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L'Arménie reconnaît l'Etat de Palestine et rejoint les 147 pays sur les 193 membres de l'ONU qui l’ont déjà reconnu
Des Palestiniens à l'arrière d'une camionnette dans une zone de déplacement, la zone d'al-Mawasi à Khan Yunis dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juin 2024. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
Le ministère arménien des Affaires étrangères a annoncé vendredi la reconnaissance de l'Etat de Palestine dans le but d'avancer vers la paix au Proche-Orient, insistant sur la "situation critique à Gaza".
"Réaffirmant son allégeance au droit international et aux principes d'égalité, de souveraineté et de coexistence pacifique des peuples, la République d'Arménie reconnaît l'Etat de Palestine", a indiqué le ministère dans un communiqué.
"Erevan désire sincèrement l'avènement d'une paix durable" dans la région, selon le ministère qui rappelle vouloir "l'instauration immédiate d'une trêve" dans la guerre à Gaza.
Hussein al-Sheikh, le secrétaire général du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a rapidement "salué" la décision prise par Erevan.
"C'est une victoire pour le droit, la justice, la légitimité et la lutte de notre peuple palestinien pour la libération et l'indépendance", a-t-il souligné sur le réseau social X.
Mais peu après, le ministère israélien des Affaires étrangères a vivement réagi, annonçant "convoquer l'ambassadeur d'Arménie pour une réprimande sévère", sans donner plus de précisions.
Fin mai, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège avaient officiellement reconnu l'Etat de Palestine.
Qui reconnait l’Etat palestinien ?
Plus des trois quarts des Etats membres de l'ONU ont reconnu l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil il y a plus de 35 ans.
La liste fournie par l'Autorité palestinienne et les dernières annonces de gouvernements dans le monde, fait état de 147 pays sur les 193 Etats membres de l'ONU qui ont désormais reconnu l'Etat palestinien. Avant l'Arménie, quatre pays européens (Espagne, Irlande, Slovénie et Norvège) et quatre pays des Caraïbes (Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Barbade et Bahamas) avaient récemment rejoint cette liste, dont sont absents la plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, l'Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
Mi-avril, les Etats-Unis ont posé leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une résolution visant à ce que la Palestine devienne un Etat membre à part entière de l'organisation internationale.
1988, premières reconnaissances
Le 15 novembre 1988, quelques mois après le début de la première Intifada - soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne - le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, proclame "l'établissement de l'Etat de Palestine", avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP) qui tient lieu de Parlement en exil, à Alger. Quelques minutes plus tard.
Une semaine après, 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et la plupart des pays arabes, reconnaissent. L’Etat palestinien. Puis presque tous les pays du continent africain et du bloc socialiste.
Dans les années 2010 et 2011 principalement, la plupart des pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine suivent, marquant leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, grand allié d'Israël.
2012, un pied à l'ONU
Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat mort en 2004, l'Autorité palestinienne, instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne, lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.
Par un vote historique en novembre 2012, l'Etat de Palestine obtient le statut d'Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux.
Forts de ce statut, les Palestiniens rejoignent en 2015 la Cour pénale internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les Territoires palestiniens. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.
L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) avait ouvert la voie en admettant en octobre 2011 l'Etat de Palestine comme l'un de ses membres à part entière. Israël et les Etats-Unis quitteront l'organisation en 2018, les seconds y reviendront en 2023.
2014, la Suède pionnière dans l'UE
La Suède devient en 2014 le premier pays de l'UE à reconnaître l'Etat de Palestine, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l'ayant fait avant de rejoindre l'Union européenne (UE).
Cette décision de Stockholm, prise à un moment où les efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien sont dans une impasse complète, entraîne des années de relations houleuses avec Israël.
2024, nouvel élan européen
Longtemps une reconnaissance formelle de l'Etat palestinien devait résulter, selon les pays occidentaux, d'un processus de paix avec Israël. Mais dans un élan conjoint, l'Espagne et l'Irlande, tous deux membres de l'UE, ainsi que la Norvège, emboîtent le pas à la Suède fin mai, s'attirant les foudres du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
La Slovénie fait de même début juin.
Le président français Emmanuel Macron franchit timiodement de son côté un cap en février, estimant que "la reconnaissance d'un Etat palestinien n'[était] pas un tabou pour la France". Mais début juin, le gouvernement a redit son refus d'une reconnaissance de l'Etat de Palestine dans l'immédiat, affirmant que cela "doit intervenir au bon moment pour qu'il y ait un avant et un après".
Malte a évoqué en mars la possibilité d'une telle reconnaissance, de même que l'Australie en avril. (Quid avec AFP)
La guerre en cours à Gaza a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
La campagne de représailles militaires israélienne sur Gaza a fait jusqu'à présent 37.431 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza.
Les relations entre Israël et l'Arménie se sont nettement dégradées depuis l'automne 2020, Erevan reprochant à l'Etat hébreu ses ventes d'armes massives à l'Azerbaïdjan, qui a achevé de soumettre à son contrôle, à l'issue d'une offensive éclair en septembre 2023, la province sécessionniste du Haut-Karabakh, enjeu d'un conflit entre Bakou et Erevan depuis plus de trente ans.