International
Espagne: le roi Felipe VI marque dix ans de règne
Le roi d'Espagne Felipe VI s'entretient avec la princesse héritière des Asturies Leonor lors des commémorations marquant le 10e anniversaire de la proclamation du roi d'Espagne Felipe VI au Palacio de Oriente ou Palais royal à Madrid, le 19 juin 2024. (Photo Juan Medina / POOL / AFP)
Le roi Felipe VI marque mercredi, sans apparat excessif, le 10ème anniversaire de son accession au trône d'Espagne, une décennie durant laquelle il s'est efforcé de rétablir l'image de la monarchie, abîmée par les excès de son père Juan Carlos.
"Durant ces années de service, l'engagement et le devoir ont été les piliers de mon action comme Roi", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie au Palais royal, donnant le ton de la journée.
"Pour cette raison, service, engagement et devoir constituent le thème que j'ai choisi pour cet anniversaire", a-t-il poursuivi. Cette devise a d'ailleurs fait son apparition mercredi sur le site web de la Maison royale.
"Le Roi dont notre époque avait besoin", titre mercredi en première page le quotidien madrilène El Mundo, ajoutant que les dix premières années de son règne "ont rendu le prestige à la Couronne".
Le 19 juin 2014, 17 jours après l'annonce de l'abdication de Juan Carlos, Felipe, alors âgé de 46 ans, était proclamé roi d'Espagne par les "Cortes", le Parlement espagnol.
Dans sa première prise de parole, il avait promis ce jour-là "une monarchie rénovée pour une époque nouvelle", une manière de dire qu'il ferait tout pour adapter l'institution monarchique, mise à mal par les frasques de son père.
Juan Carlos, qui avait accédé au trône à la mort du dictateur Francisco Franco, en 1975, a été le souverain du retour à la démocratie, jouant un rôle de premier plan pour la consolider, notamment en contribuant à déjouer la tentative de putsch militaire du 23 février 1981.
Mais son règne s'est achevé dans une atmosphère délétère, en raison des révélations sur sa vie privée dissolue et son train de vie fastueux, alors que l'Espagne était plongée dans la crise financière.
Contre-pied de son père
Pour Felipe VI, qui aspirait à être le souverain de la normalité, l'objectif était tout bonnement de sauver la monarchie dans un pays où, comme au Royaume-Uni, le roi, symbole d'unité, règne mais ne gouverne pas.
Pour cela, il a immédiatement pris le contre-pied de son père, mettant en avant les notions d'intégrité, d'exemplarité et de transparence.
Dès 2015, il retirait à l'infante Cristina, sa propre sœur, le titre de duchesse de Palma, que Juan Carlos avait créé pour elle en 1997, en raison d'un scandale financier dans lequel était compromis son mari, l'ex-champion de handball Iñaki Urdangarin.
Cette affaire avait valu à Cristina de Bourbon de devenir le premier membre de la famille royale à être jugée lors d'un procès. Elle avait été condamnée à payer une amende, alors que son mari avait écopé en 2018 d'une peine de cinq ans et dix mois de prison.
L'autre mesure forte prise par Felipe VI dans ce domaine remonte à 2020, lorsqu'il a renoncé à l'héritage de son père et décidé que celui-ci ne toucherait plus sa dotation.
Ces deux décisions faisaient suite à des révélations de la presse et à l'ouverture par la justice espagnole de plusieurs enquêtes sur l'origine très douteuse de la fortune de Juan Carlos, qui vit en exil depuis août 2020 à Abou Dhabi (Emirats arabes unis).
"Le meilleur système"?
Cette première décennie du règne de Felipe VI a été marquée par une grave crise, la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017, au cours de laquelle il a pesé de tout son poids avec un discours solennel à la Nation le 3 octobre pour préserver l'ordre constitutionnel et l'unité de l'Espagne.
Les efforts de Felipe VI pour redorer l'image de la monarchie auprès de ses compatriotes, notamment les jeunes, ont-ils payé? Les avis semblent partagés.
Selon les résultats d'un sondage publiés dimanche par El Mundo, seulement 47,4% des Espagnols estiment qu'il a tenu sa promesse, celle d'une monarchie "rénovée pour une époque nouvelle", 45,1% étant d'un avis contraire.
De même, si 49,6% des personnes interrogées estiment que la monarchie constitue "le meilleur système" pour l'Espagne, il y en a tout de même 40,4% qui ont une opinion opposée.
Pour gagner la bataille de l'opinion, Felipe VI mise sur Leonor, la princesse héritière, qui a juré fidélité à la Constitution en octobre dernier, le jour de ses 18 ans, et peut donc désormais succéder à son père.
Nouveau visage de la famille royale, Leonor bénéficie d'une très bonne image dans l'opinion et personnifie l'avenir de la monarchie espagnole. Felipe VI a d'ailleurs souligné dans son discours la "continuité" qu'elle représentait.(AFP)