International
Avions de combat : Rafale de contrats pour Macron en visite aux Emirats
Le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane
Les Emirats arabes unis ont signé vendredi un accord pour acquérir 80 avions de combat Rafale, une commande record pour l'avion de chasse entré en service en 2004, à l'occasion de la visite à Dubaï du président français Emmanuel Macron.
Au total, cette commande, avec l'achat de 12 hélicoptères Caracal et les éléments associés, représentent un montant de plus de 17 milliards d'euros, dont 14 pour les seuls Rafale, selon l'Elysée.
Elle représente "le plus gros contrat militaire à composante française de notre histoire", s'est félicité Emmanuel Macron. Et elle démontre, selon lui, que les Emirats considéraient la France comme "un partenaire solide" et "fiable", qui "tient ses engagements".
Cette vente "est un succès français", s'est réjoui de son côté le directeur-général de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui a signé à Dubaï l'accord avec Tarek Abdul Raheem Al Hosani, PDG de Tawazun Economic Council, chargé des acquisitions de sécurité et de défense.
Puis Emmanuel Macron et le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ, l'ont acté à l'issue d'un tête à tête au pavillon d'honneur de l'Exposition universelle.
Les Rafale seront livrés entre 2027 et 2031 et sont destinés à remplacer le 60 Mirage 20009 acquis en 1998 par Abou Dhabi.
L'avion sera livré au standard F4, un programme en cours de développement de près de deux milliards d'euros et présenté comme un "saut technologique, industriel et stratégique" à l'horizon 2024. Les armements font l'objet d'un contrat séparé signé avec le fabriquant de missiles MBDA pour un montant de deux milliards d'euros.
Pour Emmanuel Macron, cette commande est "très bonne pour la France" car elle "crée de l'emploi" dans le pays et permet de "garantir la pérennité de la chaîne de production du Rafale jusqu'à fin 2031" selon le ministère des Armées.
Jadot en mal de thèmes
Les Emirats sont actuellement le cinquième client le plus important de l'industrie de défense française sur la décennie 2011-2020, avec 4,7 milliards d'euros de prises de commandes, selon le rapport au Parlement sur les exportations d'armement de la France.
Cette commande intervient dix ans après de vaines négociations soutenues par l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Depuis, le Rafale a réalisé une percée à l'international malgré la concurrence d'appareils américains et européens.
En France, l'annonce de ce contrat record à quatre mois de la présidentielle a été applaudie par des responsables politiques, notamment à droite, tandis qu'elle était vivement dénoncée par le candidat écologiste Yannick Jadot, qui oublie de s’occuper de son ami Nicolas Hulot et des droits des femmes dans son pays. Pour Jadot, qui n’a pas froid aux yeux, "la France [lui] fait [ainsi] honte quand elle arme des régimes autoritaires qui méprisent les droits humains et dont la richesse s'est bâtie sur les énergies fossiles".
A Dubaï, Emmanuel Macron était accompagné de toute son armada : Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Economie) et Florence Parly (Armées), ainsi que de dirigeants d'entreprises, comme Total, qui ont signé une série d'accords.
Le puissant fonds souverain émirati Mubadala a annoncé des engagements de huit milliards d'euros, dont six avec le ministère de l'Economie, pour accroître nettement son enveloppe d'investissements dans des entreprises françaises.
Par ailleurs, l'accord de licence du Louvre Abou Dhabi a été prolongé de dix ans, jusqu'en 2047, avec un versement de 165 millions d'euros, témoignant de la réussite du musée ouvert en 2017 aux Emirats.
Le pèze avant le Zambèze
M. Macron était attendu vendredi soir au Qatar avant de rejoindre samedi Jeddah, en Arabie saoudite, où il devait s'entretenir avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) sur les sujets régionaux et les relations bilatérales.
Le président français a défendu, par une formule alambiquée qui en dit long sur le pèze avant le Zambèze, sa décision d'être l'un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer l'homme fort de Ryad depuis l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, qui a fortement terni son image.
"Qui peut penser une seule seconde qu'on aide le Liban, qu'on préserve la paix et la stabilité au Moyen-Orient si on dit: 'on ne parle plus à l'Arabie saoudite, le pays le plus peuplé et le plus important du Golfe?'", a-t-il interrogé. "Cela ne veut pas dire que je cautionne, que j'oublie, que nous ne sommes pas des partenaires exigeants" mais il s'agit "juste d'agir pour notre pays et pour l'intérêt de la région", selon lui.