Culture
Décès de Milan Kundera, grande voix de la littérature mondiale
MILAN KUNDERA (1929-2023) PEINTURE SUR TOILE. DIMENSION : 65 X 50 CM - PAR MUSTAPHA SAHA.
L'une des plus grandes voix de la littérature mondiale, l'écrivain tchèque Milan Kundera, auteur de "L'Insoutenable Légèreté de l'être", est mort mardi après-midi à l'âge de 94 ans à Paris, où il résidait depuis des décennies.
Peintre sarcastique de la condition humaine, dans ses dimensions politiques, amoureuses et érotiques, Kundera était l'un des rares auteurs à être entré de son vivant dans la prestigieuse collection française de La Pléiade. Il a été traduit dans une cinquantaine de langues.
Né tchécoslovaque le 1er avril 1929, déchu de cette nationalité avant de devenir tchèque sur le tard, il a été naturalisé français depuis 1981.
Milan Kundera "a pu atteindre des générations de lecteurs sur tous les continents avec son travail et a acquis une renommée mondiale", a souligné sur Twitter le Premier ministre Petr Fiala.
Ce défenseur de la liberté, qui a démarré sa carrière en exposant les absurdités du régime communiste, était destiné comme ses parents à une carrière de musicien. Et Milan Kundera fut d'abord un écrivain mélomane : ses premiers textes, des poèmes, sont composés comme des sonates.
Silence médiatique
Dans les années 60, il publie deux romans, "La Plaisanterie", salué notamment par le poète français Louis Aragon, et "Risibles amours", des textes dressant un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, permit l'arrivée au pouvoir des communistes.
Mis à l'index dans son pays après le Printemps de Prague, Kundera s'exile en 1975 en France avec son épouse Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque.
Naturalisé, il choisira dès lors le français, qu'il maîtrisait parfaitement, comme langue d'écriture. Il marquait sa rupture avec un pays natal qui le déchoit de sa nationalité en 1979, puis la lui rend en 2019.
En France, il publie notamment "La Valse aux adieux" ou "Le Livre du rire et de l'oubli". Découvrant que son premier traducteur français avait dénaturé son style, il a été extrêmement pointilleux ensuite sur les éditions françaises de ses œuvres.
En 1984 paraît ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'œuvre, "L'Insoutenable Légèreté de l'être", roman d'amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte. Le livre sera adapté au cinéma, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.
Il s'abstient de s'exprimer dans les médias depuis le milieu des années 80, souhaitant qu'on parle de son œuvre et de rien d'autre. Interrogé par l'AFP mercredi, Bernard Pivot se souvient que son passage en 1984 dans l'émission Apostrophes s'était "bien passé", mais qu'il n'avait plus entendu parler de l'écrivain après, comme tous ses confrères journalistes.
Milan Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec un cercle de proches très restreint. Il a été plusieurs fois victime de canulars annonçant sa mort avant l'heure.
Il était régulièrement pressenti pour le Nobel de littérature, qu'il n'a jamais décroché. (Quid avec AFP)