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Avec Lula au pouvoir, la gauche latinoaméricaine portée au pinacle – Par Rachid MAMOUNI
Photo prise le 10 mai 2022, l'ancien président (2003-2011) et désormais de nouveau président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva (G) parle avec Rosangela da Silva lors de l'événement "Lula embrasse Contagem", à Contagem, dans l'État du Minas Gerais, au Brésil. Rosangela da Silva, sociologue et militante de gauche qui a épousé Lula da Silva cette année et a été un acteur clé de la campagne qui l'a conduit à la présidence. (Photo : Douglas Magno / AFP)
Par Rachid MAMOUNI (Bureau de la MAP à Buenos Aires)
Buenos Aires, 31/10/2022 (MAP), Avec le triomphe de Lula da Silva au second tour des élections présidentielles au Brésil face à Jair Bolsonaro, les pays latinoaméricains gouvernés majoritairement par des partis ou des coalitions de gauche obtiennent un renfort de taille pour un nouvel ancrage de leurs idéaux.
Les premières réactions euphoriques ont immédiatement parcouru le continent du Mexique jusqu'à la Patagonie chilienne, Lula étant perçu comme le Neymar de la gauche continentale, même si, ironie de l’histoire, la star du PSG avait soutenu son rival de droite au deuxième tour, Jair Bolsonaro.
Désormais les rênes de la quasi-totalité des pays de la région seront tenues par des présidents adossés à des idéologies estampillées à gauche, mais le président élu Lula sera à la tête de la première puissance économique, politique et démographique de la région.
Il sera également à la tête d’un pays membre des BRICS qui pèse plus de 1600 milliards de dollars de PIB, soit le triple du PIB de son poursuivant immédiat, l’Argentine.
Le Brésil de Lula est aussi le premier producteur de matières premières agricoles et de pétrole dans la région. Autant dire que son rôle est fondamental dans tous les processus d’intégration régionale qui sont le cheval de bataille des partis de gauche en Amérique Latine.
Les présidents et autres leaders de la région n’ont pas tari d’éloge sur l’élection de Lula, dont l’arrivée, à partir de janvier prochain, au cénacle des chefs d’Etat de la région, est comparée à un « rêve » qui se réalise enfin.
C’est le président chilien Gabriel Boric, le plus jeune des leaders de la gauche, qui a donné, à travers un bref tweet, toute la mesure de l’exaltation ressentie par ce triomphe. Il a écrit sobrement « Lula. Allégresse ».
En 2003, lorsque Lula avait accédé pour la première fois au pouvoir au Brésil, Boric avait moins de 17 ans. Aux yeux des jeunes militants de gauche à l’époque, le président élu du Brésil projetait déjà l’image d’un leader charismatique qui allait réussir à rembourser les dettes de son pays et sortir de la pauvreté plus de 28 millions de brésilien.
En Argentine, les relations exécrables du président argentin, Alberto Fernández, avec son homologue brésilien sortant Jair Bolsonaro sont un secret de Polichinelle. Autant dire que l’élection de Lula provoque une liesse évidente au sommet de l’Etat en Argentine.
Alberto Fernandez y voit le début d’une « nouvelle ère dans l'histoire de l'Amérique latine. Une ère d'espoir et d'avenir », alors que sa vice-presidente, Cristina Kirchner n’hésite pas remercier les électeurs brésiliens « pour avoir redonné l’allégresse et l’espoir à notre Amérique du sud » en élisant Lula da Silva.
En Bolivie, même réaction exaltée du président Luis Arce qui estime que la victoire de Lula « renforce la démocratie et l’intégration d’Amérique Latine » pour plus de progrès et de justice sociale.
Au Pérou, le président Pedro Castillo, en proie à des démêlés avec la justice de son pays, pourrait avoir des raisons supplémentaires d’être plus euphorique après la victoire de Lula, vu comme un allié politique qui avait connu les mêmes démêlés avec la justice de son propre pays.
Castillo a estimé que « le triomphe de Lula est fondamental pour l’unité d’Amérique Latine et pour la justice sociale dans la Grande Patrie ».
Certes, Lula da Silva (76 ans) va côtoyer une nouvelle génération de présidents de gauche qu’il n’avait pas connue lors de ses deux premiers mandats (2003-2010), mais leurs préoccupations sont quasi-identiques.
Mieux encore, Lula semblait en avance par rapport à cette génération de chef d’Etat, idéologiquement à gauche, mais qui défendent la liberté d’entreprendre et les lois du marché.
La préservation de la forêt amazonienne que partagent une dizaine de pays de la région sera sans doute une autre thématique qui va rapprocher encore plus les pays de la région, après les accusations pour laxisme contre le président sortant Jair Bolsonaro.
L’ancien syndicaliste a remporté le deuxième tour de l’élection présidentiel avec 50,9% des voix, devançant de justesse son rival, qui en a obtenu 49,1% après le dépouillement de 99,99 des votes.
Lula va hériter d’un pays divisé et devra gouverner avec un parlement et des gouverneurs de régions plus proches des idées de Bolsonaro que des siennes.
Sur cette scène antagonisée en interne, le président élu du Brésil trouvera, à coup sûr dans ses pairs de la région des alliés politiques pour avancer dans l’œuvre de l’intégration régionale.