Promesses, attentes et enjeux – Par Ahmed Charaï

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Le Roi Mohammed VI recevant le 10 septembre 2021 Aziz Akhannouch, le nommant Chef de gouvernement en charge de la formation du nouveau cabinet

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L’expérience islamiste a duré 10 ans. Il est juste de dire, ou d’écrire, qu’ils sont arrivés à la faveur d’un contexte international particulier, celui du prétendu printemps arabe. Mais ils sont aussi arrivés en tête, parce que les électeurs et en particulier la jeunesse désiraient le changement et que le PJD promettait de combattre la corruption, de créer les conditions pour arriver à un taux de croissance de 7%, ce qui aurait eu pour corollaire de juguler le choix. 

Les électeurs ont sanctionné ce parti parce qu’il n’a pas tenu ses promesses et de manière très sévère.

La nouvelle majorité doit retenir la leçon. Ce que la population attend, c’est la réalisation des promesses. Les augmentations salariales, la concrétisation du projet royal de protection sociale, la protection de la classe moyenne, sont des engagements chiffrés dans les programmes des trois partis de l’alliance gouvernementale.

Tout reniement aura des conséquences politiques graves, en particulier sur la confiance dans la classe politique et le système démocratique dans son ensemble.

L’intelligence voudrait que les priorités soient claires devant tout le monde. La santé et l’éducation sont des priorités éternelles, parce que ces deux secteurs sont des déterminants du contrat social.

Mais la jeunesse a pour priorité l’emploi. Ce qui signifie qu’il faut créer les conditions encourageant l’investissement local et étranger créateurs d’emplois pérennes, le public ne pouvant résorber à lui seul le chômage actuel, exacerbé par la crise du Covid, et qui atteint 12% de la population active.

Les services publics de la vie quotidienne, les transports, les loisirs et la culture, la voierie, etc.., dépendent des instances locales. Or, ce sont les trois partis de la majorité qui dominent la plupart des communes et l’ensemble des régions. Les Marocains les jugeront sur l’amélioration de leur quotidien.

Mais le Maroc n’est pas une île. Sur le plan géostratégique, des replacements importants s’opèrent. L’Amérique n’a plus que l’obsession du «containment» de la Chine comme guide et privilégie donc l’espace indopacifique. L’Europe, la France en premier, après l’affaire des sous-marins, sont relégués à un rôle de seconde zone. Jack Attali l’a bien rappelé dans un récent article : «La France, comme le reste de l’Europe, se trouve confrontée à une menace terrible : n’être bientôt plus que la province oubliée d’un empire en déclin. »

Le Maroc ne peut que s’adapter à ce nouveau panorama. Le nouveau gouvernement aura beaucoup de défis à relever. De sa cohésion dépend le résultat.

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