Des dizaines de milliers de soldats israéliens encerclent Gaza sous ''siège complet''

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Un panache de fumée s'élève dans le ciel de la ville de Gaza lors d'une frappe aérienne israélienne le 9 octobre 2023. Israël a pilonné sans relâche la bande de Gaza pendant la nuit et le 9 octobre, alors que les combats avec le Hamas se poursuivaient dans la bande de Gaza et que le bilan de la guerre contre les militants palestiniens dépassait les 1 100 morts.

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L'armée israélienne a ordonné lundi un "siège complet" de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, au troisième jour de l'offensive surprise et massive lancée par le mouvement islamiste palestinien, comparée par Israël au 11 septembre 2001.

Après cette attaque sans précédent par terre, air et mer, déclenchée samedi en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, par le Hamas, l'armée israélienne a annoncé avoir le "contrôle" lundi des localités du sud du pays prises pour cible. Mais "il pourrait y avoir encore des terroristes dans la zone", a averti le porte-parole de l'armée.

La guerre a fait près de 1.300 morts au total, selon les bilans officiels de part et d'autre.

Du côté israélien, 250 personnes ont été tuées dans une rave party samedi dans le désert près de la bande Gaza, selon le porte-parole de l'ONG Zaka, Moti Bukjin, qui a participé à la collecte des corps.

Des dizaines de milliers de soldats israéliens sont déployés autour de la bande de Gaza, mince territoire côtier peuplé de 2,3 millions de Palestiniens et contrôlé par le Hamas depuis 2007.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé lundi qu'il imposait "un siège complet" à la bande de Gaza: "Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz". Dans la foulée, son homologue de l'Energie, Israël Katz, a ordonné la "coupure immédiate" de l'approvisionnement en eau de cette enclave palestinienne à laquelle Israël fournit 10% de la consommation annuelle.

L'armée s'efforce aussi de sauver les Israéliens pris en otage par le Hamas, plus d'une centaine selon le gouvernement israélien, du jamais vu dans l'histoire du pays pris par surprise par cette offensive lancée samedi au dernier jour des fêtes juives de Souccot, "de loin le pire jour de l'histoire d'Israël", selon un porte-parole de l'armée.

"Ce qui s'est passé est sans précédent en Israël", a reconnu le Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

Plus de 700 Israéliens ont été tués en un peu plus de 48 heures et 2.150 blessés, selon l'armée. Côté palestinien, 560 personnes ont été tuées et 2.900 blessées, selon les autorités locales.

Otages civils et militaires 

L'armée israélienne estime à un millier le nombre de combattants du Hamas ayant participé à "l'invasion d'Israël", a déclaré un porte-parole sur X (ex-Twitter).

Dans la nuit "plus de 500 cibles […] du Hamas et du Jihad islamique" ont été frappées selon l'armée israélienne. "Des civils et des soldats sont aux mains de l'ennemi, c'est le temps de la guerre", a affirmé le général en chef de l'armée israélienne, Herzi Halevi.

L'armée a par ailleurs annoncé avoir tué "plusieurs suspects armés" qui s'étaient infiltrés en Israël à partir du Liban.

Lundi, les sirènes d'alerte à la roquette ont retenti à Jérusalem et dans le centre d'Israël, alors que les tirs de roquettes en provenance de Gaza se poursuivaient surtout sur le sud d'Israël.

Netanyahu a mis en garde contre une guerre "longue et difficile" et appelé les habitants de certaines zones de Gaza à les quitter. La guerre a fait plus de 123.000 déplacés dans la bande de Gaza, a annoncé lundi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Nombre de ressortissants d'autres pays, certains ayant aussi la nationalité israélienne, ont été tués dans l'offensive du Hamas, notamment 12 Thaïlandais, 10 Népalais, au moins neuf Américains, deux Français et un Canadien, selon les autorités de ces pays.

Jonathan Panikoff, directeur de l'initiative Scowcroft pour la sécurité au Moyen-Orient, a estimé qu'"Israël a été pris de court par cette attaque sans précédent" et "beaucoup d'Israéliens ont du mal à comprendre comment cela a pu se produire".

Pour Yaakov Shoshani, 70 ans, un habitant de Sdérot, dans le sud d'Israël, "les systèmes ont tous échoué ici, qu'il s'agisse du renseignement, du renseignement militaire, civil, des systèmes de détection, de la barrière frontalière (avec Gaza), tout a échoué".

"C'est de loin le pire jour de l'histoire d'Israël. Jamais auparavant autant d'Israéliens n'avaient été tués en une seule fois", a déclaré un porte-parole de l'armée, selon lequel il pourrait s'agir "à la fois d'un 11 septembre et d'un Pearl Harbour".

Après avoir franchi la barrière frontalière qu'Israël considérait imprenable, des combattants du Hamas se sont engouffrés depuis la bande de Gaza dans des localités juives du sud du pays. Là, des hommes armés sont allés de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant pour les ramener à Gaza.

"Très grave échec"

Un ancien soldat israélien a déclaré que la guerre israélo-arabe de 1973, qui reste un traumatisme national en Israël, était "peu de chose" comparée au raid du Hamas de samedi, ajoutant qu'il s'agissait d'un "très grave échec".

L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après cette guerre qui avait pris Israël totalement par surprise et fait 2.600 morts côté israélien en trois semaines de combats.

Les Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette opération et tiré plus de 5.000 roquettes vers Israël pour "mettre fin aux crimes de l'occupation".

Israël, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a annexé la partie orientale de Jérusalem et impose un blocus à Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Le ministère de l'Education israélien a annoncé la fermeture des écoles jusqu'à mardi au moins.

Les Etats-Unis ont commencé dimanche à envoyer de l'aide militaire à Israël avec de nouvelles munitions et à rapprocher leur groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald Ford en Méditerranée.

De son côté, l'Iran appuie l'offensive du Hamas et "soutient la légitime défense de la nation palestinienne", selon les mots de son président, Ebrahim Raïssi.

"Notre peuple a le droit de se défendre", a déclaré le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a convoqué une réunion d'urgence mardi pour évoquer la situation en Israël et à Gaza. (Quid avec AFP)

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