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Khalid CHEGRAOUI : Le Maroc en passe de retrouver son positionnement africain d’antan
Gr?ce ? une diplomatie active, rationnelle et bien mesur?e, le Maroc est en train de retrouver ses positionnements d?antan sur la sc?ne africaine. Khalid Chegraoui, Professeur d?Etudes Africaines ? l?Universit? Mohammed V Souissi, n?a pas de doutes l?-dessus. ??Avec le r?gne de Mohammed VI on est effectivement dans une nouvelle ?re intra-africaine??/ maroco-africaine, o? l?accent est mis sur la coop?ration ?conomique en termes gagnant - gagnant, sans oublier la coop?ration culturelle religieuse et sociale qui continue son ?lan historique?.
Retour en Afrique ? retour au naturel
Dans des propos recueillis par Quid, le sp?cialiste des affaires africaines, le dernier p?lerinage africain du souverain Mohammed VI ??marque??officiellement le retour du Maroc ? la sc?ne africaine, o? il est en train de reprendre ses positions d?antan, en tant que mod?le recherch? par les Africains??. C?est un moment qui devrait servir de le?on ? tous pour, bien ?videmment, donner plus d??lan ? cette politique et que le gouvernement suive la lanc?e royale, chose qui tarde ? venir??.
Certes, dit-il, ??la diplomatie royale est bas?e sur des amiti?s personnelles, sur la commanderie des croyants, sur les rapports historiques et surtout sur la personne du roi, en tant que m?diateur et agent de paix et de coop?ration?, mais pr?cise-il, c?est aussi une diplomatie ?conomique bas?e sur les grands op?rateurs marocains publics et priv?s, avec de grands succ?s et quelques ?checs??.
D?ailleurs, Dans les supports sur lesquels se base actuellement la diplomatie marocaine en Afrique, il y a lieu de citer la diplomatie religieuse, souligne Chegraoui, ajoutant qu?elle s?av?re efficace, dans la mesure o? elle a sa propre logique, sert de support aux autres formes de diplomatie et constitue le fer de lance de la diplomatie royale??.
Pour Chegraoui, le moment est opportun pour ??secouer l?ensemble des partis politiques, syndicats et autres, afin d?int?grer les questions africaines et non seulement marocaines dans leurs agendas? et pallier une grande absence diplomatique gouvernementale toujours en l?thargie??.
Pour lui, certaines sorties m?diatiques et actes diplomatiques gouvernementaux n?ont pas ?t? r?ussis. ??Il arrive que cette diplomatie (gouvernementale) g?ne parfois les autres acteurs, par des d?clarions non mesur?es, comme celle faite au sujet du -non??retour en Union Africaine du Maroc-??, fait remarquer le professeur Chegraoui.
Pour un diplomate ou un ministre, ??le mot jamais et ? radier du dictionnaire?? en fait, rares sont les membres de l?ex?cutif marocain et des diplomates et m?me les intellectuels qui croient vraiment en l?avenir du Maroc africain??.
Le roi africain
Il est ainsi temps d?emboiter le pas au roi africain, indique le Pr Chegraoui. Le souverain, aujourd?hui comme hier, dit-il, est dans une continuit? ?volutive, puisqu?il ??g?re des rapports politiques inter?tatiques, mais aussi un espace religieux, culturel et social, mis en place depuis les Almoravides jusqu?? nos jours avec les Alaouites??.
C?est une chose claire, puisque lors de ??chaque visite royale dans le continent est une confirmation de ces liens et de ses rapports historiques. La derni?re au Mali a eu une connotation plus qu?heureuse, le roi a ?t? le seul chef d?Etat ? s?journer trois jours ? Bamako, alors que d?autres avaient m?me peur d?y passer plus de temps qu?il ne faut. L?Etat ?tait en doute, au fait ce n??tait qu?un retour des choses ? leur normalit? historique, o? le Maroc se devait d?assister un pays fr?re, en crise??.
Ces liens ne datent, certes, pas d?hier, puisqu?il ne faut pas du tout oublier que ??l?un des anc?tres de ce pays, grand Empire du Mali, avait inaugur? la premi?re ambassade majestueuse ? F?s, selon les usages de l??poque au temps des M?rinides??. Et en guise de conclusion, Chegraoui n?h?site pas souligner que ?? le Roi est un acteur cl? de cette diplomatie africaine, en la l?gitiment, et en la lib?rant des entraves et des lestes des crises postcoloniaux et des ?garements de parcours et de jugements qui l?ont maintenu dans quelques mains sans v?ritable strat?gie ni vision ? long terme ni moyens cons?quents??.
Concernant l?affaire du Sahara, le chercheur est revenu au pass? pour en donner une br?ve explication?: ??L?affaire du Sahara avait certes avait donn? du fil ? retordre ? ce qui a ?t? con?u historiquement comme un prestige du Maroc en Afrique, mais la r?alit?, c?est que la guerre froide est pass?e par l? aussi??. Depuis, beaucoup de choses ont chang?, et le Maroc pourrait mieux se positionner sur cette affaire en accordant plus d?int?r?t au Continent africain.