Législatives en France: fractures à droite, débats à gauche et extrême droite en force

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Gabriel Attal se mord les lèvres. En ayant été le Premier ministre de l’histoire française pourrait être aussi le plus éphémère (Dixit Le Monde). (Photo DENIS CHARLET / AFP)

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Par Jérémy TORDJMAN (AFP)

Fractures à droite, débats sur l'union à gauche, extrême droite en force: le séisme provoqué en France par la dissolution de l'Assemblée continuait jeudi de provoquer des secousses, à 17 jours de législatives qui pourraient affecter notamment le cap diplomatique du pays.

Après sa débâcle aux élections européennes dimanche, le camp du président Emmanuel Macron tente de présenter le scrutin des 30 juin et 7 juillet comme un "choix de société" entre le bloc progressiste qu'il incarnerait et les "extrêmes" à gauche et à droite qui "carburent à la division", a résumé jeudi le Premier ministre Gabriel Attal sur la radio France inter.

Depuis le triomphe électoral du Rassemblement national (RN, extrême droite) arrivé en tête du scrutin avec 31,3% des voix et le coup de poker de la dissolution tenté par Emmanuel Macron, la recomposition politique en France s'accélère à grands pas, virant parfois au chaos.

Des fractures béantes se sont ouvertes au sein de l'opposition de droite. Désavoué par ses troupes pour avoir proposé une alliance inédite avec le RN, Eric Ciotti a été évincé mercredi de la tête du principal parti conservateur, les Républicains (LR), mais refuse de quitter son poste.

Mercredi, il était allé jusqu'à verrouiller les accès du QG du parti pour en interdire l'accès aux frondeurs venus le destituer et s'y est rendu jeudi, signe qu'il refuse de déposer les armes. "Je sais que j'ai la confiance des militants", a-t-il clamé sur la chaîne CNews.

La crise a également disloqué le petit parti d'extrême droite Reconquête, qui avait pourtant réussi à envoyer dimanche ses premiers eurodéputés à Strasbourg. Son fondateur, le polémiste multicondamné Eric Zemmour, a exclu la tête de liste aux européennes Marion Maréchal - nièce de la figure de proue du RN, Marine Le Pen - après qu'elle a appelé à voter pour le RN concurrent.

Sentiment de "trahison" 

Loin de ces dissensions, la gauche française a réussi la prouesse de s'allier pour les législatives en quelques jours après s'être divisée pendant la bataille des européennes. Reste à s'entendre sur un chef de file commun.

Les quatre principaux partis de gauche, La France insoumise (LFI, gauche radicale), le Parti socialiste, les Ecologistes et le parti cummuniste (PCF) se sont entendus pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions et se regrouper sous la bannière du "Front populaire", appellation qui renvoie à la coalition formée en France en 1936, célèbre notamment pour avoir introduit les premiers congés payés dans le pays.

Des divergences de fond demeurent toutefois, et reste en suspens la question de l'identité de celui ou celle qui deviendrait Premier ministre en cas de victoire de la gauche au soir du 7 juillet.

Ancien candidat à la présidentielle, l'impétueux chef de file de LFI (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon s'est dit mercredi soir "capable" de diriger le gouvernement mais sa personnalité clivante est loin de faire l'unanimité, en raison notamment de ses déclarations ambiguës sur l'antisémitisme depuis les attaques du Hamas du 7 octobre.

"LFI enfreint complètement les valeurs socialistes", confie ainsi à l'AFP Florence, une électrice de gauche, résumant le sentiment de "trahison" ressenti par certains socialistes face à l'idée d'une union avec le parti de M. Mélenchon. D'autres sympathisants du PS interrogés par l'AFP reprochent au leader de LFI son "communautarisme", ses "propos violents", ou encore son "soutien à des régimes autoritaires en Chine et en Russie".

De fait, LFI comme le RN qui caracole en tête dans les sondages, appellent à de profonds changements dans la diplomatie française.

Le parti d'extrême droite, accusé d'être proche de la Russie, renâcle sur l'aide à l'Ukraine et s'oppose à toute entrée de Kiev dans l'Union européenne ou l'Otan. La France insoumise appelle, elle, à quitter le commandement intégré de l'Otan, dénonçant un alignement systématique avec les Etats-Unis.

Malgré ces incertitudes, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est dit convaincu jeudi que la France resterait un allié "solide et important" quel que soit son prochain gouvernement.

"Je m'attends à ce que la France reste un allié solide et important à l'avenir", a déclaré M. Stoltenberg à Bruxelles. L'expérience prouve que les alliés de l'Otan ont toujours réussi à rester unis, quels que soient les différents partis au pouvoir et les différentes majorités dans les parlements", a-t-il ajouté.