
Qui se rappelle, entre autres, du million et demi d’enfants irakiens morts tout au long de l’embargo qui a suivi l’invasion du Koweït ? On ne pourra jamais graver le souvenir de ces morts innocents dans la mémoire collective de l’humanité, car pour les Occidentaux, la vie d’un enfant irakien ne vaudra jamais celle d’un enfant israélien.
Une vie israélienne, pour l’Occidental, est supérieure à toutes les autre, y compris les vies des gens des pays à qui il reconnaît l’appartenance au genre humain. Pourquoi cette déférence pour Israël ? Est-ce parce qu’il est le pays le plus puissant actuellement ? Est-ce juste pour flatter une très large couche des sionistes qui continuent à croire à la fable du peuple élu. Pire encore, est-ce le diktat sioniste qui tient en otage l’Occident qui le réduit au silence ?
Peu importe les raisons, mais l’Occident ne rend pas service à son allié israélien, car avec son soutien indéfectible, voire une servilité indécrottable, il a encouragé l’Etat hébreu à devenir le plus grand meurtrier de l’histoire. Que gardera la mémoire humaine de ce qui se passe à Gaza ?
Facile à deviner, puisqu’on s’attend à un nouveau hold-up sur cette mémoire pour réécrire l’histoire d’une manière édulcorée, qui ira, à non pas douter, jusqu’à sanctifier Netanyahu le faisant passer pour un saint parmi les Saints.
Mais l’imposture commence à avoir du plomb dans les ailes, du fait que la première victime des atrocités de Tsahal à Gaza, est la Shoah !
Étonnant mais vrai ! En effet toute la sacralité entourant la Shoah née du calvaire des Juifs pendant la guerre, est en passe de s’effondrer. Car d’une part, les violences subies par les Palestiniens sont de la même intensité, où seuls changent les méthodes d’extermination, mais aussi l’impossibilité pour les Gazaouis de trouver une échappatoire.
Avec cet excès de férocité de la part des Israéliens, la Shoah se trouve banalisée au point d’être ramenée à un simple épisode fâcheux de l’histoire. Entendons-nous bien, la Shoah confère aux Juifs l’exclusivité de la souffrance extrême, mais avec des souffrances aussi extrêmes que subissent les Palestiniens, force est de constater que cette exclusivité tombe. Et avec elle tombe le mythe de la Shoah !
Par ailleurs la Shoah a cherché, à juste titre, à sanctifier les millions de victimes juives du nazisme. Gageons que les millions de noms des Justes gravés sur les marbres du mausolée de la Shoah doivent se remuer d’effroi dans leur sommeil éternel, car ils ne peuvent se reconnaître dans les crimes commis en leur nom cette fois-ci par des Juifs-sionistes. Des crimes dont les auteurs sont en tout point assimilables à leurs bourreaux nazis ! Hier on avait des Nazis, aujourd’hui on a pire, les sionistes-nazis !
Ainsi le hold-up du sionisme et de ses affidés occidentaux sur la mémoire humaine, est-il en passe de virer au fiasco.
Les guerres livrées par l’Occident étaient menées avec grand soin et beaucoup d’application, et surtout engagées en toute bonne conscience. Elles ne s’étaient achevées qu’à partir du moment où les coûts devenaient prohibitifs. Jamais à la suite de la prise de conscience de l’immoralité des actes de guerre subis par les populations autochtones.