chroniques
Obama devrait rendre le Nobel de la Paix
Ni le gouvernement Benkirane n’a vu le jour, ni Chabat n’est encore parti, ni Guantánamo n’a été fermé, ni l’Irak ne s’est reconstruit, ni la Syrie n’a échappé au chaos… On ne peut pas dire que 2016 a été une année concluante
J’aurais pu consacrer cette première chronique de l’an de grâce 2017, aux tractations autour de la formation du gouvernement. Mais pour dire quoi ? Que c’est devenu un feuilleton lassant ? A quoi bon. D’autant qu’il ne risque pas de produire des miracles qu’on attend plutôt du ciel par ces pluies bienfaitrices – c’est la formule consacrée – qui ont fait de la dernière saison de 2016 une saison de bon augure.
Un moment j’ai été tenté de m’intéresser à ce qui se passe au sein de l’Istiqlal, à l’entêtement de Hamid Chabat à ne pas lâcher prise, à se présenter en victime expiatoire des retournements de la scène politique nationale. Chemin faisant j’aurais pu exprimer mon non étonnement devant la participation de Abdelwahed El Fassi, challenger malheureux de Hamid Chabat au dernier congrès des istiqlaliens, au Conseil national extraordinaire que des têtes d’affiche du parti ont boycotté et je dois dire que je comprends les raisons qui ont poussé le fils ainé de Allal El Fassi à ne pas suivre les boycotteurs. N’est-ce pas eux qui l’ont lâché au congrès au profit d’une alliance de dernière minute avec son rival sur instructions, croit-il dur comme fer, venues d’ailleurs.
Je voulais aussi parler de la misérabilité de ce slogan « je suis pute, je vais en boite », paru sur les réseaux sociaux au lendemain de l’attentat du réveillon à Istanbul, qui, entre autres victimes, a fait deux mortes marocaines. C’est l’inconvénient avantage des réseaux sociaux : Révéler au grand jour un trait de nos mentalités, celles-là mêmes qui a poussé certains jeunes islamistes du PJD à célébrer le lâche assassin de l’ambassadeur russe à Ankara comme un héros qui aurait vengé les populations d’Alep. Pas un seul instant, l’idée que dans le bourbier provoqué par le projet américain du Grand Moyen Orient les assassins sont de tous les bords n’a traversé leurs esprits qui ne doutent de rien. Ces attitudes mettent à nu, s’il en est encore besoin, l’islamisme modéré que veut afficher la direction de ce parti, et les sympathies daéchiennes de ses bases.
L’envie me dévorait d’évoquer également les derniers jours du premier président noir des Etats Unis d’Amérique. Que reste-t-il du prix Nobel de la paix qu’on lui a attribué par anticipation dans l’espoir de voir émerger sous sa présidence un monde meilleur ? Rien. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, jamais le monde n’a été aussi instable qu’aujourd’hui. Ni Guantánamo n’a été fermé, ni l’Irak ne s’est reconstruit, ni la Syrie n’a échappé au chaos produit par son prédécesseur à la Maison Banche, ni la Libye n’a résisté à l’effet de dominos d’un prétendu printemps arabe. L’Egypte est dans l’œil du cyclone, la Tunisie peine à retrouver ses équilibres et le reste est à l’avenant. Même sa fameuse assurance Obama Care pour mettre un peu d’égalité dans le système américain a de fortes chances de se voir emporter par l’ouragan Trump. Même son ultime geste de virilité à l’égard d’un premier ministre israélien qui n’a cessé de le narguer, n’avait pas de sens. S’abstenir de voter contre une résolution hostile à la politique de colonisation israélienne alors qu’il s’apprête à faire ses adieux à la Maison Blanche est un soubresaut qui s’apparente au dérisoire.