La solidarité à toute épreuve - Par Abdeslam Seddiki

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La prochaine phase, sans doute la plus difficile et la plus longue, est celle de la reconstruction. C’est probablement à ce niveau que notre pays a plus besoin de solidarité à la fois nationale et internationale

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Les moments tragiques que nous vivons suite au séisme meurtrier et destructeur qui s’est abattu sur plusieurs provinces du royaume ont de nouveau allumé au sein de notre peuple la flamme de la solidarité. 

C’est une force intrinsèque du peuple marocain qu’il met à l’œuvre à chaque fois qu’il se trouve en face de telles situations. L’histoire ancienne et récente est jonchée d’expériences dans ce sens. Juste quelques exemples : la lutte pour l’indépendance et le soulèvement populaire pour dénoncer l’exil de Feu Mohamed V et de la famille royale ; la marche verte de 1975 qui a libéré nos provinces du sud de l’occupant espagnol ; la gestion du tremblement de terre d’Al-Hoceima en 2004 ; tout prêt de nous, lors de la crise covid, le peuple marocain a fait preuve d’une solidarité exemplaire qui a permis au Maroc de constituer un cas d’école et un exemple à suivre dans la lutte contre la pandémie.

Ainsi, à chaque fois que notre pays se trouve en face d’épreuves difficiles, c’est par la mobilisation populaire et la solidarité qu’il parvient à surmonter toutes les difficultés et à briser tous les obstacles. Il vient de nouveau d’en faire la démonstration avec les événements tragiques que nous vivons suite à cette calamité naturelle qui s’est abattue sur nous. Loin de céder à un fatalisme primaire ou à une résignation défaitiste, le peuple marocain s’est réveillé le lendemain du séisme avec une volonté de fer et une détermination sans faille pour se mettre dans l’ordre de « bataille » et relever le défi. Les observateurs du monde entier n’ont pas manqué de relever l’esprit de solidarité dont le peuple marocain a fait preuve depuis le début. Les images diffusées sur les chaines de télévision nationales et étrangères, sur les réseaux sociaux en direct, montrent à quel point notre peuple est animé par des valeurs de solidarité et du « commun ».  Un peuple qui suscite respect et considération.

Juste après le communiqué issu de la réunion de travail présidé par le Souverain, les jeunes et moins jeunes ont « pris d’assaut » les centres de transfusion sanguine en vue de faire don du sang dont on réalise l’importance dans une telle situation, suivant en cela le geste des lions de l’Atlas qui ont été les premiers à donner le coup d’envoi de cette opération et qui se poursuit toujours sur l’ensemble du territoire. De même, il faut relever l’engouement du peuple marocain pour faire les dons de toutes natures aux sinistrés : des montagnes de biens alimentaires, de vêtements, de couvertures, de matelas sont acheminées d’urgence vers les régions sinistrées par des associations déjà existantes   ou celles qui s’improvisent pour le bien de la cause. Bien sûr, ces initiatives populaires viennent en renfort à l’action entreprise sur le terrain par les pouvoirs publics, l’armée, la gendarmerie, la protection civile, les élus locaux … sans oublier l’apport de certains pays amis qui ont répondu généreusement aux sollicitations des autorités marocaines. 

Nous sommes dans une phase où il faut parer au plus pressé : sauver le maximum de vies humaines et réponde aux besoins immédiats des personnes sinistrées qui ont perdu le peu qu’ils possédaient et qui n’ont désormais rien sauf la patrie et la solidarité de leurs concitoyens.  Il faut aussi se préparer aux nuits froides des régions montagneuses et à la saison d’hiver qui est devant nous. C’est une urgence à laquelle tout le monde s’est attelé.  Faire en sorte également que les enfants retrouvent au plus vite les rangs de l’école. Cela est bénéfique à un double titre :  d’une part leur permettre de développer leur apprentissage ; d’autre part, les aider à « digérer » le traumatisme qu’ils ont subi et qu’ils gardent toujours en mémoire. Les enseignants sont appelés à être à la fois des pédagogues et des psychologues.  Il faut par ailleurs prendre totalement en charge les enfants qui se sont trouvés orphelins, les femmes veuves et les personnes âgées qui se retrouvent seules sans famille….

La prochaine phase, sans doute la plus difficile et la plus longue, est celle de la reconstruction.  C’est probablement à ce niveau que notre pays a plus besoin de solidarité à la fois nationale et internationale. Mais c’est à nous Marocains, d’élaborer, dans les plus brefs délais et en concertation avec les personnes concernées, un plan global de reconstruction pour un retour à une vie normale et une reprise de l’activité. Les images diffusées montrent qu’il faut tout refaire et qu’il n’y a rien à réparer sauf à restaurer un certain nombre de sites historiques   et à sauvegarder notre patrimoine national. Il y a là un travail de réflexion préalable qu’il faut absolument mener en associant les populations concernées et les experts dans différentes disciplines : historiens, géographes, sociologues, économistes, urbanistes et architectes entre autres. 

Ce faisant, notre pays parviendra à se lever vite et repartira de l’avant plus fort que jamais. Plus solidaire que jamais. Plus juste que jamais. Toujours prêt à affronter dans l’unisson avec courage et détermination d’autres défis qui se dresseraient sur son chemin.  Faire de la solidarité notre mode de gouvernance, telle est l’enseignement principal à tirer de l’épreuve actuelle que nous traversons et de celles que nous avions vécues par le passé.

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