Conflit du Sahara, le disque rayé d’Alger – Par Hatim Betioui

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Abdelmadjid Tebboune avec un proxy, porté à bout de bras depuis cinquante ans et qui a couté et coute encore des milliards de dollars aux Algériens 

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Parmi les singularités et les merveilles du lexique politique algérien, chaque fois qu'il s'agit du Maroc et de ses droits sur son Sahara, la majorité des responsables algériens ne cessent de répéter un disque rayé selon lequel l'Algérie n'est pas partie au conflit du Sahara. Elle n'a en conséquence aucune ambition expansionniste, et le seul objectif dont elle se vante est de permettre au "peuple sahraoui" d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance, insistant sur « son devoir » de continuer à le soutenir comme elle l'a fait avec les autres peuples qui étaient sous colonisation à travers le monde.

Cette litanie, répétée à satiété, date de la récupération en 1975 par le Maroc de son Sahara de la colonisation espagnole, a été récemment réitéré par le délégué de l'Algérie auprès des Nations Unies à New York, l'ambassadeur Amar Benjamaa, lors d'une réunion du Comité des 24 des Nations Unies.

L'ambassadeur Benjamaa a parlé comme si ceux qui l'écoutaient étaient tombés de la dernière pluie, ne comprenaient rien à la géostratégie et ignoraient tout de l'histoire de la région.

L'Algérie oublie son implication directe dans la guerre du Sahara et passe en pertes et profits les batailles d'Amgala I et II (1976) ainsi que la médiation égyptienne pour la libération des soldats algériens prisonniers (106 soldats).

La construction démocratique en dépit de la guerre

Il est évident pour tous que le premier et dernier point, pour ne pas dire l’unique, à l'ordre du jour de la diplomatie algérienne est la question du Sahara, imposant ainsi au Maroc un état d’alerte permanent. L'Algérie a dilapidé à cette fin des milliards de dollars pour contrecarrer le Maroc dans l'unité de son territoire, une confrontation qui a fait perdre à la région maghrébine et à ses peuples plus de quatre décennies de développement.

Depuis 1975, le Maroc mène une guerre sur le terrain et dans les organisations internationales pour préserver son Sahara. Il serait dès lors naturel que cette situation le contraigne à déclarer l'état de guerre, à imposer l'état d'urgence quand c’est nécessaire, à retarder le processus démocratique et à restreindre les libertés quand les conjonctures le dictent jusqu'à ce qu'il sorte de cet état de guerre imposé par un pays frère et voisin.

Pour autant, les batailles pour préserver l'unité territoriale du Maroc ne l'ont pas empêché de mener la bataille de la démocratie et des libertés publiques. Après la marche verte pacifique par laquelle il a récupéré son Sahara, le défunt roi Hassan II a lancé le "processus démocratique" et a entamé l'ère de ce qu'on appelle le "nouveau Maroc", un processus couronné en 1998 par l'alternance consensuelle qui a conduit le défunt roi à nommer l'opposant de longue date, Abderrahmane Youssoufi, à la tête du gouvernement, sortant enfin l'Union Socialiste des Forces Populaires d’une longue et continue période de 37 ans d'opposition. 

La situation a ensuite évolué pour qu’à leur tour les islamistes entrent dans l'arène du pouvoir et y restent dix ans avant de la quitter par la décision souveraine des urnes.

Ainsi, l'État marocain n'a pas fait des islamistes des victimes, ni ne leur a permis de puiser leur force et leurs élans dans la victimisation. Il a montré une grande tolérance, force et confiance en soi, laissant les processus électoraux suivre leur cours. Il n'a interdit aucun parti, n'a arrêté aucun dirigeant, car il croit profondément que la décision finale doit revenir aux urnes, et que le Royaume est suffisamment outillé en institutions à même de remettre sur les rails la gestion des affaires publiques si par une quelconque inadvertance elle déraille.

Le Makhzen cette chance qui manque à l’Algérie

Autre singularité du lexique politique algérien, on la retrouve dans sa presse. Aucun moyen d’ouvrir ou de suivre un média sans tomber sur une ou deux nouvelles, voire plus, toutes truffées insultes obsessionnelles envers le Maroc et son régime monarchique, promouvant et applaudissant le séparatisme.

Les journaux algériens insistent à appeler le régime monarchique marocain "le régime du Makhzen", croyant que c'est une appellation péjorative, alors que le Makhzen signifie "l'institution gouvernante" ou "The establishment". L'Algérie aurait été bénie si elle avait eu la chance d’avoir un "Makhzen" pour lui assurer des institutions gouvernantes stables.

Deux émissaires marocains qui ont visité l'Algérie il y a quelques années racontent que lors d'une rencontre avec un haut responsable algérien, ce dernier, dans un moment de lucidité, leur a dit, en comparant les systèmes de gouvernement marocain et algérien, que le Maroc était chanceux d'avoir un "Makhzen", en d’autres termes une "institution gouvernante forte". Il ajouta avec un certain désespoir : "Chez nous, le plus grand responsable nettoie les chaussures du plus petit militaire".

Le "Makhzen" est l'institution qui a permis au Maroc de s'engager dans l'option démocratique malgré la guerre injuste, militaire et diplomatique, que l'Algérie n'a cessé de lui mener.

Le "Makhzen" est également l'institution qui table sur l'homme marocain, sensible à la pauvreté et à la précarité là où elles existent et les combat de toutes ses forces malgré le manque de moyens matériels. Il suffit de voir, par exemple, la flotte de voitures neuves qui parcourent les routes et les rues des villes marocaines pour constater que l’effort de hisser le. Pus de Marocains vers la classe moyenne a été probant, malgré un régression u-induite par la pandémie, la sécheresse et ensuite la crise mondiale relancée par la guerre d’Ukraine.

Le "Makhzen" est aussi le protecteur et le défenseur fidèle de l'unité du territoire du pays. Une déclaration du défunt roi Hassan II, qui a une valeur testamentaire, 15 mars 1980, en pleine guerre du Sahara, met en garde l’ensemble des Marocains : a adressé au peuple marocain : "Ma recommandation et mon legs, mon conseil à vous tous, à ceux qui sont plus âgés que moi et à ceux qui sont plus jeunes que moi, n'oubliez pas le Sahara, et prenez garde de l'oublier, car celui qui a lu l'histoire du Maroc sait que tout le bien vient du Sahara, et que tout le mal vient du Sahara."

L'Algérie sait bien que le Maroc a résolu la question du Sahara, sachant qu'il est présent sur son territoire et rallie à sa cause de nouveaux soutiens dans des percées diplomatiques majeures. Elle sait aussi que le testament de Hassan II à son sujet est présent dans l'esprit et le cœur de chaque Marocain et Marocaine.

D’après Annahar al-arabi, traduit de l’arabe et adapté par Quid.ma

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