Guerre commerciale: l'Asie, moteur économique du globe, se prépare au ''choc Trump''

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Le président chinois Xi Jinping a déclaré le 7 novembre 2024 que Pékin et Washington devaient trouver un moyen de « s'entendre » dans un message adressé au président élu américain Donald Trump, ont indiqué les médias d'État. La victoire écrasante de M. Trump à l'élection présidentielle a ouvert une nouvelle ère d'incertitude aux États-Unis et dans le monde. (Photos / AFP)

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Certains pays d'Asie espèrent profiter d'une nouvelle vague de relocalisations d'usines hors de Chine face aux droits de douane massifs que promet Donald Trump, mais eux-mêmes pourraient pâtir d'une guerre commerciale déstabilisant l'économie mondiale.

L'Asie, qui contribue à 60% de la croissance mondiale selon le Fonds monétaire international (FMI), serait en premier lieu concernée par une politique agressive du président élu américain.

Impact d'une baisse d'activité chinoise

Donald Trump affirme vouloir taxer à 60% les marchandises venues de Chine. De quoi affaiblir encore davantage la deuxième économie mondiale, déjà à la peine : selon Oxford Economics, cela pourrait réduire de jusqu'à 1,6% le PIB chinois.

Un refroidissement à même d'affecter l'Asie du Sud-Est, avec ses chaînes de production étroitement interconnectées avec la Chine, et qui bénéficie d'importants investissements chinois.

"Les pays de la région exportent vers la Chine (composants et matériaux) qui y sont transformés avant l'acheminement vers les marchés finaux comme les Etats-Unis", explique Adam Ahmad Samdin, d'Oxford Economics. L'Indonésie est notamment exposée via ses fortes exportations de nickel et de minerais.

Quant au Japon, Taïwan et la Corée du Sud, leur premier partenaire commercial n'est autre que... la Chine.

Menace de taxes douanières étendues

Outre la Chine, Donald Trump a évoqué une hausse de 10 à 20% des droits sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis.

"L'impact économique (pour les pays asiatiques) dépendra alors de la part des Etats-Unis dans leurs exportations: 40% pour le Cambodge, 27% pour le Vietnam, 17% pour la Thaïlande...", souligne M. Samdin.

Washington pourrait cibler les "pays-connecteurs" par lesquels transitent les produits d'entreprises chinoises pour échapper aux taxes américaines.

"Les exportations vietnamiennes d'articles électroniques pourraient être sanctionnées", insiste Lloyd Chan, de la banque MUFG. "Ce n'est pas inconcevable: la Chine exporte davantage d'électronique vers l'Asie du sud-est", notamment le Vietnam, "et les importations américaines venant de la région (dans ce secteur) ont gonflé depuis 2017."

"L'Inde pourrait devenir une cible en raison de la part importante de composants chinois dans les produits indiens", renchérit Alexandra Hermann, d'Oxford Economics.

Plus généralement, "Trump pourrait imposer des droits plus élevés sur les produits indiens dans l'automobile, le textile, la pharmacie, les rendant moins compétitifs sur le marché américain", s'alarme Ajay Srivastava, de la Global Trade Research Initiative à New Delhi.

"Une guerre douanière sera dangereuse pour l'Inde", abonde Ajay Sahai, directeur de la Federation of Indian Export Organisations. "Mais Trump est transactionnel" et pourrait simplement chercher à faire pression sur l'Inde "pour négocier un meilleur accès pour les produits américains", indique-t-il à l'AFP.

Relocalisations hors de Chine

A moyen terme, ces effets négatifs pourraient être contrebalancés par l'implantation hors de Chine des productions industrielles d'entreprises soucieuses d'échapper aux retombées du conflit commercial sino-américain.

Une stratégie "Chine+1" engagée dès le premier mandat de Donald Trump, avec des déplacements de production vers l'Inde et la Malaisie (électronique, semi-conducteurs), la Thaïlande (automobile), et le Vietnam (électronique, automobile).

Fort de sa position géographique et d'une main-d’œuvre qualifiée bon marché, le Vietnam apparaît comme le principal bénéficiaire. Le pays a notamment reçu des investissements des taïwanais Foxconn et Pegatron (sous-traitants d'Apple), du sud-coréen Samsung... et est devenu le deuxième exportateur de smartphones au monde derrière la Chine.

"Les investisseurs n'aiment pas l'instabilité. Il est probable qu'encore davantage d'entreprises voudront limiter les risques, avoir une deuxième voire troisième base de production hors de Chine", souligne Bruno Jaspaert, président de la Chambre de commerce européenne au Vietnam et patron d'une zone industrielle en plein essor à Haiphong, grand port du nord du pays.

"Les tensions sino-américaines alimenteront l'incertitude régionale, les firmes américaines resteront très attirées par les opportunités au Vietnam", abonde Adam Sitkoff, de la Chambre américaine de commerce de Hanoi.

Les firmes chinoises elles-mêmes investissent massivement du Vietnam à l'Indonésie, dans des secteurs variés (solaire, batteries, véhicules électriques, minerais...).

Demande mondiale sous pression

Pour autant, "qu'il s'agisse de production bas de gamme ou high-tech, l'avantage concurrentiel de la Chine en termes de prix, d'échelle, de qualité est difficile à reproduire ailleurs", avertit la banque Nomura.

La réorganisation des chaînes de production pourrait entraîner des "pertes d'efficacité" et renchérir les prix, "avec un impact négatif pour la croissance mondiale", expliquait récemment à l'AFP Thomas Helbling, directeur-adjoint du FMI pour l'Asie.

Ces pays asiatiques pourraient gagner des parts de marché à l'exportation mais voir in fine leur situation se dégrader en cas d'affaiblissement de la demande mondiale. (AFP)