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Tensions électorales au Sénégal: Des chefs religieux et associations de la société civile appellent à une introspection
« On a considéré que quand un peuple traverse des évènements aussi durs, il faut s’arrêter un peu et voir ce qui s’est passé et faire en sorte que cela ne se répète pas » (secrétaire général du Forum islamique pour le développement et l’éducation, Mohamed Saïd Ba)
Dakar – Des chefs religieux et associations de la société civile ont appelé, samedi à Dakar, à une introspection suite aux manifestations violentes de juin dernier, en vue de trouver des solutions permettant de préserver la paix et la stabilité au Sénégal.
Des violences ont éclaté au Sénégal, début juin dernier, suite à la condamnation de l’opposition Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse ». Un bilan officiel fait état de 16 morts et de dégâts matériels importants.
« On a considéré que quand un peuple traverse des évènements aussi durs, il faut s’arrêter un peu et voir ce qui s’est passé et faire en sorte que cela ne se répète pas », a dit le secrétaire général du Forum islamique pour le développement et l’éducation, Mohamed Saïd Ba, coordonnateur de la « journée nationale pour la paix et la stabilité au Sénégal ».
Les initiateurs de cette journée tenue à la grande mosquée de Dakar, ont mis l'accent sur la nécessité de mobiliser leurs forces en faisant appel à des intellectuels, des cadres et des gens « épris de paix », pour arriver à préserver la stabilité du pays.
« Se retrouver ici à la grande mosquée de Dakar, c’est symbolique pour dire aux Sénégalais que l’image que les gens ont connu de ce Sénégal de paix et de Téranga reste intact, et c’est la raison principale de l’organisation de cet événement aujourd’hui », a déclaré M. Ba, ajoutant: Il faut que les hommes politiques « essaient de se réconcilier avec eux-mêmes et avec l’éthique, car le Sénégal doit marcher vers l’avant ».
Il n’a relevé que le rôle de l’homme politique, « c’est de représenter le paysan, l’enseignant et le citoyen de façon générale à l’Assemblée nationale, dans les communes et non de se chamailler ou de propager la haine ».
Après la présidentielle de février 2024, « il faut que les Sénégalais se retrouvent pour discuter amplement de tout cela et éviter que cela ne se répète », a-t-il souligné.
« Ici, au nom du peuple sénégalais, toutes catégories confondues, nous disons non à toute forme de violence », ont indiqué les organisateurs dans une déclaration commune publiée à la fin de cette journée.
Dans cette déclaration, ils ont rappelé aux chefs religieux et aux leaders sociaux, « le rôle historique qu’ils ont toujours joué au fil des siècles ».
« En temps de crise et de détresse, ils ont toujours été un refuge pour les populations », note le document.
Ils ont également fait appel au sens des responsabilités des citoyens sénégalais, de la jeunesse, des politiciens de « tous bords » et propriétaires de médias nationaux et internationaux, avant d’interpeller le chef de l’État, Macky Sall, concernant la prochaine présidentielle.
« Nous l’exhortons à restaurer un climat de paix et de stabilité indispensable pour assurer un développement durable et à créer les conditions qui permettront l’organisation d’élections paisibles en 2024 », ont-t-ils lancé.
Samedi soir, un concert de casseroles a retenti dans la capitale Dakar et dans plusieurs localités à l'appel de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2024, qui entendait par cette manifestation protester contre l'interdiction de son meeting d'investiture. La manifestation a été interdite par le gouverneur de Dakar pour "risques de troubles à l'ordre public".
Sonko avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de moeurs, un verdict qui le rend inéligible en l'état, selon ses avocats et des juristes.
Il a également été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis lors d'un procès en appel pour diffamation contre un ministre, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle. Mais il n'a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
Le président Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, a déclaré le 3 juillet n'être pas candidat à la présidentielle prévue le 25 février 2024.